L’Algérie, signataire de la convention-cadre de lutte contre le tabagisme de l’OMS, a pris des mesures pour lutter contre ce fléau dans le cadre du Plan cancer pour la période 2015-2019. Quelle évaluation faites ?

Effectivement des mesures ont été prises dans le cadre du comité nationale de lutte contre le tabagisme. Nous avons proposé l’essentiel des articles de loi anti tabac qui existaient déjà pour les introduire dans la nouvelle loi sanitaire promulguée en juillet dernier.

Nous avons également travaillé pour l’élaboration des arrêtés ministérielles et leur promulgation par le ministère de l’Intérieur et le ministère de la santé concernant certaines mesures contenues dans cette loi notamment l’interdiction de fumer dans les espaces publics, la vente aux détails aux mineurs et la vente des cigarettes dans certains magasins. Hélas rien n’a été fait. Les résultats sont en déca de nos attentes par rapport à la sensibilisation contre le tabagisme ainsi que pour l’application des textes d e loi. La convention cadre de l’Oms doit être appliquée avec plus de rigueur et de constance.

Est-ce que ces projets d’arrêtés interministériels sont prêts ?

Oui. Les textes ont été finalisés, signés et remis au ministère de l’intérieur. Nous attendons leur publication qui tarde à venir. Entre temps le comité multi-sectoriel de lutte, de prévention et de sensibilisation contre le tabagisme qui regroupe tous les secteurs ne s’est pas réuni depuis plusieurs mois.

En attendant ces textes d’application, la consommation du tabac augmente de manière significative et cause de nombreuses maladies. Comment peut-on agir pour réduire ces forts taux de prévalence du tabagisme ?

Effectivement, le tabagisme est responsable d’une majeure partie des cancers toutes localisations confondues ainsi que les maladies respiratoires chroniques. L’interdiction de l’usage du tabac dans les lieux public comme cela était déjà prévu par la loi (décret exécutif n° 01-285 du 24 septembre 2001) et autres textes comme la convention cadre de l’OMS.

Mais, il est important que ce comité placé sous l’égide du ministère de l’Intérieur reprenne ses activités. Il est également important que la société civile notamment les associations socio culturelles et les associations des malades agissent envers la population cible à savoir les jeunes chez qui la consommation est en nette augmentation. Le rôle de la société civile dans la sensibilisation est très important et elle plus encline à modifier les comportements

L’arsenal juridique existe mais il n’a pas été efficace contre ce fléau. Pourquoi ?

L’indifférence, la duplicité et le faible engagement des autorités et de la société civile sont à l’origine de la forte prévalence du tabagisme dans de nombreux pays. Un travail doit être effectué en permanence en sein d e la société. Je tiens à dire que la société civile à un grand rôle à jouer et c’est elle qui pourra inciter à travers des campagnes de sensibilisation sur les méfaits du tabac sur la santé, à l’obligation d’appliquer la loi notamment pour les gérants des lieux publics qui doivent se conformer à la réglementation.

Vous présidez le comité sectoriel de lutte contre le tabagisme. Quelle était sa tâche ?

Il était d’abord question de la mise en œuvre des recommandations du plan national de lutte contre le tabagisme qui sera lancé en 2015.

Ces actions portaient essentiellement, sur la plus large sensibilisation possible sur les méfaits liés au tabac en direction du large public en général et des couches les plus vulnérables de la population en particulier. Les diverses enquêtes menées la dernière step wise de l’OMS ont montré que le début de l’intoxication tabagique commence à l’adolescence, mais qu’il existe une tendance à la diminution de la consommation tabagique après 50 ans.

Cette stratégie d’information et de sensibilisation du public portera sur les risques et les dangers pour la santé de la consommation de tabac, et l’exposition à la fumée de tabac. Les adolescents et les jeunes, les adultes, les femmes sont les plus ciblés. Mais jusque là le comité est gelé et beaucoup de choses restent à faire.