Le nombre de cas de diabète ne cesse d’augmenter. L’Algérie enregistre, selon les résultats de la dernière étude Step Wise OMS lancée en 2017 par le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, près de 5 millions de diabétiques. Une augmentation liée directement à l’obésité, le vieillissement de la population et la sédentarité. Il s’agit d’un problème sérieux de santé publique, sachant que les complications à long terme sont nombreuses et surtout coûteuses.

La fiabilité des mesures glycémiques, permettant d’adapter les traitements du diabète de type 1 et de type 2, est désormais une exigence des spécialistes.

L’équilibre glycémique constitue la condition primordiale pour un bon suivi d’un patient diabétique. C’est devenu aujourd’hui incontournable, selon le Pr Mourad Semrouni, président de la Société algérienne de diabétologie. « Ce qui permet d’éviter ou retarder de graves complications du diabète qui se traduisent par l’atteinte de certains organes nobles », a indiqué le Pr Semrouni. Et de préciser : « Il est primordial d’avoir des appareils fiables et certifiés Iso 2013 avec des bandelettes qui répondent aux normes internationales. Qui contrôle ces innombrables appareils mis sur le marché ?

Est-ce que ces appareils sont réellement soumis à l’accréditation par les organismes spécialisés en la matière, tels que l’Institut algérien de normalisation (Ianor) ? » Il soulève également le problème lié à la fabrication locale des bandelettes. Et de s’interroger : « Est-ce que les usines dédiées à cette production sont évaluées et les conditions de fabrication répondent-elles aux normes internationales, notamment ISO 2013 et Iso 2015 ? La fabrication des bandelettes, qui relève de la haute technologie, exige des caractéristiques très spécifiques à ce type de produits. Les structures de fabrications sont-elles conformes aux normes internationales et qui valident ces produits ? »

Les nouveaux produits pour l’auto- surveillance glycémique mis actuellement sur le marché national suscitent de nombreuses interrogations, voire les inquiétudes des professionnels de la santé et des malades diabétiques. L’auto surveillance doit se faire avec des appareils et des bandelettes de qualité, d’où l’importance de la fiabilité. Ce qui permet d’adapter les traitements. « Si les valeurs ne sont pas exactes, elles pourraient nous amener à la sur utilisation de l’insuline, ce qui peut être dangereux pour les patients.

C’est pourquoi nous insistons sur la qualité de ces bandelettes et des glucomètres pour avoir des mesures les plus proches de la glycémie veineuse. L’Etat doit veiller pour que les malades diabétiques et les professionnels aient des produits fiables en exigeant des producteurs des certificats de conformité établis par des organismes nationaux, tels que Ianor. Avec l’arrivée de nouveaux glucomètres et de bandelettes sur le marché, de nombreux patients sont aujourd’hui désemparés, vu les différentes valeurs enregistrées d’un appareil à un autre. Tous les jours, de nouveaux diabétiques sont diagnostiqués et leur nombre est en augmentation.

En plus du fait que la maladie s’installe et inquiète le malade, s’ajoutent des appréhensions à l’utilisation des ces appareils », s’inquiète le Pr Semrouni. Et de préciser : « Ces écarts de valeurs glycémiques sont effectivement relevés chez des patients suivis dans notre service, qui utilisent ces nouveaux appareils et bandelettes, après avoir utilisé des produits d’importation. Ce qui provoque un déséquilibre et une déstabilisation des patients. D’ailleurs, ils se retrouvent aujourd’hui avec trois à quatre appareils de mesure. Ils ne savent plus sur quel appareil ils doivent se baser.

Ce sont des milliers de glucomètres qui sont jetés à la poubelle », a-t-il ajouté. Des tests ont été en effet réalisés par des professionnels de la santé sur les différents appareils commercialisés sur le marché local. « Sur 5 glucomètres, 3 affichent de fausses mesures glycémiques. Elles s’éloignent des valeurs de la glycémie veineuse. Ce qui engendre des risques d’erreur de diagnostic et thérapeutique », relève le président de la Sadiab. Et de revenir sur l’importance du contrôle glycémique qui est fondamental et précis : « Ce qui justifie l’utilisation de réactifs sensibles avec une marge la plus basse possible, sachant que l’écart entre la glycémie veineuse et la glycémie capillaire ne doit pas dépasser (plus ou moins) 0,15 g/l. »

Du côté de l’Institut algérien de normalisation (Ianor), aucune demande de certification des dispositifs médicaux n’a été déposée à son niveau. « L’Ianor n’a certifié aucun appareil à usage médical. L’organisme est pourtant habilité à le faire, car il est membre de l’ISO qui lui permet de procéder à l’accréditation, selon les normes ISO. Comme il est aussi habilité à accréditer ou à valider selon les normes algériennes », nous confie une source.