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El Watan | Algérie | 26/02/2007
Résultat : les génériques sont plus chers que les princeps, les produits à grandes doses sont moins chers que les mêmes à faible dose et la facture d’importation atteint des sommes mirobolantes parfois injustifiées. A qui la faute ? Il semble bien que tous les acteurs soient concernés par la pagaille qui règne dans le marché des médicaments. Cela commence par le pharmacien qui préfère vendre un médicament cher afin d’avoir une meilleure marge bénéficiaire et le malade qui n’y voit pas d’inconvénient puisqu’il lui sera remboursé. Du coup, les médicaments à faible coût n’arrivent pas à s’écouler. Le fabricant ou l’importateur proposent, de ce fait, des prix relativement élevés au Comité tenu par le ministère de la Santé.
N’ayant établi aucun paramètre pour fixer les prix, ce comité a la latitude d’accepter ou de refuser les requêtes des laboratoires sans aucune justification. " Il arrive souvent qu’on rejette la demande de fixation de prix pour certains produits alors qu’il y a beaucoup plus cher sur le marché. Il n’y a pas de règles à suivre. Nous aimerions, tout au moins, avoir une grille des prix pour pouvoir comprendre ", affirme, dépité, M. Malik Ait Saïd, porte-parole de l’Union nationale des opérateurs en pharmacie (Unop). L’exemple du prix du fer (100 mg) est édifiant. Le princeps fabriqué en Allemagne se vend à 5.3 DA (la dose) et celui qui est fabriqué en Turquie coûte 44 DA, allant ainsi du simple au quadruple.
Pour l’Acébutolol (200 mg), le ministère de la santé a enregistré le princeps à 16.20 Da (la dose), en 1996, il valide un générique italien à 12.31 DA, en 2001, il accepte un générique fabriqué en Algérie à 10.40 Da et en 2005, l’on revient à la case de départ puisqu’un générique français est vendu à 16.34 Da. C’est ainsi qu’on retrouve dans les pharmacies des médicaments génériques plus chers que les princeps. Autre facteur déstabilisent des tarifs : certains prix de médicaments sont restés bloqués à cause de la règle qui a cours dans les milieux médicaux de ne pas demander la revue des tarifs enregistrés avant une période de cinq années. " Si l’Etat se sent grugé, il est souverain, il peut toujours intervenir auprès du laboratoire. Mais il ne veut pas le faire avant l’expiration des cinq ans ", estime M. Ait Saïd.
La facture des médicaments appelée à augmenter
Notre interlocuteur regrette, par ailleurs, qu’aucun représentant du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, plus au fait des médicaments qui coûtent chers à la Caisse sociale, ne siège au Comité des prix. Au final, la mise en œuvre du tarif de référence (appliqué sur 116 produits sur une liste de 4000) ne semble guère suffisante pour limiter les prix des médicaments. Pour ce qui est de la facture des médicaments qui dépasse actuellement le milliard de dollars, les opérateurs en pharmacie estiment qu’il est impossible de la réduire notamment avec l’augmentation des naissance et l’allongement de l’espérance de vie. L’Unop estime qu’il y a de grands efforts à faire pour " contrôler " les dépenses en médicaments.
Là aussi, l’on ne remarque pas beaucoup d’effort ni pour réduire ni pour contrôler la facture d’importation. Il n’y a qu’à voir, pour s’en convaincre, l’ordonnance présidentielle du 15 juillet 2006 pouvant imposer aux importateurs d’importer des génériques alors qu’ils peuvent être fabriqués localement. Maintenant que l’Etat a levé l’interdiction d’importer les 128 médicaments fabriqués localement, le marché se retrouve inondé par les mêmes produits. M. Nabil Mellah, directeur des laboratoires Merinal, précise qu’il y a beaucoup d’incohérences dans la gestion du marché. " Nous perdons beaucoup de temps pour la génériquisation des produits pharmaceutiques à cause des délais d’enregistrement ", estime-t-il. Il est impératif également pour les producteurs de réduire la dépendance aux grands groupes étrangers.
"Il faut un produit local fort et puissant pour ne pas dépendre de l’humeur des grands laboratoires internationaux ", assènent-ils. Interrogé par El Watan, M. Zaouani, responsable de Biotic, a estimé que la facture d’importation va connaître une augmentation exponentielle ces prochaines années. " Elle sera de 2 à 3 fois plus importante. Dans les quelques années à venir, les besoins en importations atteindront les 5 à 6 milliards ", affirme-t-il. D’ici à 2010, l’Algérien devra dépenser, selon l’Unop, près de 100 dollars par an en produits pharmaceutiques.
Amel Blidi
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