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Revue de presse

Kamel Kezzal. Professeur en microbiologie, ex-directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie : «Les laboratoires hospitaliers doivent disposer d’équipements adéquats pour faire les tests»

El Watan | Algérie | 01/04/2020

L’institut Pasteur d’Algérie (IPA) exhorte les laboratoires hospitaliers disposant du matériel à effectuer les tests de dépistage du Covid-19. Ces laboratoires ont-ils les moyens techniques et humains pour faire le diagnostic ?

Il faut savoir que la PCR (réaction en chaîne par polymérase) consiste en la technique d’amplification génétique. En clair, cette technique se fait en trois phases pour aboutir à un résultat. Pour l’analyse du virus Covid-19, on cible trois gènes qui vont nous permettre de faire le diagnostic avec certitude.

La première étape consiste en l’extraction des gènes, les purifier, les amplifier puis on passe à l’analyse avec de réactifs spécifiques pour observer s’il y a une charge virale et la quantifier. Il s’agit d’une technique standard validée par l’OMS, conformément aux normes internationales, qui se fait en trois heures.
Effectivement, cette technique se faisait seulement à l’IPA à Sidi Fredj, mais maintenant les annexes d’Oran, de Constantine et de Ouargla ont commencé à travailler avec. Cette décentralisation a été suivie par la mise en place d’équipements nécessaires pour assurer le diagnostic.

Pour ce qui de la contribution des laboratoires hospitaliers, je dois dire que l’analyse du Covid-19 est complexe, dans le sens où ces laboratoires doivent disposer d’un équipement adéquat ainsi que d’un dispositif de protection particulier, outre les moyens classiques : blouse, gants, masque, lunettes, etc. Ces labos doivent être dotés de hotte à flux laminaire pour ce protéger. Ce qui a été mis en place au niveau des annexes de Ouargla, de Constantine et d’Oran.

Il faut donc s’assurer que ces laboratoires disposent de tous les moyens et l’IPA contribue dans l’accompagnement de ces laboratoires pour le démarrage de l’activité en apportant tout conseil ou orientation nécessaires. Je sais que le laboratoire de l’EHU d’Oran est déjà opérationnel et je pense que les autres demandent à être améliorés, notamment à Alger, en matière de protection et des conditions de sécurité.

L’Institut Pasteur d’Algérie a-t-il les capacités pour couvrir les besoins dans les prochains jours ?

L’Ipa a mobilisé toutes les équipes au niveau de Sidi Fredj pour assurer une activité H24 et 7j/7. Les équipes commencent à 5h. Depuis la mise en route des annexes d’Oran, de Constantine et de Ouargla, je pense que l’IPA peut aller jusqu’à 400 tests par jour. Il peut répondre à la demande d’autant que les réactifs sont disponibles.

L’Algérie ne préconise pas pour le moment un dépistage systématique, comme cela été fait en Corée du Sud et en Allemagne, pour limiter la contagion. Qu’en pensez-vous ?

Je ne pense pas que le dépistage systématique est une solution pour limiter la contamination et la propagation de l’épidémie. Il ne faut pas oublier que 80 à 85% des personnes infectées guérissent naturellement. Il reste les 20% qui se répartissent entre les formes modérées et sévères. Ces patients doivent être hospitalisés et traités. Le dépistage doit être systématique pour les cas suspects et les cas contacts autour d’un cas confirmé positif.

Peut-on avoir des résultats faux négatifs avec la PCR ?

Je dois préciser que la PCR est sensible à 90% au virus, par contre le test rapide l’est à 30%. Je ne pense pas qu’au niveau de l’Institut Pasteur d’Algérie on peut avoir ce type de problème puisque l’analyse est faite de manière très stricte sur les trois gènes qu’on extrait de l’ARN, purifiés et quantifiés. Cela peut arriver lorsque l’on se limite à l’analyse d’un seul gène. Cela dépend aussi des conditions de l’acheminement des prélèvements.

Les tests rapides sont actuellement utilisés dans certains pays où l’épidémie est en forte progression. Sont-ils fiables ?

Je l’ai déjà dit plus haut. Le test rapide est sensible à 30% au virus. Ces tests ne sont pas spécifiques ni fiables, il faut être très prudent. Ces tests rapides recherchent les anticorps, mais la majorité des patients ne présentent pas de symptômes. Par contre, il y a de nouveaux tests PCR utilisés dans d’autres pays avec lesquels on peut avoir les résultats en 45 minutes.

Le confinement suffit-il à lui seul pour réduire la contamination et la propagation de l’épidémie ?

Le confinement strict permettra de casser la chaîne de contamination de manière significative. Si la population respecte les mesures barrières mises en place et le confinement partiel, il est clair que la contamination va diminuer et surtout la propagation de l’épidémie va être freinée à travers le territoire.

Le ministère de la Santé a décidé d’élargir la prescription de la chloroquine aux formes bénignes du Covid-19. Quel est votre commentaire ?

Je rejoins l’avis de mes confrères, les Prs Zidouni et Brouri, qui recommandent la prescription de la chloroquine en milieu hospitalier et sous surveillance. Mais, j’estime que ce traitement doit être réservé exclusivement aux patients présentant des symptômes spécifiques au Covid-19, notamment les signes respiratoires. Je saisis cette occasion pour présenter mes sincères condoléances à la famille de notre collègue et ami, le Pr Si Ahmed, emporté par le Covid-19.

Djamila Kourta

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