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Le quotidien d'Oran | Algérie | 11/06/2018
La nouvelle loi sur la santé, actuellement au niveau du Conseil de la Nation, est très coercitive en matière de tabagisme dans les lieux publics et réprime dorénavant sévèrement les contrevenants. C'est ce qu'a indiqué hier dimanche à la radio nationale le Pr Nouredine Zidouni, président du comité multisectoriel de prévention et de sensibilisation sur le tabagisme. Commentant cette nouvelle loi sanitaire, déjà adoptée par les parlementaires, il a souligné que « c'est une percée.
Nous attendions cela avec impatience, car on a élaboré des recommandations qui ont été retenues dans cette loi, dont quatre articles pour l'aspect coercitif. » « Cette loi sanitaire est beaucoup plus précise concernant le tabagisme, elle va au fond des choses, et les dispositions à l'encontre des contrevenants sont bien précisées », a-t-il expliqué, estimant que « c'est une avancée notable dans la protection des citoyens contre le tabagisme. » Pour lui, « il faut amener non seulement les gens à ne pas fumer dans les lieux publics, mais également protéger les citoyens contre le tabagisme ». « Nous souhaitons que la loi soit vraiment appliquée à travers le nouveau texte de loi », a-t-il déclaré.
Il a indiqué par ailleurs, sur la proposition de son Comité pour la mise en place d'un arrêté interministériel pour lutter davantage contre le tabagisme, que « nous voulons décentraliser l'applicabilité de cette mesure aux ministères de l'Intérieur, du Commerce et de la Santé, car on veut responsabiliser les autorités au niveau régional ». « L'autorité qui est en charge d'appliquer la loi est le wali en concertation avec les ministères de la Santé et du Commerce, et la mise en place des brigades mixtes de contrôle avec les corps constitués pour appliquer cette loi. »
Dans le monde, sept millions de personnes meurent chaque année des effets du tabagisme, et près de 15.000 en Algérie. Selon le Pr Djamel Eddine Nibouche, chef de service de Cardiologie à l'Hôpital Nefissa Hamoud (Ex-Parnet) d'Hussein Dey, 47% de la population algérienne fument, dont 20% sont des jeunes.
Une enquête réalisée en 2015 par la Fondation nationale pour la Promotion de la santé et le Développement de la recherche (FOREM), indique que 8% des filles et 39% des garçons fument du tabac au quotidien. Selon la même étude, le cancer du poumon représente 15% de tous les cancers qui affectent l'homme, et a doublé en 25 ans (1986-2010), passant de 11% à 20% pour 100.000 habitants, alors que le cancer du larynx touche 2,5% de sujets. Plus grave, à cause du tabagisme, « il y a en Algérie, 45 morts par jour et 15.000 décès par an », avait révélé le Pr Nibouche. Les inquiétudes du Pr Nibouche ont été entendues, car la nouvelle loi sur la Santé est extrêmement coercitive contre les fumeurs dans les lieux publics. Selon le Pr Zidouni, « il faut mener le combat sur les deux fronts et maintenir la sensibilisation, et être également coercitif, car on est passé à un stade où il faut vraiment sévir. » Pour lui, « il s'agit d'un enjeu majeur de santé publique », car cela va aggraver, précise t-il, « le fardeau de la charge de morbidité que les pouvoir publics doivent combattre contre cette épidémie, qui est en constante croissance ». Il a dans la foulée décrit les ravages du narguilé, la nouvelle mode de consommation de tabac, et « c'est un grand danger de santé publique. Il y a des clubs qui se forment. La consommation de narguilé pendant une heure équivaut à quatre ou cinq paquets de cigarettes, et un sujet peut inhaler jusqu'à dix litres de vapeur. »
Plus concrètement, le Pr Zidouni estime qu'il faut « agir en amont et appliquer la loi, ne pas fumer dans les lieux publics, aider les fumeurs à se débarrasser de ce fléau », avant de souligner qu' « on se propose comme objectif de diminuer de 10% par an le nombre de fumeurs, et aller à 30%, selon les objectifs de l'OMS. »
La nouvelle loi sur la Santé compte 14 articles portant sur les dangers et l'interdiction du tabac dans les lieux publics, et les amendes peuvent aller jusqu'à 5.000 DA. Sur la vente libre de tabac aux mineurs, il a indiqué que « nous proposons dans l'arrêté que nous voulons établir et faire signer par les trois ministres des brigades mixtes de contrôle pour appliquer cette mesure, même si cela sera difficile à appliquer. » Par ailleurs, le Pr Zidouni estime que « la hausse des taxes sur la cigarette ne dissuade pas les fumeurs », avant de relever qu'il faut aller « vers une augmentation progressive du prix du tabac chaque année, et aller au delà des 10% de hausse par an. »
par Yazid Alilat
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