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Revue de presse

Pr Djamel Zoughailech. Epidémiologiste au CHU Constantine : « La priorité est de renforcer la surveillance épidémiologique »

El Watan | Algérie | 02/06/2020

Trois mois après la découverte chez nous du premier cas de Covid-19, quelle est la situation actuelle en Algérie ?

La situation en Algérie est sérieuse, le virus circule et tout le territoire national est atteint ; l’événement a été limité dans son ampleur par le confinement. Depuis le 25 février, début de l’épidémie Covid-19, et jusqu’à cette semaine, on a constaté une augmentation continue du nombre des cas confirmés.

En termes de morbidité, le taux d’accroissement ayant atteint 24,3%, avec en moyenne 157 nouveaux cas par jour, est préoccupant.

Cette estimation de la mortalité spécifique à la Covid-19 s’appuie surtout sur le nombre des patients décédés lors d’une hospitalisation. Et là, je ne me situe pas dans le cas européen, mais maghrébin, où pratiquement le contexte et les mesures prises sont identiques.

On remarque aussi que l’épidémie se déplace vers la région est, avec 20,7% de l’ensemble des cas confirmés. Son taux d’incidence a presque triplé entre le 21 avril et ce jour (source MSPRH/ INSP).

Une autre particularité : la tranche d’âge, les personnes âgées entre 25 et 60 ans représentent 57% du total des cas confirmés hospitalisés.

Cela pourrait être lié aux caractéristiques des lieux, dans des centres urbains surpeuplés ; le sars-cov-2 semble s’épanouir là où il est susceptible de se transmettre rapidement sur de courtes distances et au fait de la mobilité et aux comportements à risque de cette population.

Quelle est votre appréciation du dispositif choisi par l’Algérie pour faire face à la pandémie de Covid-19 ?

La virulence du SARS-CoV-2, sa rapidité de réplication et sa forte transmissibilité y compris et surtout par des personnes asymptomatiques font qu’en l’absence de vaccin, le confinement était une mesure sûre qui a fait ses preuves dans les pays qui l’ont appliquée (particulièrement la Chine).

C’est aussi ce qui a été observé chez nous, le confinement a ralenti la transmission du SARS-CoV-2 mais ne l’a pas interrompue.

Il a permis aux équipes hospitalières de ne pas être débordées et de sauver de nombreuses vies, sûrement au prix d’un coût économique et social assez appréciable. Dans une certaine mesure, il a contribué aussi à faire prendre conscience du danger.

Par ailleurs, il a permis au pays de se préparer pour contrôler sa progression, d’améliorer ses capacités de dépistage (indispensable à toutes les phases de lutte) et d’instituer des protocoles de traitement dans les hôpitaux qui semblent agir sur la sévérité de la maladie.

Le manque de discipline de la population est désigné aussi comme maillon faible ; doit-on craindre le déconfinement ?

Il faut signaler que les changements de comportement qui sont contraignants mettent du temps à être acceptés et qu’il faut une stratégie d’information, d’éducation et de communication (IEC) assez bien ciblée et la disponibilité et l’accessibilité aux moyens de protection.

Il faut comprendre que l’information que nous recevions, faute de recul ou de certitudes sur la Covid-19, nécessite un temps d’adaptation pour ajuster nos comportements.

Cependant, le confinement empêche l’immunité de s’installer largement. En l’absence de vaccination de la population, le risque est donc que le virus se remette à circuler activement lorsque les mesures seront levées, et c’est ce qui a été observé dans l’ensemble des pays qui ont adopté cette stratégie avec une plus ou moins maîtrise de sa propagation.

Mais partout, cette levée du confinement a été graduelle sur la base d’indicateurs de transmissibilité qu’on qualifie R0, qui permet de mesurer la vitesse de propagation du coronavirus. Moins de 1, le virus est contrôlé, plus de 1, le virus est de plus en plus menaçant.

En clair, un taux de reproduction du virus qui mesure le nombre moyen de personnes qu’un malade contamine autour de lui.

Le déconfinement est toujours accompagné par la consolidation de la surveillance épidémiologique par le tracing des contacts, et surtout un dépistage ciblé actif à grande échelle de tous les suspects et contacts de patients Covid-19 ; le renforcement des mesures de distanciation sociale, le port obligatoire de masque et, dans certains cas, par un reconfinement.

Quelles sont les actions qui vous semblent prioritaires pour combler les insuffisances ?

Nous avons constaté que dès qu’il y a relâchement, le nombre de cas augmente. La problématique a changé ; le danger vient maintenant des personnes contacts des cas confirmés ou à l’origine de leur infection et qui sont souvent asymptomatiques.

Ce sont les propagateurs de virus les plus dangereux. Pour ces cas contacts, le dépistage reste insuffisant.

C’est pour cette raison qu’il faut, aujourd’hui, attacher une importance première au nombre de nouveaux cas confirmés par jour et à la recherche et au dépistage de leurs cas contacts, indicateurs essentiels de l’évolution de l’épidémie.

Justement, la démarche des autorités repose sur le seul système des déclarations des cas dépistés, hospitalisés guéris ou décédés ; n’est-ce pas trompeur sur la situation réelle de la pandémie ?

Cette méthode ne peut, en effet, pas rendre compte de la réalité épidémiologique présente ni des tendances futures avec une rapidité et une précision satisfaisantes.

Encore moins à l’échelle locale où ces données sont très cloisonnées. D’où la priorité de renforcer la surveillance épidémiologique et restructurer le système d’information.

Dans le cas du Sars-cov-2 l’action de recherche des contacts, leur dépistage et leur isolement et/ou éventuel traitement sont l’une des principales interventions pour briser la chaîne de contamination.

Cette tâche relève essentiellement de l’activité des Semep (Services d’épidémiologie et de médecine préventive, ndlr), comme précisé dans le plan national de préparation et de riposte à la menace de l’infection Covid-19, et rappelé par la dernière instruction ministérielle du 14 mai, relative au renforcement des Semep et leurs actions dans ce sens, cependant les Semep des établissements de santé de proximité ont-ils les moyens suffisants ?

Ce tracing contact, qui ne se limite pas à dresser la liste des contacts, ce qui n’est pas aisé, sert aussi à l’identification de toutes les personnes ayant pu avoir un contact proche avec le sujet déclaré positif et doit s’accompagner de mesures de prise en charge et de protection de ces contacts et leur entourage (tester, isoler, traiter).

Si l’isolement n’est pas possible à domicile, des lieux dédiés et encadrés médicalement à cette intervention auraient dû et/ou doivent être prévus (hôtels, centres d’accueil, etc.) avant l’hospitalisation. Les lieux et/ou événements, passage du sujet positif doivent aussi faire l’objet d’enquêtes et être intégrés aux activités du tracing.

Cette recherche de cas se fait généralement par téléphone et par des équipes mobiles, qui se déplacent dans le quartier, aux domiciles ou autres pour compléter, si besoin, ce recensement et la prise en charge des contacts du cas Covid-19 au-delà de la cellule familiale ; l’action de contrôle des mesures d’isolement et de suivi n’est pas toujours assurée.

Y a-t-il d’autres priorités que vous pensez être indispensables pour améliorer le système mis en place contre la pandémie ?

Oui. Je pense que la fluidité des données et de l’information entre les différents services chargés de cette activité est indispensable à sa réactivité, ce qui n’est pas le cas. Pour être exhaustif, ce système sera probablement complété par des enquêtes épidémiologiques.

Enfin, je ne comprends pas pourquoi les médecins généralistes, installés en cabinet ou dans les structures publiques ne sont pas intégrés. Les généralistes représentent le premier maillon de la chaîne de « traçage » des personnes malades et de celles ayant été en contact avec ces dernières mise en place pour empêcher la propagation du virus.

Nous avons vu ailleurs que la communication est déterminante dans la réussite ou pas de l’action collective contre la pandémie ; qu’en est-il chez nous ?

Actuellement, nous observons des comportements contradictoires de la population. D’une part, des citoyens qui sont encore nombreux à avoir des comportements irresponsables, déambulent en groupes, s’amassent dans les quartiers, devant les commerces et dans les marchés.

D’autre part, des citoyens soucieux d’appliquer certaines mesures barrières, particulièrement le port du masque.

Dans les deux cas, les actions entreprises en matière d’information, de communication et d’éducation, et particulièrement la promotion des mesures barrières, restent ponctuelles (public non ciblé et informations standards) sans aucune approche pédagogique.

Les spécialistes des neurosciences expliquent que « la qualité des informations reçues explique nos comportements face à l’épidémie ».

Il faudra de ce fait étudier l’information, la contrôler, l’adapter et la rendre accessible par tous les moyens possibles, en particulier les réseaux sociaux, radios, télévisions, journaux, affiches publicitaires et autres.

Les spécialistes (sociologues, anthropologues, psychologues, techniciens de la communication) devraient participer à définir cela, or très peu de chercheurs dans ce domaine sont impliqués (le plus souvent rattachés aux laboratoires universitaires qui sont à l’arrêt !).

Cette communication doit porter sur ce que l’on sait de la Covid-19, ce qui est inconnu et ce qui est fait ; d’annoncer tout changement dans la stratégie de réponse et de la nature de toute intervention. Les messages doivent être clairs, compréhensibles, crédibles et culturellement appropriés.

Ne dit-on pas que la transparence génère des sentiments de confiance et de solidarité et renforce au sein de la société la croyance dans les interventions entreprises par les autorités.

La communication est un élément stratégique indispensable pour susciter l’adhésion de la population et particulièrement celle de certaines zones urbaines densément peuplées, propices à la propagation rapide du virus. Le cas de la ville Ali Mendjeli à Constantine en est un bon exemple.

Pour terminer, que pensez-vous de la mesure de rendre le port du masque obligatoire ?

C’est une décision importante à respecter et faire respecter. Mais comme pour les autres produits (gels hydroalcooliques et autres désinfectants), l’Etat doit garantir leur disponibilité et leur qualité et veiller à leur bonne utilisation.

Cela m’amène à conclure sur un autre critère contribuant à la maîtrise de l’épidémie, celui de la disponibilité et l’accessibilité aux différents tests de dépistage et de suivi de tous les cas et leurs contacts.

Le soutien effectif par un réseau de laboratoires publics et/ou privés reste la garantie pour l’efficacité et la rapidité des interventions visant à casser la chaîne de transmission.

La coordination et la gestion de cette crise à l’échelle locale doivent permettre l’implication de tous les intervenants publics et privés dans la lutte contre la Covid-19.

Nouri Nesrouche

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