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El Watan | Algérie | 30/01/2020
Le retard enregistré dans la mise en fonction de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques est l'un des facteurs qui ont favorisé l'essoufflement de cette jeune industrie.
Une nouvelle politique des prix qui défavorise la production nationale. L'Union nationale des opérateurs de la pharmacie (unop) organise ses troisièmes journées de l'industrie pharmaceutique algérienne (JIPA), depuis hier, dans un environnement et un contexte économiques défavorables au développement des nombreuses entreprises de fabrication de médicaments.
Sa proposition de mettre en place un contrat de développement semble avoir été oubliée par les pouvoirs publics et de nouvelles mesures restrictives frappent de plein fouet cette jeune industrie qui, selon le président de l'unop, le Dr Adelouahed Kerrar, a pourtant connu ces dernières années une croissance à deux chiffres. «La valeur de la production est passée de 473 millions de dollars à près de 2 milliards de dollars entre 2008 et 2017, soit un taux de croissance moyen supérieur à 17%.
Sans cette croissance remarquable de la production locale, la facture des importations aurait sans doute dépassé les 5 milliards de dollars», a-t-il indiqué tout en relevant que ce processus commence à connaître une régression vue les nouvelles mesures prises de «manière unilatérale» par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, notamment celle relative à la baisse des prix. «Une nouvelle procédure qui est incompatible avec le développement de l'industrie pharmaceutique», a t-il déploré. Il revient également sur l'allongement des délais de l'enregistrement des médicaments, qui est passé de trois mois à une année, voire plus.
Le retard enregistré dans la mise en fonction de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques est l'un des facteurs qui ont favorisé l'essoufflement de cette jeune industrie. «Nous avons besoin d'une agence forte, dotée de moyens adéquats et sur des choix clairs en matière de politique de prix», a-t-il souligné. Le président de l'unop est revenu sur la nouvelle disposition de la loi de finances 2020 qui limite les dépenses de promotion à 1% et le reste est soumis aux taxes qu'il qualifie d'une «discrimination fiscale dont est victime l'industrie pharmaceutique algérienne».
Une disposition qui «épargne les multinationales installées, qui ont la possibilité d'agir au nom de l'entreprise mère en signant des contrats avec des sociétés locales», a t-il indiqué. Et de mettre en garde sur les conséquences fatales qui peuvent tomber sur les entreprises de fabrication, dont le chiffre d'affaires est moyen. Il signale que toutes ces contraintes freinent de manière considérable l'engagement pris pour réduire la facture à l'importation et encourager la production nationale.
«Cet événement se veut justement un espace rassemblant l'ensemble des acteurs concernés, entreprises, administrations, universitaires et autres spécialistes, autour d'un débat professionnel centré sur les voies et moyens de poursuivre le processus de développement de cette filière industrielle sensible», a-t-il indiqué. Et d'ajouter qu'il est de tradition que les producteurs nationaux s'attellent à exposer l'ensemble des contraintes qu'ils rencontrent, qu'elles soient de nature économique, technique ou réglementaire, de même qu'ils s'efforceront de dessiner les perspectives et les opportunités qui s'ouvrent à leur activité.
Le programme des interventions de cette édition des JIPA «est focalisé sur la question critique de la politique des prix qui est d'une extrême sensibilité dans la phase difficile que traverse actuellement l'économie de notre pays». Ces contraintes ignorées depuis plusieurs années pourraient être, peut-être, désormais levées avec la création du ministère délégué chargé de l'Industrie pharmaceutique, à sa tête un pharmacien, et favorable pour un plan de développement de l'industrie pharmaceutique en Algérie.
Djamila Kourta 30 janvier 2020
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