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El Moudjahid | Algérie | 08/07/2018
Le service ophtalmologie de l’unité Belloua, relevant du Centre Hospitalo-Universitaire (CHU) Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou, a repris hier son cycle des greffes de la cornée avec cinq interventions qui s’étaleront sur deux jours, a annoncé la direction du CHU, dans un post sur sa page facebook
Le service ophtalmologie de l’unité Belloua, relevant du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Nédir-Mohamed de Tizi Ouzou, a repris hier son cycle des greffes de la cornée avec cinq interventions qui s’étaleront sur deux jours, a annoncé la direction du CHU, dans un post sur sa page facebook. « Dans le cadre du programme des greffes mis en place par le CHU Nédir-Mohammed de Tizi Ouzou, le service ophtalmologie de l’unité Belloua reprend son cycle des greffes de la cornée, mardi le 26 juillet, avec cinq premières interventions qui s’étaleront sur deux jours (les 26 et 27 juin) », lit-on dans ce communiqué. Selon ce dernier, les interventions de greffes se dérouleront sous la direction du professeur Djabour, médecin chef de service et son équipe, au bloc opératoire d’ophtalmologie de l’unité Belloua. Les greffons, importés par l’Institut Pasteur des États-Unis d’Amérique, ont été réceptionnés par la pharmacie du CHU, lundi dernier, a précisé la même source, qui a par ailleurs assuré que l’opération des greffes se poursuivra jusqu’à satisfaction de l’ensemble des patients inscrits sur la liste d’attente qui sont au nombre de la quarantaine environ et se déroulera selon un programme établi, à raison de cinq à dix interventions par quinzaine.
Sensibilisation !
Il faut rappeler que la sensibilisation autour du don et de la transplantation d’organes et de tissus à partir de cadavres a fait l’objet de plusieurs rencontres organisées par la Direction de la santé et de la population (DSP). Pour les organisateurs, le but est de sensibiliser les citoyens, et ce en abordant les différents aspects liés à cette pratique qui peine à s’ancrer dans la société au vu du nombre négligeable de greffes réalisées au niveau national. Il y a lieu de mettre en contact les différents acteurs, médecins, citoyens, médias et société civile, pour sensibiliser à cette pratique qui est un moyen de sauver des vies humaines, mais qui demeure objet de réticences pour diverses raisons, notamment socioculturelles. Pratiquée à grande échelle sous d’autres cieux, la transplantation d’organe à partir de cadavres demeure « très timide » en Algérie. Les spécialistes estiment que « les prélèvements sur des personnes vivantes sont à un niveau bas et, sur les cadavres, inexistants ». Parmi les obstacles récurrents rencontrés, on dénombre « la puissance du facteur religieux qui recommande le respect de la dignité du mort ». Un facteur qui pèse encore sur la société et freine le développement de cette pratique, alors même que de nombreux oulémas ont approuvé son caractère licite. « L’esprit de l’islam n’interdit pas la greffe », tranche Saïd Bouizri, enseignant à la faculté de droit de Tizi Ouzou, qui cite plusieurs sourate du Coran, incitant à donner chance et à prêter main-forte à la sauvegarde de la vie. Il cite, également, à ce propos, cheikh Ahmed Hamani, éminent penseur et grande référence religieuse du pays, qui avait autorisé en 1980, par une fetwa, la pratique de la greffe.
La loi ne constitue pas un obstacle
Développant, pour sa part, l’aspect juridique lié à cette pratique, le Pr Brahim Boulassel, chef de service de médecine légale au CHU de Tizi Ouzou, affirme que « l’Algérie s’est engagée dans une optique de transplantation d’organes et de tissus, malgré la lenteur enregistrée dans la mise en place d’un programme cohérent et efficient ».
« La loi ne constitue pas un obstacle aux prélèvements et à la réalisation de greffes, malgré les insuffisances qui peuvent être relevées », ajoute-t-il, assurant, par ailleurs, que la pratique ne peut faire l’objet d’aucune transaction pécuniaire, « toute rémunération ou contrepartie est interdite ».
La pratique de prélèvements et de greffe d’organes est régie par la loi 85-05 du 16 février 1985 et ses différents textes réglementaires d’application complétés par la loi 90-17 du 31 juillet 1990 et deux arrêtés ministériels, le No 29 du 14 juin 2012 qui complète l’arrêté No 30 du 2 octobre 2002, définissent les établissements autorisés à pratiquer cette activité.
Sur le plan éthique et déontologique, le Pr Boulassel insiste sur la complexité et la responsabilité du médecin, appelé à déclarer le décès légal de la personne, pour prétendre à la pratique d’une transplantation. « Il n’existe pas de définition légale de la mort dans les codes civil et pénal, d’où l’importance, la complexité et la délicatesse de l’avis du médecin constatant la mort », explique-t-il, à ce propos. En cas de mort violente, le médecin, poursuit-il, « fait face à une opposition judiciaire et devra se concerter avec l’autorité judiciaire pour rendre sa décision ». Un constat qui doit être fait par deux médecins assistés d’un médecin légiste, soutient-il.
Bel. Adrar/R. S.
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