Près de 10 millions de personnes souffrent d'obésité en Algérie et, selon l'enquête nationale «StepWise», 55,6% des adultes ont dépassé le poids recommandé. La même étude révèle que 63,3% de obèses sont des femmes et 37% vivent avec un diabète de type 2, a-t-on appris lors d'une cérémonie marquant la célébration de la journée mondiale de lutte contre l'Obésité, organisée, hier, à l'hôtel El-Aurassi (Alger), par les laboratoires « Novo Nordisk Algérie », en partenariat avec le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière.

Des experts et des médecins ont tenté d'identifier les problèmes liés à cette maladie et de proposer des solutions afin de lutter contre ce phénomène mondial et ses complications. L'ex-chef de service de médecine interne de l'hôpital Birtraria d'El Biar, se référant à une enquête menée par l'OMS et le ministère de la Santé, relève l'évolution en Algérie de l'obésité depuis 2003. Le taux de personnes atteintes, estimée à cette époque à 13%, culmine aujourd'hui à 23% pour les deux sexes.

Le Professeur Mansour Brouri a regretté, à ce propos, l'insuffisance des aires de jeux pour enfants dans les cités nouvellement réalisées et les anciennes, insistant sur le fait que les programmes de construction doivent prendre en compte ces aspects. « Il faudrait qu'on puisse l'intégrer dans toutes les politiques des programmes de prévention », a-t-il estimé lors de son intervention axée sur la situation de l'obésité en Algérie.
Il a ajouté que, dans l'enquête menée en 2014, son service a constaté que la sédentarité s'est installée dans la campagne « où les gens ne travaillent plus la terre comme avant » et précisé que l'alcool est un facteur favorisant fortement l'obésité. Il a plaidé pour que les adeptes de boissons gazeuses arrêtent ou les consomment de façon « très modérée », mettant en cause la politique des producteurs des boissons gazeuses et des jus qui continuent de fabriquer leur produit avec un taux de 160 grammes de sucre par litre, alors que les normes tournent autour de 90 grammes par litre.

Selon le professeur, cette maladie chronique doit être une affaire multisectorielle impliquant plusieurs ministères, des entreprises et des associations pour lutter contre les racines du phénomène qui sont devenues profondes. « Les P/APC devront s'impliquer davantage dans la sensibilisation et la prévention contre cette pathologie, mais aussi mettre en place une commission pour lutter contre les facteurs de risques en créant des espaces de détente et de loisirs », a-t-il expliqué, affirmant que l'obésité représente un problème de santé publique majeur qui impacte le système de santé.

Pour endiguer ce phénomène qui continue de prendre de l'ampleur en Algérie en raison notamment du régime alimentaire et du manque d'exercice physique, le ministère de la Santé a mis en place un plan de lutte, à travers un ensemble d'activités sur le territoire national. Cette action a pour objectif d'améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec l'obésité et changer la façon dont le monde perçoit, prévient et traite cette maladie.
Pour les organisateurs, la célébration de la journée mondiale de l'Obésité coïncidant avec le 4 mars de chaque année pour faire de cette pathologie une priorité des soins de santé et veiller à ce que les soins et les traitements appropriés soient dispensés de la même manière que les autres maladies chroniques graves.

L'obésité est perçue comme un simple manque de volonté, une paresse ou un refus du « mangez moins, bougez plus » et non pas comme toutes les maladies chroniques dont les racines sont beaucoup plus profondes. L'obésité est une maladie chronique et complexe qui affecte plus de 650 millions d'adultes et 158 millions d'enfants dans le monde. Elle est aussi associée à de multiples co-morbidités, dont les maladies cardiovasculaires et le diabète de type 2 qui engendrent des coûts substantiels.

Mohamed Mendaci