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Revue de presse

Le Pr Kamel Bouzid sur les ondes de la Radio chaîne 3 : « Nous demandons l’immunothérapie en urgence »

El Watan | Algérie | 29/10/2019

Fidèle à lui-même, le Pr Kamel Bouzid, chef de service d’oncologie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) et président de la Société algérienne d’oncologie médicale, a jeté un pavé dans la mare. Une prise en charge pour 900 000 euros a été accordée à l’étranger par le gouvernement algérien à une patiente algérienne atteinte d’un cancer, a-t-il révélé, hier, sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, dans l’émission « L’invité de la rédaction ».

« Elle a dû se déplacer 33 fois au cours de cette année pour bénéficier de son traitement d’immunothérapie, alors que d’autres patients attendent, dont une malade pour qui le dossier de prise en charge que j’avais soumis a été rejeté par la commission pour soins à l’étranger, sous prétexte que le médicament est disponible à la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). On aurait pu soigner 5 malades pour la même pathologie avec ce qu’a coûté cette patiente à la Sécurité sociale et à l’Etat. Un collègue médecin qui nécessite également une prise en charge s’est vu refuser ce privilège. Il faut arrêter cette politique de deux poids deux mesures. La Sécurité sociale et le ministère de la Santé signent des conventions avec les Belges et les Français, pourquoi ne vont-ils pas signer des conventions avec les Algériens ? » a-t-il dénoncé.

Et de signaler que « ces médicaments (immunothérapie) et d’autres thérapeutiques, tels que les thérapies ciblées, soit en tout une vingtaine de médicaments, ont été pourtant enregistrés par le ministère de la Santé depuis janvier 2018 et ils n’ont pas fait l’effort de les acheter et on ne sait pas pourquoi. Nous demandons ces médicaments en urgence et qu’ils ne disent pas qu’il y a conflit d’intérêts avec les laboratoires ». « Nos malades ont droit aux traitements innovants au même titre que ces privilégiés », a-t-il exigé. Il reconnaît que les coûts de ces traitements innovants flambent, mais il estime que c’est aux pouvoirs publics de prendre les dispositions nécessaires pour mettre ces traitements à la disposition des malades cancéreux, dont les incidences sont en nette augmentation. « 44 000 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés au cours de l’année 2018. Les prévisions selon le registre national des cancers sont entre 60 000 à 70 000 nouveaux cas, toutes localisations confondues, d’ici 2025 », a-t-il souligné. Et de préciser que 1500 enfants sont atteints de cette pathologie chaque année.

La prise en charge des cancéreux risque d’être compromise concernant la radiothérapie dans les différents CAC répartis sur le territoire national, dont les machines sont en panne. « La radiothérapie relève de la souveraineté nationale. Elle était sous l’égide du Comena relevant de présidence de la République et du ministère de la Défense. Depuis 2015, elle revient à un groupe privé en association avec le fournisseur Varian, dont le patron est actuellement en détention provisoire (Ali Haddad, ndlr), et le silence insidieux des radiothérapeutes algériens. Cette société est actuellement à l’arrêt et la réparation des accélérateurs également. Il faudrait six mois pour réparer un matériel de radiothérapie en panne dans le secteur public. C’est le cas d’ailleurs au Centre anti-cancer Pierre et Marie Curie d’Alger (CPMC), alors que dans le privé, la pièce défectueuse est ramenée dans des cabas en un temps record », a-t-il signalé tout en relevant que la situation des centres anticancers des wilayas d’Adrar et de Laghouat est peu reluisante. Ils sont confrontés au manque de matériels (accélérateurs) et aux mauvaises conditions de travail du personnel, dont certains n’ont pas perçu leurs salaires depuis huit mois. Il a, par ailleurs, préconisé d’engager une lourde réflexion pour la révision du code des marchés publics et la nomenclature des actes et leurs remboursement. La prise en charge d’un cancer du sein dont les examens biologiques et radiologiques sont souvent à la charge des patients revient entre 300 000 et 5 millions de dinars a-t-il indiqué.

Djamila Kourta

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