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Revue de presse

Dr Khaled Mouhoub. Psychothérapeute : «Il faut prendre ses précautions contre le Coronavirus sans verser dans l’anxiété et l’exagération»

El Watan | Algérie | 31/03/2020

La pandémie de coronavirus (Covid-19) est une réalité particulière et inhabituelle. Celle-ci peut affecter les personnes sur le plan physique, qu’en est-il du plan psychologique ?

En effet, dans un tel contexte, de nombreuses personnes ont des réactions de stress, d’anxiété. Une épidémie mondiale est un événement traumatogène, que l’on soit directement concerné ou plus à distance.
Une situation qui nous confronte à la mort, ou du moins à une menace de mort. Ce genre d’événement peut générer une forte charge émotionnelle difficile à contrôler, pouvant avoir de nombreuses répercussions sur le plan psychologique.
Alors que le coronavirus continue à se propager à l’échelle mondiale et que le nombre de cas diagnostiqués continue d’augmenter, l’anxiété liée à l’épidémie est également en hausse. En tant que psychologue, j’en fais déjà le constat dans mon cabinet.
Bien que le fait de ressentir de l’anxiété en réponse à une menace soit une réaction humaine tout à fait normale, un niveau d’anxiété élevé et constant peut compromettre nos ressources psychologiques en temps de crise.
Et les personnes qui souffrent déjà d’anxiété et de troubles connexes sont particulièrement susceptibles de rencontrer plus de difficultés psychologiques pendant la crise du coronavirus.

On en parle tout le temps, mais qu’est-ce que le stress ?

En fait, le stress est une réponse physiologique normale à une situation anormale. Il fait partie intégrante de notre existence. Il permet à notre organisme de s’adapter aux multiples événements positifs ou négatifs que nous vivons, comme une naissance, un mariage, la perte d’un emploi, etc.
Le stress apparaît et disparaît de lui-même, selon la situation, si l’on est en présence ou non de facteurs de stress. Par exemple, si vous êtes stressé au travail, mais que ce stress s’atténue le soir ou en fin de semaine, on peut penser que des facteurs de stress sont reliés à votre travail.
Il ne faut pas confondre le stress avec l’anxiété, qui est une réponse à une menace vague ou inconnue, contrairement à la peur qui est une réponse à une menace définie et bien réelle. L’anxiété se manifeste lorsque nous croyons qu’un événement dangereux ou malheureux peut survenir et que nous l’anticipons.
Chaque personne peut vivre de l’anxiété à des degrés et à une intensité qui lui sont propres. La perception de l’événement a une grande influence sur l’intensité de l’anxiété vécue.
Son degré augmente proportionnellement à la quantité de choses dont on essaie de se débarrasser. Ce qui menace notre santé déclenche la peur qui sous-tend toutes les autres craintes : la peur de la mort.

Donc finalement, face à la propagation du Covid-19, ce n’est plus du stress mais de l’anxiété ?

Exact ! Face à ces rappels de leur propre mortalité, les gens peuvent se retrouver consumés par l’anxiété liée à la préservation de leur santé et se focaliser de façon disproportionnée sur tout signe de maladie.
Beaucoup de gens craignent de ne pas s’en sortir si le virus se manifeste au travail, dans leur famille ou dans leur foyer. Ils s’inquiètent par rapport à la manière dont ils feront face à une quarantaine, à la fermeture d’une garderie ou à une perte de salaire.
L’esprit humain est doué quand il s’agit de prédire le pire. Mais les recherches montrent que les gens ont tendance à surestimer la gravité des conséquences liées à des événements difficiles et, dans le même temps, à sous-estimer leur capacité à faire face et à s’adapter aux situations difficiles.
Certes, le virus peut être dangereux en raison de son taux de mortalité estimé à 10%. Tout le monde devrait donc prendre sérieusement les précautions nécessaires pour lutter contre sa propagation.
Mais il faut garder à l’esprit que les humains ont tendance à exagérer le danger associé à des menaces inconnues par rapport à celles qu’ils connaissent déjà, comme la grippe saisonnière ou les accidents de voiture.

Que faut-il faire alors ?

Il faut d’abord savoir que la couverture médiatique constante, notamment à travers les réseaux sociaux, contribue à l’accroissement du sentiment de danger. Ce qui entraîne une peur accrue et une escalade du danger perçu.
Il faut également savoir qu’une personne anxieuse a la sensation d’étouffer, le cœur qui bat plus vite, des étourdissements et des nausées. Elle a des insomnies, une perte d’appétit associée à une perte de poids, un manque d’énergie et de la fatigue.

Sur le plan psychologique, la personne anxieuse panique lorsqu’elle entend parler du virus, a des pensées négatives envahissantes, une perte de plaisir et un manque d’intérêt envers des activités habituellement appréciées.
De facto, elle aura du mal à assumer les tâches quotidiennes, surveillera constamment les symptômes liés au virus. Elle peut également faire des crises de larmes, sera irritable à la limite de l’agressivité, manquera de concentration et présentera une boulimie pour des éléments qu’elle considère source de soulagement, comme la cigarette, la nourriture ou encore les séries et films.
Remédier à tout cela nécessite une meilleure concentration sur l’aspect positif dans la lutte contre ce virus, tel que les cas de guérison. Il est également conseillé de limiter son utilisation des réseaux sociaux et autres médias considérés comme facteur anxiogènes.

Il est recommandé aussi de chercher du réconfort en permanence auprès de ses amis, de sa famille ou de spécialistes de la santé.

Isma Bersali

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