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Revue de presse

4000 médecins candidats au départ en 2019 : Les hôpitaux se vident

El Watan | Algérie | 16/01/2019

Le président du Conseil national de l’Ordre des médecins, le Dr Mohamed Bekkat Berkani, appelle les autorités à agir face au départ massif des médecins spécialistes algériens à l’étranger et particulièrement en France. Un cri d’alarme que lance l’Ordre des médecins, vu que les hôpitaux publics sont actuellement dépourvus de médecins spécialistes, toutes spécialités confondues.

Les demandes de démission se multiplient dans tous les hôpitaux et ce sont les spécialités dont le besoin est réellement exprimé qui sont les plus concernées. Si certains spécialistes optent pour des cliniques privées qui poussent comme des champignons, les autres préfèrent quitter le pays et aller soigner les étrangers dans leurs pays.

Chaque année, le nombre des candidats au diplôme de formation médicale spécialisée (DFMS), au diplôme de formation médicale spécialisée approfondie (DFMSA) et aux épreuves de vérification des connaissances (EVC) proposés par la France augmente considérablement.

D’ailleurs, la campagne de candidatures 2019-2020 relative aux deux diplômes pour la rentrée de novembre 2019 a été clôturée hier, 15 janvier, dernier délai pour le dépôt des dossiers. « Près de 4000 candidats médecins spécialistes ont postulé cette année pour le départ à l’étranger. Le Conseil de l’Ordre est pris d’assaut pour leur délivrer les attestations d’exercice et les certificats de bonne conduite professionnelle exigés dans le dossier.

Il s’agit d’une véritable saignée à laquelle il faut réellement réfléchir et trouver des solutions. Cette volonté de départ est devenue chronique, non pas seulement vers la France mais pour d’autres destinations. L’Allemagne est également un pays recruteur de ces compétences médicales.

Les pays du Golfe sont également preneurs et des officines chargées de faire des entretiens sont en Algérie. Il est temps d’agir et d’ouvrir le dialogue avec ces médecins et se mettre à leur écoute », soutient le Dr Bekkat, tout en regrettant le silence des autorités face à cette saignée gravissime de la future élite.

Pour le président de l’Ordre des médecins, il est temps de s’interroger sur les motivations de ces départs chroniques, ouvrir le dialogue et tenter de retenir cette grande masse qui ne peut être qu’utile pour l’Algérie. « Le mouvement de grève des médecins résidents a révélé, entre autres, le grand marasme que vit le médecin algérien. Les revendications étaient légitimes et cela explique d’une certaine manière le désir de partir pour être mieux considéré ailleurs », ajoute-t-il, tout en rappelant que le nombre de médecins spécialistes installés en France avoisine les 15 000.

« La France accueille de la matière première à bas prix », déplore un professeur en médecine, qui regrette « le silence complice des autorités algériennes face à cette hémorragie de l’élite que représentent les médecins spécialistes. Nos hôpitaux ont besoin de tous ces spécialistes qui sont attirés par les pays européens et autres.

Qui soignera demain notre population ? Nous allons être confrontés à une situation désastreuse dans les prochaines années », souligne-t-il. Et d’affirmer avoir signé les attestations de validation du cursus avec l’aval du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique à de nombreux médecins spécialistes fraîchement diplômés pour partir.

« Les arguments avancés par ces candidats au départ sont certes légitimes, mais nous devons penser à notre pays », déclare-t-il. Il dit ne pas comprendre cet « anachronisme » affiché par nos autorités qui « se plaignent du manque de médecins dans le sud du pays, mais ne font rien pour limiter cette ruée vers l’Europe, notamment la France. Il est temps de réfléchir sérieusement à cette problématique et penser à une coopération donnant-donnant », ajoute-t-il. Et de s’interroger « si ce n’est pas le laxisme affiché qui encourage ces départs ? »

Cette tendance se confirme de plus en plus eu égard aux dernières listes de praticiens admis aux épreuves de vérification des connaissances (EVC) et du diplôme de formation spéciale (DFMSA) qui dépassent le nombre de nouveaux médecins spécialistes restés en Algérie.

La dernière liste des praticiens admis aux EVC publiée le 14 décembre 2018 par le Centre national de gestion des praticiens hospitaliers et des personnels des directions de la Fonction publique hospitalière (CNG) confirme encore une fois cette hémorragie incontrôlée des médecins spécialistes vers la France. Le même organisme relève que sur 100 nationalités représentées en 2016, 41,81%, soit 2572 candidats viennent d’Algérie, dont 52,1% de femmes.

Ils représentaient 39,97% en 2015, 14,6% en 2014, et sont suivis par les candidats originaires de Tunisie avec 16,8% en 2016, soit 1036 candidats ; le Maroc 243 candidats et les candidats de nationalité française avec 19,4%.
Le décret de novembre 2017 publié dans le Journal officiel français consacrant une autorisation temporaire d’exercice de deux ans renouvelable aux médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes étrangers à exercer en France a été également un levier pour de nombreux médecins algériens à tenter l’aventure.

Pour rappel, plus de 10 000 médecins algériens exercent dans les hôpitaux français, ce qui représente 25% du total des médecins étrangers (au nombre de 40 354) en activité régulière, selon une étude du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) de France, rendue publique en novembre 2014. « Sur les 10 000 praticiens algériens recensés en France, seuls 27,1% d’entre eux sont diplômés en Algérie. Selon la même étude, les médecins algériens représentent 41% des psychiatres, 36,9% des ophtalmologues, 15,7% des gynécologues et 21,5% des chirurgiens étrangers », précise l’étude.

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