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Le quotidien d'Oran | Algérie | 05/03/2019
Abdelouahab Kerrar, président de l'Union Nationale des Opérateurs de la Pharmacie (UNOP) estime qu'il faut réviser les prix des médicaments, car les prix actuels sont gérés par un décret qui date de 1998. Il a expliqué, hier lundi, à la radio nationale que « depuis les choses ont changé, il y a eu des investissements importants, le pays couvre plus de 50% de ses besoins, et il faudrait que les prix s'adaptent à cette nouvelle situation. » Selon M. Kerrar, « il y a une grande confusion dans l'esprit des Algériens et opérateurs entre le prix du médicament et le remboursement, le prix ne devrait pas souffrir du problème de la Sécurité sociale.
« Ce n'est pas seulement un enjeu social, mais également un enjeu économique, d'emplois de centaines de milliers de jeunes universitaires que l'accès des Algériens aux soins », a-t-il dit. Il a expliqué qu'en matière de médicaments, l'Algérie a trois objectifs : « assurer l'accessibilité aux soins, mettre à la disposition des malades des médicaments de qualité, et installer une industrie forte, performante et de qualité, ce qui nécessite des investissements importants. » En outre, « il faut assurer l'équilibre entre ces trois niveaux en faisant des ajustements permanents et chez nous, il n'y a pas eu ces ajustement, vu la croissance fulgurante qu'a connu ce secteur durant les dix dernières années. » M. Kerrar a démenti, d'autre part, que les producteurs ne prennent pas en considération les besoins des malades, soulignant que « nous prenons en considération cet aspect, on connaît les problèmes des Algériens, nous tenons à ce système de sécurité sociale et de solidarité », ajoutant que : « nous avons réussi à baisser les prix grâce à la production, nous avons réussi à employer des milliers d'Algériens. » Cependant, il a fait remarquer que « c'est dommage que les coûts de revient montent alors que les prix des médicaments sont en train de baisser », avant de prévenir qu' « il y a un déclin de cet industrie, un essoufflement, qui se traduirait par un retour à la case importations. » Le président de l'UNOP a, par ailleurs, affirmé qu' « il y a 10 ans, on a fabriqué des médicaments pour 450 millions de dollars, l'année passée, on a produit pour 2 milliards de dollars, et à titre de comparaison, la Tunisie et le Maroc ont produit entre 800 millions de dollars et 1,1 milliard de dollars. « On fabrique deux fois plus que le Maroc et la Tunisie », a-t-il affirmé, préconisant que les besoins du marché national doivent être couverts « par la production nationale plutôt que par les importations ».
M. Kerrar a précisé que sur 720 millions de boîtes consommées, « 470 millions sont fabriquées en Algérie. Je pense qu'il y a probablement certaines choses à redire, mais globalement les standards de fabrication sont d'un niveau assez élevé, qui n'a rien à envier à certains pays. » « La production nationale a bénéficié d'un certain protectionnisme de l'Etat qui a donné ses fruits », a-t-il souligné et « on est arrivé à une période où il faut, réellement, un second souffle et parler des prix des médicaments. » « L'Algérie continuera à importer certains types de médicaments », a-t-il tenu à préciser, avant de rappeler que l'Algérie consomme 78 dollars par habitant et par an, alors que la moyenne mondiale est de 700 dollars par habitant et par an. En outre, il estime que « les prix des médicaments, en Algérie, sont parmi les plus bas au monde, par rapport à la France, l'Espagne, la Grèce, la Turquie, le Maroc ou la Tunisie, » selon une étude. « Ils sont les plus bas par rapport aux prix des bandelettes glycémiques, et cet argument, qui a été toujours avancé pour demander aux producteurs de ne pas demander de révision des prix, est battu en brèche par cette étude. » Cette augmentation des prix « est raisonnable entre 2 et 3 % », selon M. Kerrar. Enfin, il a estimé que l'Agence nationale du médicament est « très peu efficace, avec des moyens rudimentaires. »
Yazid Alilat
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