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Revue de presse

Le professeur Madjd Tabti, chef de service pédopsychiatrie à l’EHS de Chéraga : « Prévenir la détresse psychologique »

El Moudjahid | Algérie | 23/04/2020

... La promiscuité, la réduction des espaces intimes, ainsi que l’instabilité des enfants peuvent conduire à des tensions, voire des conflits entre les membres de la famille, plus particulièrement le couple parental...

« Si certaines personnes sont arrivées à gérer leur stress durant cette période, d’autres risquent de développer ou d’accentuer des troubles psychologiques déjà existants », indique le professeur Madjd Tabti, chef de service pédopsychiatrie à l’EHS de Chéraga et président du Comité national de santé mentale.

El Moudjahid : Quels sont les facteurs qui favorisent l’apparition des troubles psychologiques chez les adultes??

Pr Tabti : Le retentissement psychologique de l’épidémie covid-19 diffère d’une personne à l’autre et d’une période à l’autre. Pour comprendre cette disparité, il faut plutôt analyser les facteurs qui modulent ces réactions. Le facteur le plus important concerne le degré de propagation de la maladie dans l’environnement de la personne.
La peur de l’infection est accentuée dans les zones à forte propagation. Une personne qui voit les cas infectés uniquement à la télévision ou dans les autres médias aura moins de peur et de panique que celui qui a un membre de la famille atteint, voire décédé. Un deuxième facteur concerne le degré de force ou de faiblesse de personnalité de l’individu. Dans ce cadre, les sujets les plus fragiles et qui risquent par conséquent d’avoir des troubles psychopathologiques graves sont ceux qui souffraient de troubles tels que la schizophrénie, les troubles bipolaires, les troubles anxieux en particulier les troubles obsessionnels compulsif à rituel de lavage et l’hypocondrie avec interprétation de toute sensation ou symptôme banal comme étant une infection au Covid-19.

D’autres facteurs ont été cités par des études à l’instar de l’âge où on a cité deux intervalles dans lesquels l’individu est particulièrement sensible à la détresse psychologique. Il s’agit des sujets âgés de 18 à 30 ans et au-delà de 65 ans. L’isolement et le manque de soutien familial et sociétal sont d’autres facteurs de vulnérabilité psychique.

Comment peut-on faire face à la détresse psychologique liée à la maladie ?

L’intérêt de connaitre les facteurs de risque est de cibler la surveillance et la prise en charge psychologique et psychiatrique en l’orientant vers ces sujets à risque. Dans ce sens, nous avons remarqué l’activité intense des cellules d’écoute proposées par des associations, des syndicats des psychologues et des structures étatiques, qui proposent des consultations à distance. Ces initiatives sont très positives et à encourager. Mais il faut aussi renforcer les capacités des services de psychiatrie et de pédopsychiatrie pour recevoir les cas les plus lourds qui ont tendance à rechuter suite au stress crée par la conjoncture, notamment en les dotant de plus de moyens de protection de dépistage du Covid-19 dans ces milieux où la prévention n’est pas toujours facile à appliquer.

Qu’en est-il du vécu psychologique du personnel de la santé ?

Je pense que ce sujet est peu abordé par les médias. Pourtant, le personnel de la santé a été cité comme cible des cellules d’écoute psychologique que le ministère de la Santé avait instruit de créer. Le personnel médical et paramédical trouvera plaisir et joie dans la prise en charge des patients quand il est bien protégé de la contamination. Avant tout, parce que c’est son métier qu’il aime bien et rien n’a d’égal que le plaisir ressenti quand on sauve des vies. Cependant, il peut être en détresse quand il est mal protégé, quand il entend des nouvelles de ses confrères contaminés, quand il manque de moyens de prise en charge de ses malades. Un burn-out est possible lorsque plusieurs facteurs négatifs s’associent tels que le risque de contamination, la perte des patients, la charge de travail avec fatigue et le manque de sommeil, les conflits avec les confrères ou avec l’administration. Pour prévenir la détresse psychologique et le burn-out, on conseille, en plus d’une bonne organisation du travail et avec des temps de récupération et l’offre des moyens de protection et de soins, l’organisation des réunions de débriefing qui peuvent être encadrées par des psychologues des services ou à distance pour exprimer les difficultés ainsi que les émotions face aux différents problèmes rencontrés et autres situations délicates.

Comment se manifeste les troubles liées à l’épidémie du coronavirus chez les enfants et les adolescents ?

Chez l’enfant et l’adolescent, le stress et la peur liés aux risques d’infection par ce virus peuvent se manifester indirectement, masqués par des signes non spécifiques qui peuvent évoquer plusieurs problèmes psychologiques. C’est le cas par exemple des enfants qui présentent des pleurs et une irritabilité excessive, l’énurésie qui réapparait après la propreté, l’impulsivité chez l’adolescent, des difficultés d’attention et de concentration, un évitement des activités qui procurent le plaisir habituellement, des céphalées.

Est-il possible de gérer les troubles psychologiques des enfants et des adolescents pendant cette période ?

Pour prévenir et gérer ces troubles, il faut d’abord expliquer cette maladie aux enfants avec des mots simples en prenant en considération l’âge et le niveau de développement.
Cela après avoir sondé ce qu’ils ont compris du phénomène qui se déroule dans leur environnement.

Pour les plus petits, on peut les inciter à s’exprimer à travers un dessin, on peut raconter ceci de façon métaphorique comme une histoire. On peut aussi recourir aux images, voire des dessins animés qui ont déjà caricaturé le fonctionnement du corps humain et sa lutte contre les différents microbes, expliquer les voies de contagion pour que les enfants comprennent les moyens de prévention. Chez l’adolescent, on peut recourir au langage verbal mais en évitant de donner une leçon, ce qui est souvent mal toléré à cet âge où la rébellion contre les parents et les adultes en général est légion. Il faut plutôt favoriser le dialogue en valorisant les connaissances et compétences de l’adolescent. Par la suite, il faut favoriser et écouter l’expression de leurs émotions, les rassurer et les déculpabiliser.

Le prolongement du confinement n’a pas été sans impact sur notre vécu quotidien. Comment se traduit cette situation chez les adultes ?

L’ennui et la frustration dus au confinement peuvent accentuer la consommation de substances toxiques telles que le tabac, voire le cannabis et autres drogues. La cyberdépendance est aussi potentielle, notamment chez les personnes à tendances addictologiques.

La promiscuité, la réduction des espaces intimes ainsi que l’instabilité des enfants peuvent conduire à des tensions, voire des conflits entre les membres de la famille, plus particulièrement le couple parental. Des actes de violence sont alors possibles suite à des colères incontrôlables.

Dans le but de bien gérer cette situation, il est intéressant d’abord de prendre conscience de ces difficultés et de les discuter dans le couple et avec tous les membres de la famille. Puis trouver des moyens pour bien remplir son temps avec un programme qui peut alterner des moments de travail, de sport, de loisir, de lecture et de discussion familiale. Mais aussi, il faut respecter des moments d’isolement de chacun pour une meilleure appréciation des retrouvailles. Bref, positiver cette situation, voir la moitié pleine du verre. Profiter de l’occasion pour faire son bilan du passé et programmer l’avenir.
La réaction psychologique face à la situation du confinement peut varier d’un enfant à l’autre ou d’une famille à l’autre en fonction de plusieurs facteurs dont les habitudes à sortir ou à rester chez soi, les fragilités individuelles et familiales, les espaces de vie : appartement ou villa, présence ou non d’un jardin. En fonction de l’âge, les tous petits souffrent moins que les grands.

Des comportements pathologiques peuvent aussi se manifester tels qu’une instabilité importante, des bagarres multiples entre la fratrie, une insomnie avec possibilité d’inversion du rythme nycthéméral, c’est-à-dire veiller la nuit et dormir la journée, une obésité due au grignotage et à la sédentarité et un abus d’utilisation des écrans. Des troubles psychiatriques plus complexes tels que des psychoses, des troubles anxieux ou des troubles de l’humeur peuvent apparaître ou s’aggraver chez les enfants et les adolescents en période du confinement. Mais dans ce cas, le confinement n’est pas considéré comme une cause mais un facteur déclencheur d’un trouble sur une personnalité déjà prédisposée, fragile ou bien une rechute d’un trouble auparavant équilibré par les médicaments ou la psychothérapie.

Quels sont vos conseils pour bien gérer le confinement chez l’enfant ?

Les parents doivent d’abord prendre conscience des difficultés du confinement ainsi que de leur propre stress, le tout dans le but de contrôler leurs propres angoisses. Le contrôle de soi évite de transmettre l’angoisse aux enfants et permet aussi de tolérer quelques-uns de leurs comportements qui ne dépassent pas une certaine limite tels que l’instabilité légère, leurs chamaillerie. On conseille les parents d’écouter leurs enfants, de répondre à leurs questions de manière factuelle, de les rassurer sur le fait qu’ils sont en sécurité, de leur apprendre des stratégies de faire face au stress et de les faire participer à l’élaboration de ces stratégies de faire face à l’ennui en proposant des activités et projets qu’ils apprécient. Il est aussi important de garder un contact avec les amis et la famille élargie par les moyens de communication à distance (téléphone et internet).

Il faut bien gérer l’utilisation des écrans par les enfants…
Dans ce but, les parents peuvent élaborer avec leurs enfants un programme journalier très varié en activités alternant des moments d’apprentissage avec des moments de jeu de société et d’activité physique.
L’utilisation des écrans sera introduite comme un renforçateur positif d’un respect correct du programme journalier, c’est-à-dire permettre à l’enfant l’utilisation de sa tablette pour quelques minutes comme récompense de la réalisation d’une tâche avec patience. En cas de besoin, ne pas hésiter à contacter un numéro vert pour demander une orientation pour des conseils voire une consultation en ligne chez un psychologue ou un pédopsychiatre.

Kamélia Hadjib


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