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El Watan | Algérie | 11/03/2007
La moitié de ces amputations des membres inférieurs pourrait être évitée, selon les spécialistes, moyennant un dépistage et des soins adéquats. « Les lésions de pied constituent entre 15 à 20% des motifs d’hospitalisation en service de diabétologie », a-t-on indiqué au service de diabétologie au CHU de Bab El Oued (ex-Maillot) à l’occasion de la Journée d’information et d’éducation sur le pied diabétique organisée par le service le 3 mars.
« La gangrène et l’amputation sont un stress majeur pour le patient et sa famille et tout le personnel soignant », ont souligné les praticiens. Les facteurs prédisposant sont, selon eux, le tabac, l’hypertension artérielle (HTA), l’hyperglycémie, la dyslipidémie, la sédentarité et le stress, en affirmant que le risque de lésion du pied est présent en cas d’atteinte des nerfs ou artères. « Au moindre traumatisme, une lésion apparaît. Le patient ne la sent pas, elle évolue très vite, aucune lésion ne doit être négligée », a-t-on expliqué. Les spécialistes assurent toutefois que la prévention est « possible quel que soit le stade de la lésion ». On estime qu’en assurant une prise en charge et des soins de base, jusqu’à 80% des amputations du pied peuvent être évités chez les diabétiques.
Concernant le coût de la prise en charge, les praticiens affirment qu’il est « très élevé » en précisant que « 50 à 85% des lésions peuvent être évitées ». Selon eux, le traitement d’un ulcère de pied varie de 7000 à 10 000 dollars et le coût d’une amputation oscille entre 40 000 et 65 000 dollars, soit entre 2 880 000 et 4 680 000 DA, « l’équivalent d’un salaire d’un médecin et d’un infirmier pendant 5 ans », a fait remarquer le Dr Bouzid du service de diabétologie au CHU de Bab El Oued. D’après ces mêmes spécialistes, il existe des solutions économiques et de faible technicité pour éviter l’amputation du pied et de la jambe chez les diabétiques.
Des gestes simples pourraient être encouragés comme surveiller régulièrement l’état des pieds, vérifier l’intérieur des chaussures avant de les mettre, éviter de marcher pieds nus, porter des chaussures confortables, veiller à l’hygiène des pieds et maintenir la peau et les ongles en bon état. « La prévention est simple et peu onéreuse, elle relève du bon sens. Elle réduit le taux d’amputation, la durée de séjour, les consultations d’urgence, la prescription médicamenteuse et le nombre de congé de maladie », a-t-on ajouté, d’autant que dans ce contexte, les praticiens recommandent aux diabétiques une série de mesures d’hygiène, notamment de se laver les pieds quotidiennement à l’eau tiède et au savon et de bien essuyer entre les orteils.
Il leur est également conseillé de ne jamais marcher pieds nus, de signaler immédiatement toute lésion ou coloration suspecte du pied et surtout d’éviter le henné qui peut masquer les lésions et peut être source d’infections, lors de son application. Les diabétiques sont de plus tenus de changer quotidiennement de chaussettes, de se limer les ongles plutôt que de les couper et de ne pas porter des talons de plus de 5 cm. Selon une étude du service de diabétologie de l’hôpital, 63% des patients dépassent un mois d’hospitalisation. Seulement 20% des malades traités viennent du secteur de Bab El Oued, 55% de la capitale et 23% (1/3) viennent des wilayas limitrophes, distantes de 500 km.
« Ces déplacements sont inutiles et retardent une bonne prise en charge pour 80% d’entre eux », ont relevé les praticiens. Dans le but d’une meilleure prise en charge des patients, l’équipe médicale du service de diabétologie a souligné l’intérêt d’une unité de prévention et de recherche sur le pied du diabétique. L’objectif de cette unité est de réduire la prévalence de l’amputation d’au moins 50% ainsi que le coût de la prise en charge du pied du diabétique.
Des vies humaines qui sont gâchées
On estime à plus de 170 millions le nombre de diabétiques dans le monde, chiffre qui devrait doubler d’ici 2030. Le diabète et ses nombreuses complications pèsent lourdement sur la santé des populations et les économies des pays du monde entier. Dans les pays à haut revenu, par exemple, le traitement des complications du pied représente 15 à 25% des ressources consacrées aux soins pour les diabétiques, selon l’OMS. « Ce ne sont pas seulement de précieuses ressources du secteur de la santé publique mais des vies humaines qui sont ainsi gâchées », note-t-on.
Le diabète sucré est une maladie chronique due à une sécrétion insuffisante d’insuline ou à une réaction insuffisante de l’organisme à l’insuline produite. Cette insuffisance se traduit pas une augmentation de la glycémie (concentration de glucose dans le sang), qui provoque à son tour des lésions dans nombre de systèmes de l’organisme. Le problème du « pied diabétique » apparaît à la suite d’altérations des vaisseaux sanguins et des nerfs qui peuvent évoluer vers l’ulcération et nécessiter l’amputation du membre atteint.
Djamila Kourta
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