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Le quotidien d'Oran | Algérie | 13/09/2018
La réapparition de foyers de choléra, et des dizaines de cas confirmés, ainsi que le décès de deux personnes, est due essentiellement au manque d'hygiène et de prévention de telles épidémies, a estimé hier mercredi le Dr Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l'ordre des médecins. Il a expliqué à la radio nationale qu' »effectivement on a été surpris par la réapparition de ce genre d'affection devenue une épidémie dans le centre du pays ».
C'est en fait une maladie parfaitement oubliée, mais liée à son environnement, qui s'est passablement dégradé, souligne le Dr Bekkat Berkani selon lequel c'est une maladie à transmission hydrique, cela passe dans l'eau et contamine les gens, qui boivent cette eau, et probablement on n'a pas fait ce qu'il fallait. Et puis, relève-t-il, nous sommes passés à des seuils d'intoxication importants, cela bat son plein en été, pendant l'aïd et les congés. On ne pouvait pas en l'absence d'examens valables faire des diagnostics (sur cette épidémie, NDLR), car il fallait faire un travail de prévention, de recensement des points d'eau pour savoir le degré de contamination de ces points d'eau et éviter la propagation de cette maladie au niveau local. La semaine dernière, le ministre de la Santé Mokhtar Hazbellaoui avait affirmé lors d'une conférence de presse que l'épidémie de choléra était maîtrisée. La situation, comme les experts l'ont présentée, est maîtrisée et le dispositif de prévention sera maintenu jusqu'à la compréhension des causes réelles de cette urgence sanitaire qu'a connue notre pays et jusqu'à ne plus avoir aucun cas suspect, a-t-il ajouté. Bilan officiel: deux morts et des dizaines d'hospitalisations entre le début et la fin août dernier.
Le Dr Bekkat Berkani impute la réapparition du choléra à l'absence de prévention. Et il y a le comportement du citoyen, les autorités locales, les communes, les bureaux d'hygiène, qui ne contrôlent pas, il y a les fruits et légumes arrosés par des eaux usées, et l'absence de prévention fait qu'il y a éclatement de ces maladies moyenâgeuses, oubliées. Pour le président de l'ordre des médecins algériens, ces maladies sont une véritable plaie dans un pays, qui a des potentialités et qui essaie de parer à des affections plus graves, alors qu'on aurait pu aisément se passer de cette affection avec un minimum de propreté. Il y a également, quelque part, une grosse responsabilité des pouvoirs publics, qui n'ont pas mis en place une agence de prévention des pandémies, estime-t-il encore. Il n'y a pas une agence de veille sanitaire, et nous avons fait état de cet oubli d'une agence de veille essentielle il y a quelques années, réitéré cela lors des débats sur la loi sanitaire, mais on n'a pas été entendus. Une telle agence étudie toutes les situations de propagation des maladies épidémiques, virales ou à transmission hydrique, qui nous donne la situation exacte sur tout le territoire national par rapport aux recommandations des agences internationales, souligne t-il, avant de relever dans les premiers jours de la propagation de la maladie qu'on a fait parler le langage des experts, qui ont fait peur à la population, qui ne savait pas quoi faire face à ce fléau, alors qu'il fallait donner des recommandations pratiques. Pour lui, cette agence a été préconisée par les spécialistes, et il y a actuellement seulement l'agence de prévention du ministère, et c'est insuffisant dans ce cas. En fait, estime t-il, le problème n'est pas la tutelle, mais une telle agence doit comporter plusieurs spécialités avec une autonomie de gestion et donner ses conclusions au plus haut niveau sur la situation épidémiologique et la conduite à tenir face à ce genre d'épidémies. Dès lors, le Dr Bekkat Berkani préconise qu'il y a un effet préventif à prendre en charge. Il ne faut pas que cela devienne conjoncturel, mais la propreté doit être une seconde nature, il y a la propreté de l'environnement, il y a aussi l'état de saleté dans lequel se débattent nos villes, et maintenant nos campagnes. En définitive, et face au manque d'hygiène et de prévention, il estime que nous ne sommes pas à l'abri d'une quelconque affection moyenâgeuse, et ce en baissant la garde et qu'on arrive à des situations inconnues en Algérie. Le grand danger, selon lui, est qu'il y a manquement aux règles d'hygiène au niveau des collectivités locales. Et, s'il considère que cette épidémie n'est pas un échec de la politique sanitaire, relevant qu'on ne peut parler d'échec, avant de préciser que c'est pour nous un signal d'alarme, car quelque part notre système de santé est à l'arrêt, et donc il faut penser à des organes de prévention et décentraliser les solutions, qui doivent être trouvées localement. Enfin, il a préconisé une réorganisation de nos structures sanitaires.
Yazid Alilat
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