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Revue de presse

Six mois depuis la déclaration du premier cas Covid-19 en Algérie : Une maladie en dents de scie toujours inquiétante

El Watan | Algérie | 29/08/2020

Il y a six mois, le premier cas algérien de Covid-19 a été enregistré en Algérie, soit le 29 février dernier. Deux cas suspects d’une même famille se présentent à l’hôpital de Boufarik, dans la wilaya de Blida, épicentre de la pandémie. Ils sont déclarés positifs.
Depuis le début de l’épidémie, le total des cas confirmés s’élève à 43 016, celui des décès à 1475, alors que le nombre des patients guéris est passé à 30 157. Le nombre de cas hospitalisés est inconnu puisqu’il n’est pas indiqué dans les statistiques du ministère de la Santé, qui comptabilise seulement le nombre de cas hospitalisés en soins intensifs, qui serait actuellement de 28 patients.

La riposte a été vite mise en place par le ministère de la Santé pour empêcher une propagation massive du virus, en renforçant son plan national de préparation, d’alerte et riposte face à une situation d’urgence de portée internationale, mis en place en janvier 2020. L’épidémie a connu plusieurs phases depuis février, avec un profil différent des autres régions du monde qui ont connu des scénarios catastrophiques.

Après une évolution rapide du nombre de cas durant le mois de mars, pour atteindre le pic à la mi-avril, l’épidémie a connu une forme de plateau avec la pénurie de kits de prélèvement, aidée par les mesures de confinement décidées par le gouvernement jusqu’au mois de mai, où l’on espérait la fin de cette pandémie mondiale. Un espoir qui s’est effiloché après un fort rebond, voire une explosion du nombre de cas en juin et juillet, pour atteindre 600 nouveaux cas en 24 heures et un nombre de décès jugé « stable » après bien sûr l’Aïd El Fitr, la levée du confinement dans certaines wilayas et la reprise des activités dans certains secteurs.

« Ce rebond est intervenu quatre mois après l’épidémie où nous avons travaillé sans relâche. Les équipes étaient déjà épuisées et de nombreux médecins, paramédicaux et autres personnels ont été contaminés. Le nombre de cas de Covid a doublé à ce moment-là. Tout l’hôpital de Boufarik est devenu Covid vu le nombre de cas suspects qui arrivait tous les jours. Au début, nous avons dégagé 39 lits, que nous avons doublé par la suite pour atteindre 75 lits pour les cas suspects », signale le Dr Mohamed Yousfi, chef de service des maladies infectieuses à l’EPH de Boufarik, où les premiers cas de Covid-19 en Algérie ont été diagnostiqués. Selon lui, l’hôpital a été en surcharge pendant des semaines, les équipes médicales et paramédicales avaient des effectifs très réduits.

Même topo dans les autres wilayas du pays touchées par l’épidémie, à l’instar de Sétif, Constantine et Oran. Des clusters ont été signalés ici et là avec une réduction significative des moyens de prise en charge, tels que les kits PCR, l’oxygène et les lits d’hospitalisation. La stratégie mise en place pour le suivi des enquêtes épidémiologiques censées traquées tous les cas contacts semble avoir échoué, puisque à ce jour aucune information n’a été communiquée par le ministère de la Santé.
Ainsi, le virus Sars-CoV-2 a progressé en juin et juillet à un rythme accéléré. Une tendance qui a connu en début août une décrue. « Nous avons effectivement enregistré une baisse du nombre de cas aux urgences. Il y a moins de tension sur les services, mais nous continuons à enregistrer des cas sévères à graves. Le taux d’occupation des lits varie entre 15 à 25%. Chose que nous n’avons pas vue depuis deux mois », signale-t-il.

Est-ce dû au manque de test de diagnostic RT/PCR ? Le Dr Yousfi réfute l’hypothèse et signale : « Nous sommes les rares services à utiliser la PCR pour le diagnostic, l’hospitalisation, la mise sous traitement et le contrôle, en dehors de quelques perturbations rencontrées lors des grands flux où nous avons été submergés, depuis le début de l’épidémie à ce jour. Je tiens à saluer l’IPA pour tous les efforts consentis pour assurer les examens de diagnostic. Les résultats des prélèvements sont envoyés le jour-même ou le lendemain. Actuellement il y a moins de pression moins de pression sur les tests.

Il déplore tout de même le manque de respect des directives nationales en matière de diagnostic et de prise en charge de cette maladie : « Il s’agit d’un problème sérieux d’organisation au sein de structures. Tous les cas suspects et avérés positifs doivent être déclarés. On ne peut pas ignorer un cas positif, bien que les formes bénignes soient généralement suivies à distance. »

Le Dr Yousfi rappelle que depuis le début de l‘épidémie, 9000 prélèvements ont été effectués à l’EPH de Boufarik, 2800 ont été dépistés et 1500 patients ont été traités depuis le 23 mars, date de mise en place du protocole thérapeutique constitué de l’hydroxychloroquine et de l’azithromycine. « Nous n’avons enregistré aucun décès sous ce traitement, tous les patients ont bien évolué et nous avons enregistré très peu d’effets secondaires, soit près de 1% », a-t-il ajouté. « Nous redoutons une prochaine étape, à savoir le post-confinement, notamment avec la fréquentation des plages, des restaurants, des mosquées et le relâchement vis-à-vis de toutes les barrières », poursuit le Dr Yousfi, tout en plaidant pour un renforcement des équipes médicales et paramédicales pour faire face à une éventuelle explosion du nombre de cas.

« Malgré cette accalmie, les équipes ont continué à travailler au même rythme, d’autant qu’un grand nombre de médecins et d’infirmiers ont été contaminés. Au niveau de l’EPH de Boufarik, 11 médecins, 27 paramédicaux et 6 agents de service ont été contaminés, et nous déplorons un décès. Le problème chez nous c’est que le personnel médical et paramédical est très limité, malgré sa détermination à continuer à faire face à l’afflux de malades », a-t-il souligné, tout en exprimant son inquiétude pour la rentrée sociale qui pourrait engendrer une nouvelle flambée des cas. La baisse des taux d’hospitalisation ne veut pas dire que c’est la fin de l’épidémie, selon le Pr Abderezak Bouamara, chef de service d’épidémiologie au CHU de Blida. « Le virus est toujours actif. Cela nécessite le respect des mesures barrières surtout avec la levée des restrictions sur les déplacements, les plages et les espaces publics.

Au moindre relâchement, le virus reprendra son activité et l’épidémie reprendre de plus belle », a-t-il mis en garde, surtout que l’épidémie de grippe saisonnière va bientôt pointer dans l’hémisphère nord. « Nous insistons sur le renforcement du système de surveillance des hospitalisations en réanimation, qui constitue un indicateur important pour le suivi de l’épidémie, car il s’agit de patients avec des formes sévères, voire graves », a-t-il ajouté.

Et de rappeler : « Nous sommes appelés à nous adapter et à vivre avec ce virus.»
En attendant la période d’incubation préconisée par les spécialistes après l’ouverture des plages, des mosquées et autres espaces, l’inquiétude s’installe quant à une deuxième vague, à l’instar des autres pays qui enregistrent de plus en plus de cas.

L’OMS rappelle dans un communiqué qu’avec l’assouplissement des restrictions de mouvement, le virus risque de se propager encore plus loin dans les régions reculées du continent.

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