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Revue de presse

Ethique médicale : Ni le code de la profession ni la législation n’ont réussi à apporter des réponses aux interrogations

El Moudjahid | Algérie | 31/03/2007

Les participants au séminaire algéro-français sur l’éthique médicale tenu à Alger ont relevé à la fin des travaux la complexité de cette spécialité précisant que ni le code de la profession ni la législation "n’ont réussi jusqu’a présent à apporter des réponses aux interrogations dans ce domaine". Dans le même contexte, les participants ont estimé que "souvent les mentalités, les coutumes et les facteurs socio-économiques et religieux entravent certaines pratiques médicales qui servent aussi bien le malade que la société".

"Ces facteurs diffèrent d’un pays à un autre et d’un continent à un autre, ce qui rend extrêmement difficile son application et son uniformisation sur le plan mondial bien que les pratiques thérapeutiques et chirurgicales soient les mêmes dans tous les pays du monde" ont précisé les participants citant pour exemple, l’avortement en cas de malformations congénitales, les handicaps lourds, les soins palliatifs pour les malades chroniques et la transplantation d’organes.
Le professeur Mohamed Ameur Amara, chef de service de la médecine de travail au centre Pierre et Marie Curie de l’hôpital Mustapha Pacha d’Alger a évoqué l’enseignement de la spécialité de l’éthique médicale en Algérie appelant à s’adapter aux progrès enregistrés dans l’enseignement de cette spécialité dans le monde".

Il a également appelé "les commissions médico-pédagogiques à apporter les propositions adéquates pour l’enseignement de cette spécialité " car on ne saurait rester sur les attitudes extrémistes qui ne font pas avancer les choses ajoutant que jusqu"à présent il n’y a pas de spécialité médicale qui s’intéresse à l’éthique a l’exception de la médecine de travail.
Le conseil de l’Ordre des médecins examine actuellement 30 affaires liées aux erreurs médicales
Pour sa part, le Dr Mohamed Bekkat, président du conseil de l’Ordre des médecins a évoqué la question des erreurs médicales qui, a-t-il dit, "sont souvent difficiles à détecter" précisant que "le conseil examine actuellement 15 affaires liées aux erreurs médicales à Alger et 15 autres affaires dans les autres wilayas.

"Les sciences médicales ne sont pas une science exacte", a-t-il estimé avant d’ajouter que "même si le médecin réussit l’intervention chirurgicale à 90%, beaucoup d’autres facteurs entrent en jeu ".
l La rencontre, organisée par la Faculté de médecine d’Alger et qui a regroupé de nombreux experts nationaux et internationaux de l’éthique médicale, s’est fixé comme objectif principal "d’ouvrir le débat sur l’éthique médicale en Algérie", a affirmé jeudi à l’ouverture des travaux le doyen de la Faculté de médecine d’Alger et président du Conseil national de l’éthique des sciences de la santé, le professeur Arrada Moussa.

"Le médecin est partout et en toutes circonstances le défenseur de la vie, et parler d’éthique médicale, c’est parler de l’étude des principes directeurs permanents de notre attitude dans notre métier de médecin", a-t-il ajouté.
"Il faut penser à mettre en place des garde-fous, codifier les actes médicaux en tenant compte des considérations religieuses et socio-culturelles", a-t-il dit.

Pour le doyen de la Faculté de médecine, le débat s’impose d’autant plus que "la période est féconde pour la réflexion et la remise en discussion de certains grands principes issus de périodes de transition".
Ce séminaire constitue, selon le doyen, un "premier jalon pour amorcer le débat sur l’éthique médicale, au stade du balbutiement en Algérie, afin d’élaborer au plus vite un code de l’éthique médicale".
Dans cet esprit, trois thèmes jugés sensibles ont été retenus : la transplantation d’organes, le diagnostic anténatal et les essais cliniques.

A travers ces thèmes, selon le Pr Arrada, "c’est toute la problématique de l’éthique médicale dans les relations du médecin avec le malade et de l’éthique médicale dans la fonction sociale du médecin qui sera abordée".
Il a en outre insisté sur l’enseignement de cette matière dans tout le cursus universitaire de l’étudiant en médecine.
"Pour que le médecin ait la compétence morale, il faut lui donner les moyens de l’acquérir d’abord, de la conserver ensuite", a-t-il observé.

Pour le professeur Lamara M’hamed Amer, médecin du travail, "la dignité des personnes, de la liberté du malade et le secret médical doivent être scrupuleusement respectés" par le médecin dans l’exercice de sa mission.
Les thèmes choisis par le séminaire, selon le professeur, posent plusieurs problèmes éthiques.
"La transplantation (par exemple, greffe rénale) doit se faire dans le respect de notre religion et culture", a-t-il dit, en faisant remarquer qu’il existe de nombreux sujets (diagnostic anténatal, etc.) qui posent des problématiques éthiques que "notre société n’a pas encore transcendées".

Pour le professeur Bernard Nemitz, doyen de la Faculté de médecine d’Amiens (France), l’essor de la médecine dans les pays développés a suscité une réflexion "sans précédent" sur l’éthique médicale qui occupe "une place considérable dans la politique de santé" des pays européens.

Selon la définition donnée par ce professeur, l’éthique médicale "n’est ni une science médicale, ni une philosophie, mais un trait d’union entre les sciences médicales et les légitimités sociales (religions, cultures,...)".
Elle est, a-t-il encore expliqué, "un questionnement approfondi devant toutes les décisions". Dans les pays développés, les comités d’éthique médicale ont tranché sur moult questions (euthanasie, diagnostic anténatal,...). Il a cependant relevé qu’il reste d’autres thèmes qui "nécessitent une réflexion approfondie, dont l’éthique médicale face au clonage, à la douleur, aux médecines douces, aux soins palliatifs". Au 21e siècle, "la médecine sera-t-elle éthique ou pas", s’est-il interrogé.

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