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Revue de presse

Pr Noureddine Zidouni, Chef de service pneumologie au CHU Beni Messous, à Alger : « Une deuxième vague n’est que le reflet d’un relâchement des mesures barrières »

El Watan | Algérie | 16/06/2020

départ. »

C’est la déclaration du professeur Noureddine Zidouni, chef du service pneumologie du CHU Beni Messous, à Alger, expert international des maladies respiratoires et membre de la cellule d’enquête et de suivi épidémiologiques, créée récemment. Pour le professeur, «il est possible de ne pas confiner la population si celle-ci avait un degré de maturité et de discipline.

Cela n’est pas le cas pour tous. Faire payer des amendes à des automobilistes pour non-respect du port du masque dans leur voiture alors que dans la rue, les gens circulent sans aucune protection sans être inquiétés est vraiment aberrant. Il faut un matraquage médiatique confié à des personnalités de la société civile pour inciter la population à respecter le port du masque ».

Il explique le lien avéré entre les regroupements et la hausse du nombre de cas contaminés en disant : « Indépendamment de la revendication populaire à laquelle j’adhère totalement, il faut reconnaître que la marche, du 13 mars dernier a été une initiative pas du tout bienfaitrice, puisque deux semaines après, la courbe de contamination était ascendante. Elle a connu une tendance à la baisse avant qu’elle ne devienne linéaire.
Puis, il y a eu le Ramadhan, le non-respect des mesures barrières dans les marchés durant la journée et dans les quartiers durant la nuit, puis la fête de l’Aïd, qui a vu le déplacement des familles à pied pour des visites familiales, qui ont eu pour conséquence une remontée de la courbe. A notre niveau, le service est saturé avec 117 malades Covid-19.
» Le professeur précise néanmoins « qu’un autre pic ne peut être représentatif de l’exhaustivité de la morbidité du nombre de malades, étant donné qu’il est étroitement lié au nombre de tests ».

D’après lui, « plus on dépiste, plus on en trouve ». L’expert exprime sa crainte à l’approche de la fête de l’Aïd El Kébir, prévue dans moins de deux mois : « Ce qui me fait peur, c’est cette fête qui arrive et où les gens vont se regrouper pour le sacrifice, où les marchés aux bestiaux vont se multiplier et de manière anarchique dans les rues de toutes les villes. Il y a des risques avérés. Si cela arrive, il faut être préparé. De telles situations sont imprévisibles. »

Selon lui, il ne s’agira pas de deuxième ou troisième vague parce que, souligne-t-il, celle-ci « n’est que le reflet d’une première vague non éteinte et du relâchement des mesures barrières thérapeutiques ».

Le professeur Zidouni affirme, par ailleurs, que les activités de son service étaient presqu’à l’arrêt durant près de quatre mois, mais qu’elles commencent à reprendre de manière organisée. « Nous ne faisions que renouveler les ordonnances et lorsqu’un malade a des complications, il est gardé une journée. Ces malades ont des poumons en très mauvais état. Leur rajouter un risque supplémentaire qui peut leur être fatal est contraire à l’éthique.
Nous avons pris des précautions importantes pour les malades qui nécessitent une radiothérapie et les asthmatiques dont le traitement ne peut être suspendu est interdit dans les séances de nébulisation qui peuvent provoquer une dissémination du virus. Imaginez si l’un de ces malades arrive avec le virus et qu’il contamine d’autres patients. Nous avons demandé que les malades bénéficient d’un test rapide avant qu’ils ne soient admis dans une chaîne de continuité de soins hors Covid
».

Concernant la cellule d’enquêtes épidémiologiques dont il fait partie, le professeur Zidouni estime qu’elle répond à « la nécessité d’accorder la priorité à la situation épidémiologique réelle. Le comité scientifique a fait un travail extraordinaire et le terrain nous le révèle puisque nous ne sommes pas dans un scénario à l’italienne, espagnole, française ou américaine. Il fallait juste avoir une structure complémentaire qui ne fait que les enquêtes et de façon rigoureuse.
Cette cellule, dont je fais partie, est là pour briser la chaîne de transmission sur le terrain. Il faut des enquêtes dans les domiciles, séparer les malades symptomatiques de ceux asymptomatiques durant la période d’incubation. Tout cela exige une équipe complémentaire, des moyens supplémentaires et une possibilité d’impliquer tous les collègues épidémiologistes sur le terrain.
C’est une sorte de task force du comité scientifique de veille, qui va aller vers une plateforme numérique, une sorte d’application pour localiser les foyers et les suivre. C’est un moyen de lutte contre toutes les épidémies. Les maladies transmissibles, on va vivre avec.
»

Salima Tlemcani

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