En marge du 11e Congrès national, qui s‘est tenu les 7 et 8 novembre, le Dr Younes Moualek, président de l’Association des internistes libéraux algériens, revient dans cet entretien sur les principaux thèmes de cette rencontre qui font actuellement l’actualité. Une place prépondérante est réservée aux pathologies les plus prévalentes qui « captent l’essentiel de notre pratique de médecins libéraux », le diabète et l’HyperTension Artérielle (HTA).

Il rappelle que la lutte contre ces maladies passe essentiellement par la prévention primaire qui constitue la pierre angulaire de toute stratégie d’un système de santé. Elle doit avoir une place primordiale dans la pratique quotidienne des praticiens, a-t-il insisté, tout en appelant à l’amélioration des moyens de dépistage et de prise en charge.

Deux thématiques importantes, le diabète et l’HTA, sont au programme de votre congrès annuel. Pourquoi ce choix et quel est l’objectif ?

Tout d’abord, il faut souligner que ce congrès à caractère scientifique sert justement à actualiser les connaissances sur ces maladies prévalentes et qui constituent deux fléaux de santé publique très souvent associés chez le même patient à l’origine de complications potentiellement graves.

Ce qui, d’ailleurs, impacte considérablement le budget de la santé, surtout pour la prise en charge des complications. Nul n’ignore les conséquences des complications du diabète qui sont essentiellement les complications cardio-vasculaires, crébro-vasculaires ophtalmiques et rénales.

L’infarctus du myocarde, l’insuffisance cardiaque, l’AVC, la démence vasculaire, l’insuffisance rénale, la rétinopathie diabétique constituent une charge sociétale importante, sans compter l’impact qu’elles peuvent avoir sur la vie quotidienne du malade, son pronostic fonctionnel et son espérance de vie.

De nouvelles recommandations font état de l’importance de la prévention primaire et la prise en charge des complications. Qu’en est-il ?

Effectivement, ces pathologies prévalentes méritent une attention particulière, d’où l’importance de la prévention primaire qui doit être prise en compte prioritairement. Il est aujourd’hui important de mettre l’accent sur le mode de vie des populations.

L’urbanisation a fait évoluer l’épidémiologie dans notre pays et dans les pays à revenu moyen qui était dominée par les maladies liées à la malnutrition et l’hygiène du milieu vers les maladies qui prédominaient dans les pays industrialisés, dont le mode de vie est à l’origine de la pathologie de l’athérosclérose et des cancers.

Pour la prévention primaire, on doit axer nos efforts sur la formation des médecins, toutes catégories confondues, et consacrer une bonne place dans leur pratique quotidienne, notamment à l’éducation du patient par rapport à l’alimentation et à l’hygiène de vie en général et la promotion de l’activité physique.

Concernant la prise en charge des patients, les sociétés savantes proposent régulièrement de nouvelles recommandations au vu des constats des résultats d’étude d’évaluation des algorithmes de prise en charge déjà éprouvés. Le but de nos rencontres et des congrès est justement d’apporter les éclairages sur la base de ces recommandations afin d’ajuster nos pratiques à ces dites recommandations.

Lesquelles préconisent des schémas thérapeutiques personnalisés selon le profil de chaque patient, la lutte contre l’inertie thérapeutique et encouragent le praticien à atteindre les cibles thérapeutiques de plus en plus exigeantes.

Est-ce que les moyens thérapeutiques sont disponibles et suffisants dans notre pays pour espérer atteindre ces cibles ?

Il faut savoir qu’il y a sans cesse des innovations dans la pharmacopée, dont la plupart sont disponibles mais pas toutes dans notre pays.

Le plus important dans la prise en charge thérapeutique est de savoir hiérarchiser l’utilisation des différentes molécules en fonction du patient et dans le cadre de sa prise en charge globale. En fait, les médicaments à eux seuls ne constituent pas la solution pour la prise en charge de ces maladies.