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Revue de presse

Manque de coordination, de moyens matériels et humains : Les urgences médico-chirurgicales sous la loupe

El Watan | Algérie | 27/01/2019

Des propositions sont à l’étude pour réduire la surcharge sur les pavillons des urgences. Absence de moyens matériels et humains, manque de structures adéquates pour la prise en charge des patients, mauvais accueil, manque de tri des cas urgents, insuffisance des plateaux techniques, absence de coordination entre les différents services, panne des machines, notamment en radiologie, dans les plus grands centres hospitaliers.

Tel est le constat fait, la semaine dernière, par les professionnels de la santé et les responsables des structures hospitalières des pavillons des urgences médico-chirurgicales dans la capitale, lors des deux journées organisées par la direction de la santé et de la population.

Un tableau noir que l’on retrouve dans les différentes villes du pays. Un diagnostic auquel un traitement urgent s’impose, car « ce n’est plus possible de travailler dans de telles conditions », lâche un praticien qui fait face quotidiennement à des conditions lamentables ne permettant pas de sauver des vies. « Nous arrivons à traiter des enfants, des jeunes et des personnes âgées avec les moyens du bord et parfois archaïques. Il arrive que je demande un téléthorax dans le cadre de l’urgence, mais il n’est pas fait car la radio est en panne. On ne peut pas se permettre ce genre de défaillance, car les malades sont entre nos mains et relèvent de notre responsabilité », a-t-il ajouté.

Et de signaler que « la situation est catastrophique ». Un médecin inspecteur pique une crise et s’interroge sur la démobilisation totale des administrateurs et du personnel médical et paramédical dans les hôpitaux. « Où sont les professeurs en médecine qui sont à cheval sur la prise en charge urgente et adéquate des malades pour s’enquérir de l’état de santé des malades hospitalisés ? Où sont les maîtres-assistants, qui sont censés encadrer et accompagner les résidents face aux urgences qui constituent pour eux le terrain d’apprentissage et de l’acquisition des compétences tant qu’ils sont épaulés par leur supérieur et rassurés de ne pas être à côté du diagnostic ?

Ils sont souvent accrochés à leur téléphone qu’ils payent de leur poche, à la recherche d’une information et d’un éclairage par rapport à une situation qui se présente à eux, car le responsable hiérarchique est absent ! Ils sont livrés à eux-mêmes. Telles sont toutes les entraves au bon déroulement des urgences, auxquelles s’ajoute le manque de moyens matériel et humains. Il est temps de se mettre au travail pour une bonne gestion des flux.

Des rapports ont été transmis à la tutelle, mais en vain », a-t-elle relevé, et de signaler : « C’est tout cela qui a fait que les médecins n’en peuvent plus. C’est le burn out total. Ils ont eux aussi besoin d’une prise en charge psychologique », a-t-elle suggéré. « Les plaintes des citoyens sont tout à fait légitimes lorsque les conditions ne s’ y prêtent pas, mais de leur côté, des efforts doivent aussi être fournis. Ce n’est pas normal d’admettre un malade avec 10 accompagnateurs qui demandent tous à renter dans les salles de consultation. Cela doit être également réglé définitivement », relève un praticien qui plaide pour une réorganisation de ces services d’urgence avec l’implication du personnel médical et paramédical.

Revenant justement sur l’importance de l’organisation des urgences, en rappelant que les premiers à avoir mis en place cette organisation sont les Canadiens, le Pr Labaci Fatima, chef de service des urgences au CHU de Bab El Oued, signale qu’« il n’ya pas de normes à l’intérieur des services des urgences. Ces normes sont bien définies au niveau international. Elle sont classées en cinq niveaux, dont le premier est au triage, qui constitue un premier niveau de soins dont le but est d’aller vers un processus dynamique qui permette de placer le malade là où il faut, lui prodiguer les soins qu’il faut.

Le triage diminue justement le taux de mortalité », nous a confié le Pr Labaci, avant de préciser que cette échelle de triage doit être affichée dans le service des urgences pour le public, qui doit prendre connaissance des délais d’attente selon les urgences qui sont classées sur cinq niveaux, dont l’urgence extrême (U1), l’urgence immédiate (U2), l’urgence très urgent (U3), l’urgence (U4) et le moins urgent (U5).

Ces derniers paliers sont normalement automatiquement orientés vers des structures de proximité pour une prise en charge adéquate, ou bien s’ils préfèrent rester aux urgences dans un CHU, ils doivent attendre le temps qu’il faut, a-t-il indiqué. Les participants à ces deux journées étaient unanimes à dire que les services des urgences médico-chirurgicales sont très loin des normes et elles ne répondent plus aux besoins de la population qui se bouscule de jour comme de nuit pour être soulagé.

Une réelle surcharge pèse sur ces pavillons des urgences, alors que des polycliniques à vocation H24 restent moins fréquentées par le flux des malades. Il est temps, a souligné le Pr Zidouni, chef de service des maladies respiratoire au CHU de Beni Messous et coordinateur des travaux de ces deux journées, de réactiver ces structures et de faire travailler leurs personnels. Une des propositions parmi d’autres émises pour mettre fin à ce marasme et définir un schéma organisationnel pour une nouvelle stratégie de prise en charge.

Une approche plutôt basée sur les ressources humaines qui font aujourd’hui défaut. La communication, l’information et la sensibilisation ont également leur place dans de schéma organisationnel pour arriver à adapter le processus de hiérarchisation des soins. Ce que souhaitent vivement les praticiens et les citoyens qui, ensemble, font face à d’énormes difficultés à soigner et à se faire soigner. Un cri d’alarme pour lequel ils souhaitent avoir une attention et qui sera suivi de nouvelles mesures urgentes pour sauver les urgences.

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