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Le jeune indépendant | Algérie | 14/11/2018
Malgré l’entrée en vigueur officielle de la nouvelle loi relative à la santé, adoptée et publiée au dernier Journal officiel, son application reste tributaire des textes y afférents. Le travail, selon le ministre de la Santé, a déjà commencé. Les professionnels de la santé qui, pour leur part, revendiquent un projet consensuel, espèrent leur adhésion.
Considérée par les professionnels de la santé comme une avancée positive pour le secteur, cette loi reste tout de même lourdement critiquable. « La loi est aujourd’hui là et elle aurait gagné à être plus consensuelle. Dans l’impossibilité de la changer, on espère que les responsables du secteur auront la clairvoyance de faire participer les professionnels de la santé dans l’établissement des textes d’application », a indiqué, hier, le président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), le docteur Mohamed Yousfi, lors du forum d’El Mihwar El Yawmi animé conjointement avec le docteur Lyes Merabet du SNPSP et Mustapha Cherif du SAP. Le docteur Yousfi a exprimé le souhait des praticiens spécialistes de participer à cette étape cruciale, avant de parler du système de santé qui, selon lui, est défaillant, car il y a absence d’une vraie politique de gestion de ce système de santé. Il évoque ainsi nombre de dossiers restés en suspens, notamment celui du statut particulier. L’urgence du secteur de la santé est dans l’élaboration des textes d’application, a affirmé le Dr Yousfi. Motivé par la crainte de ne pas être associé à la mise en place de ces textes, il appelle à ce qu’ils voient le jour rapidement. « Certes, nous ne sommes pas d’accord sur la totalité des points du projet de la loi sanitaire, mais il faut avouer que dans la procédure nous n’avons jamais atteint ce niveau, soit la fin de la procédure ». Enumérant les revendications de son syndicat concrétisées à ce jour, le président du SNPSSP reconnaît que toutefois d’autres points restent à réaliser, particulièrement l’amendement du statut particulier. « Nous aspirons à ce qu’à travers les textes d’application nous puissions mettre en place un système de santé de qualité pour une meilleure prise en charge des malades », dit-il.
Pas de complémentarité entre le privé et le public
Pour le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Dr Lyes Merabet, dès la programmation du projet de loi à l’APN l’avis du syndicat qu’il représente a été clairement et largement exprimé et expliqué. Il a tenu à attirer l’attention sur l’orientation dangereuse des tenants du pouvoir, portant sur la privatisation de façon progressive du secteur de la santé, sous couvert de « la complémentarité entre les secteurs privé et public dans les prestations de santé offertes au citoyen ». « Dans cette nouvelle loi désormais publiée, il y a une orientation politique claire vers la privatisation du secteur de la santé en fragilisant la structure publique dans le système », a indiqué le Dr Merabet, soulignant que « cela se fait sur trois niveaux qui sont : la faible rémunération des professionnels du secteur public, la réduction du financement de l’Etat des établissements publics de santé et l’élargissement des attributions (des activités) du privé dans le système de santé ». Pour le Dr Merabet, la complémentarité n’a aucun sens dans l’état
actuel de notre système de sécurité sociale. Il estime qu’avant de parler sur la réforme du système de santé, il faut parler sur celle de la sécurité sociale. « Cela doit passer par des audits qui doivent s’intéresser à la gestion des fonds mobilisés à travers les cotisations des travailleurs et les moyens de renforcer le financement du système de santé par la CNAS », a-t-il estimé.
« Nos caisses sont à bout de souffle, incapables de couvrir le niveau actuel des dépenses affectées aux soins. Je dis actuel, car à ce jour la CNAS prend en charge ces dépenses en tenant compte de la nomenclature des actes et de la tarification de 1987, soit celles d’il y a 30 ans », a-t-il expliqué. Pour lui, la complémentarité n’a aucun sens, tant que sur le terrain elle ne trouve pas les conditions et les mécanismes de sa mise en place. Voulant être plus explicite, le président du SNPSP a fait savoir que la CNAS prend en charge une partie des frais de l’assuré social et de ses ayants droit. « Les actes médicaux dans le privé ne sont pas pris en charge, alors qu’actuellement beaucoup de soins, d’examens complémentaires, d’interventions chirurgicales se font chez le privé. Même si on est assuré, on est obligé de payer sans être remboursé », a-t-il encore expliqué.
30 000 paramédicaux sans diplôme
Le représentant du SAP, Mustapha Cherif, a pour sa part évoqué les difficultés dont souffrent les paramédicaux qui exercent, selon lui, dans des conditions lamentables. Il avance le chiffre de 30 000 paramédicaux, entre autres des infirmiers, des sages-femmes et des réanimateurs qui exercent leurs fonctions sans diplôme. L’interlocuteur dit regretter « le manque de sincérité et l’absence de prise de décision à même de conforter la corporation paramédicale dans ses revendications ». Il relève, par ailleurs, ce qu’il qualifie de « mauvaise volonté de la tutelle » et déplore « l’absence de la moindre lueur palpable venant satisfaire aussi peu soit-il les revendications du SAP ». Mustapha Cherif fait ainsi état d’un blocage délibéré dans l’ouverture du plan de carrière de la corporation paramédicale et des sages-femmes. Concernant le reste des points contenus dans la plateforme de revendications, il réclame, entre autres, la participation du SAP à l’élaboration des textes d’application et à bénéficier aussi de la retraite proportionnelle et sans conditions d’âge mais également du système de formation LMD.
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