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Revue de presse

Un phénomène inquiétant selon le conseil de l'ordre : L'exode des médecins algériens vers l'étranger s'accélère

Le quotidien d'Oran | Algérie | 22/01/2019

Le secteur de la santé publique fait face depuis plusieurs années à un exode massif des médecins algériens, qui a été accéléré par la dernière grève des médecins résidents de 2018 à l'appui de revendications sociales et professionnelles non satisfaites par le ministère de la Santé. Et, au phénomène des "harraga", devenu un véritable casse-tête pour les autorités en dépit de la promulgation d'un arsenal juridique coercitif, il y a actuellement sur la table du gouvernement l'autre face de cet exode des jeunes, celui des médecins formés et "prêts à l'emploi", qui partent par milliers vers des pays d'accueil, dont la France, l'Allemagne, le Canada et les pays du Golfe.

Durant l'année dernière, il y a eu près de 4.000 départs de médecins algériens notamment vers la France, qui a mis en place un décret exécutif le 22 novembre 2017 modifiant le code de santé publique en y introduisant une section qui permet aux médecins et chirurgiens-dentistes étrangers d'obtenir une autorisation temporaire d'exercice.

Pour le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l'ordre des médecins, ces départs sont motivés "en général par un climat qu'ils pensent ne pas être à la hauteur de leurs attentes". "La fuite des cerveaux est une caractéristique de tous les pays en voie de développement", estime t-il, avant de relever que "dans notre pays, cela touche depuis un certain temps les médecins pour des raisons multiples, car ils ne sont pas considérés à leur juste valeur, leurs attentes sont déçues". Le Dr Bekkat Berkani affirme que "malheureusement, nous avons tendance à minimiser le phénomène, qui prend de l'ampleur depuis un certain temps", car "on se trouve devant un phénomène nouveau, d'autant qu'il y a un besoin dans d'autres pays et ils ont des facilités pour s'installer ailleurs".

Les médecins qui sont partis ou ceux qui préparent leur départ "considèrent qu'ils ne sont pas jugés à leur vraie valeur, et donc il faut établir un dialogue, car il y a une incompréhension". Le président du Conseil national de l'ordre des médecins estime qu'il faut "une discussion qui doit se faire à tous les niveaux, notamment pour améliorer leurs conditions de travail, de vie et d'enseignement. Il faut ouvrir le dialogue avec eux".

L'autre raison qui fait que les médecins algériens préfèrent partir est qu'ils sont mal considérés dans le service public, ils sont agressés dans les hôpitaux, aux services des urgences, il n'y a pas de matériels dans les hôpitaux, pas de progression professionnelle des médecins,... "Il faut éviter, selon lui, que les médecins ne sombrent dans la désespérance".

Il a rappelé qu'en France, il y a près de 15.000 médecins algériens, dont 5.000 sont installés régulièrement et 10.000 travaillent dans les urgences et dont la situation administrative est en voie de règlement. "Il y a aussi des médecins algériens installés en Allemagne, mais également dans les pays du Golfe qui les emploient comme des ouvriers", affirme-t-il encore. Le président du Conseil national de l'ordre des médecins estime en outre qu'"il faut que les autorités puissent prendre langue avec cette intelligentsia, qui est en train de nous quitter, qui a été formée à grands frais et qui va exercer fatalement ses talents ailleurs". "Par conséquent, il faut les écouter et faire des propositions dans un cadre de dialogue plus large, car il y a actuellement une espèce de paralysie totale de ce que devrait être la santé publique en Algérie", explique-t-il encore. Affirmant que "nous avons tendance à former pour les autres", le Dr Bekkat Berkani ajoute que "si les médecins algériens s'en vont, c'est qu'il y a un problème non résolu, et c'est une situation qui doit nous inquiéter, car il y a des gens prêts à l'emploi qui vont dans d'autres pays". Pour lui, il faut "tout revoir" au sein du système de santé algérien, à commencer par des textes d'application pour la nouvelle loi sur la santé et, surtout, "des changements et une réforme du secteur".

Yazid Alilat

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