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Revue de presse

Pr Hamdi Cherif Mokhtar. Professeur en épidémiologie et médecine préventive, CHU Sétif : « Sétif est en train de payer cash l’indiscipline et le manque flagrant du respect des règles de confinement »

El Watan | Algérie | 08/06/2020

Expert international en épidémiologie du cancer, membre de l’Union internationale de lutte contre le cancer et de l’Alliance des ligues méditerranéenne et africaine de lutte contre le cancer, président de l’Observatoire du tabac en Afrique francophone, membre du comité national pilote du Plan cancer, membre du Comité exécutif des études internationales de survie du cancer (Concord), fondateur du premier Registre du cancer en Algérie, ancien chef de service d’épidémiologie au centre hospitalo-universitaire, le professeur Hamdi Cherif Mokhtar, très impliqué dans la lutte contre la Covid-19, revient dans cet entretien sur la complexité de la situation à Sétif et sur les problèmes inhérents au dépistage. Il met le doigt sur la responsabilité des citoyens. Il parle de l’enquête épidémiologique préconisée par l’Institut nationale de santé publique.

Les indicateurs épidémiologiques portent à croire que la situation se complique à Sétif, où la courbe des cas positifs est en perpétuelle augmentation ?

Depuis le début de la pandémie Covid-19, dans le cadre de ses missions de surveillance et d’alerte épidémiologique, le service d’épidémiologie et de médecine préventive du CHU de Sétif a mis en place des outils de collecte et d’analyse des données fiables pour un suivi au quotidien des cas de Covid-19 dans la wilaya de Sétif.

Les données épidémiologiques validées sont publiées dans un bulletin épidémiologique à large diffusion.

L’analyse des informations recueillies des différents bulletins épidémiologiques montre que la tendance de la courbe générale des cas cumulés est en augmentation exponentielle comme pour la majorité des autres wilayas ; par contre, une courbe en dents de scie pour les tendances temporelles pendant le mois de Ramadhan et notamment pendant cette dernière période qui a suivi la fête de l’Aïd où on assiste à une véritable recrudescence inquiétante des cas de Covid-19 et de mortalité quotidienne, au moins un cas de décès par jour est enregistré dans la wilaya de Sétif.

Les capacités d’accueil au cours de ces dernières semaines étaient dépassées, des sujets et contacts n’ont pu être isolés et donc auraient facilité la circulation du virus.

Il est aussi probable que la récente instruction ministérielle pour le dépistage actif des cas contacts a eu un effet sur le diagnostic par une détection de plus de cas de Covid-19. Il est à noter que l’analyse des données de la wilaya montre deux observations.

La première sur une morbidité et une mortalité Covid-19 excessive chez des sujets de la même famille due à une hyper contagion de promiscuité. La deuxième sur la morbidité Covid-19 assez élevée chez les professionnels de santé, notamment dans les services non Covid-19.

Quelles sont les principales causes de la propagation de la pandémie à Sétif alors qu’elle recule dans d’autres régions du pays ?

Les principales causes de propagation et de contagion sont connues, elles sont liées notamment à l’insuffisance, voire l’absence d’adhésion au confinement de certains groupes de populations d’une région à une autre.

Dans ce type de crise sanitaire, en l’absence d’adhésion, le confinement organisé, structuré et encadré est recommandé.

L’indiscipline d’une grande partie de la population faisant fi des mesures de précaution et de distanciation est l’autre source de la complexité de la situation à Sétif, n’est-ce pas ?

Les images d’une multitude de regroupements à haut risque de contagion postés dans les réseaux sociaux ont choqué et inquiété non seulement la population, mais surtout les professionnels de la santé, les autorités et la société civile.
La wilaya de Sétif est en train de payer cash cette indiscipline et ce manque flagrant du respect des règles de confinement.

Ne pensez-vous pas que les alertes lancées par les épidémiologistes de la wilaya n’ont pas été entendues et suivies ?

Le seul traitement qui existe aujourd’hui pour arrêter la propagation de ce virus est la prévention, d’où le rôle très important des épidémiologistes qui dès le début de la pandémie n’ont cessé de lancer des alertes en utilisant tous les outils de communication qui malheureusement se sont heurtés à des résistances de beaucoup de groupes de populations avec des comportements négatifs.

Les problèmes de dépistage, de relâchement et de la tâtonnante communication des données et informations ont mis leur grain de sel, non ?

La région des Hauts-Plateaux sétifiens, deuxième wilaya du pays en nombre d’habitants, n’a pas eu la chance comme d’autres wilayas d’avoir un centre de dépistage de la Covid-9 dès le début de l’épidémie et en fonctionnement continu.
Ce dysfonctionnement structurel et opérationnel s’est répercuté sur l’information, la communication et la prise en charge précoce.

Que pensez-vous du lancement d’une importante enquête épidémiologique qui devrait toucher les wilayas où le taux d’infection est élevé ?

Il est temps de tirer tous les enseignements et d’aller sur le terrain pour des études critiques des différentes situations épidémiologiques en vue de mettre en place des stratégies locales, spécifiques et adaptées pour chaque wilaya ou région.
Il serait aussi intéressant de réfléchir sur une standardisation des informations pour pouvoir comparer les données de chaque wilaya.

Quelle est la finalité et l’objectif de telles investigations ?

Les connaissances des différentes situations épidémiologiques des wilayas à haute incidence et de tendance recrudescente pourraient aider dans la feuille de route du plan de déconfinement du comité scientifique national.

Mis à rude épreuve, le système national de santé ne doit-il pas faire de l’épidémiologie et de la prévention le socle de sa nouvelle feuille de route ?

La médecine préventive et épidémiologique n’est pas seulement la science des épidémies, mais une science médicale et sociétale, de veille, d’avant-garde et d’intervention dans tous les problèmes de santé.

La réforme de la santé devrait se pencher sur une restructuration opérationnelle de véritables services de médecine préventive et épidémiologique en tirant les leçons de cette pandémie.

Dès le premier cas enregistré en Algérie, les épidémiologistes et les experts ont alerté les autorités pour anticiper avec intelligence et mettre en œuvre le seul traitement préventif qui a fait ses preuves dans les autres pays, à savoir le confinement organisé et encadré.
Notre pays a vite anticipé dès le stade 1 de l’épidémie sans attendre le stade 3 de la classification OMS.

Contrairement aux pays fortement touchés, notamment la Chine, l’Italie, l’Espagne et la France, pris de court par la vitesse de propagation de la Covid-19 avec des passages rapides du stade 1 au stade 3, objectivés par leurs courbes de tendances exponentielles gravissimes d’incidence et de mortalité. Ce qui a conduit à cette prolifération pandémique de ce virus et tout le désastre épidémique.

Preuve que la courbe de l’augmentation exponentielle de la morbidité et de la mortalité algérienne est nettement réduite comparée à ces pays.
Par ailleurs, les données observées de la Covid-19 à ce jour sont très en dessous des statistiques prévues par les modélisations mathématiques.

Le challenge pour sortir de ce tunnel est la mise en œuvre d’un plan de déconfinement qui doit d’abord tenir compte des points faibles des confinements antérieurs et les spécificités locales et régionales, avec l’espoir que notre écosystème diminuera la virulence et la contagion du virus.

Quel serait l’impact de la Covid-19 sur les malades fragiles atteints de cancer en Algérie ?

Depuis le début de la pandémie, si la majorité des formes de Covid-19 sont bénignes, les malades atteints de cancer immunodéprimés font partie des populations fragiles à risque de développer des complications. Une première étude chinoise a ainsi montré que les patients atteints de cancer ont une plus grande incidence de la Covid-19.

Les sociétés savantes algériennes en cancérologie ont pris des décisions pour une prise en charge efficace par l’adoption de protocoles thérapeutiques, tout en protégeant les patients atteints de cancer de la contagiosité.

Par ailleurs, l’épidémie en Algérie comme dans plusieurs pays aura un impact sur l’incidence de la morbidité et la mortalité par cancer à cause des difficultés liées aux soucis des patients et à l’accessibilité aux cures thérapeutiques, notamment la radiothérapie.

Certaines patientes ne disposant pas de service de radiothérapie dans leurs wilayas ont abandonné leurs cures à cause de l’éloignement. Les données des registres du cancer nous apporteront des précisions sur l’incidence et la mortalité liée à l’épidémie.

En tant que président de l’association Ennour d’aide aux malades atteints de cancer et fondateur de la Maison d’accueil des patients Dar Essabr de Sétif, quelle a été la prise en charge des patients et parents qui viennent des wilayas lointaines pour leurs longues cures de radiothérapie ?

Dans la Maison d’accueil Dar Essabr, au début de la pandémie nous avions un regroupement de 130 patients à haut risque de contamination de Covid-19. On a procédé à un premier confinement, avec comme condition le respect strict de toutes les règles pour protéger nos patients.

On a divisé ce regroupement en confinant les malades de la manière suivante : 30 cas graves sont confinés à Dar Essabr, qui sont suivis, sans aucun contact avec l’extérieur. Ils sont programmés pour leur radiothérapie dans la soirée.
Et 30 cas sans gravité sont confinés au niveau d’un hôtel avec une prise en charge totale Les autres patients qui n’habitent pas très loin rentrent chez eux. Après le premier confinement des patients, tous ces malades ont terminé leur cure de radiothérapie et sont rentrés chez eux en bonne santé.

Actuellement, on est au deuxième confinement en donnant la chance aux malades venant des wilayas éloignées à 25 patients d’être accueillis dans des chambres individuelles, mais avec le respect strict de toutes les règles du confinement.

Notre responsabilité en premier lieu est de donner plus de chances pour la continuité des traitements de ces patients vulnérables à cette épidémie, avec toute la rigueur des mesures de protection.

Kamel Beniaïche

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