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El Watan | Algérie | 11/02/2007
Ce comité, qui est né le mois de janvier dernier lors d’une rencontre de tous les médecins spécialistes des différents services d’hématologie du pays, est sous la coupe de la société algérienne d’hématologie et de la transfusion sanguine et à sa tête, le professeur Belhani du CHU de Beni Messous. Un médecin très proche de ses malades qui mène un combat sans relâche pour de meilleurs soins. Ont pris part à cette rencontre, des représentants de la Novo Nordisk Haemophilia Foundation (NNHF) et le Dr Albert Faradji, l’initiateur du jumelage entre le centre de prise en charge de l’hémophilie de Strasbourg et les trois hôpitaux de l’ouest du pays, Oran, Tlemcen et Sidi Bel Abbès depuis 2005.
La situation des hémophiles est préoccupante
Interrogé justement sur ce projet de jumelage, le Dr Albert Faradji, d’origine algérienne, précise que ce projet l’a fait revenir en Algérie, son pays d’origine qu’il a quitté depuis 40 ans. Pour lui, la situation des hémophiles en Algérie est très préoccupante sur le plan des médicaments qui ne sont pas disponibles et des moyens qui ne sont pas mis à niveau. « Il y a, à mon avis, un gros problème d’organisation au niveau de la prise en charge. Je pense que c’est un problème qui peut être rapidement réglé. Avec des médecins qui ont une grande volonté d’avancer et pour améliorer la situation comme ceux qui j’ai rencontrés dans ces trois établissements, on peut vraiment faire quelque chose. J’apporterai ma contribution pour justement aller de l’avant. En France, nous avons déjà une expérience en matière de prise ne charge des hémophiles », nous a-t-il confié.
Le travail a déjà commencé d’après lui, puisque des médecins algériens, trois de chaque établissements (Oran et Bel Abbès) sus-cités, ont bénéficié, en 2006, d’un stage de formation au sein de son centre à Strasbourg, sans compter les rencontres organisées au niveau d’oran et de Bel Abbés. Dans les perspective 2007, le Dr Faradji affirme que trois rencontres sont programmées pour le mois de mars prochain à Tlemcen qui auront pour thème « l’orthopédie chez les hémophiles ». Deux médecins français, un rhumatologue et un radiologue vont participer à des consultations au niveau du service d’Oran et de Bel Abbès. « C’est une manière d’aider les médecins algériens à poser les indications opératoires », a t-il précisé. Un second séminaire de formation est prévu pour le mois de juin à Oran ; il portera sur les inhibiteurs, les anticorps qui apparaissent au cours du traitement.
La troisième rencontre est fixée pour le mois d’octobre à Sidi Bel Abbès ; elle sera consacrée aux prophylaxies primaire et secondaire qui permettent de prévenir toutes les complications. Par ailleurs, trois médecins kinésithérapeutes du CHU d’Oran se rendront en France, le mois d’avril prochain, dans un centre de rééducation fonctionnelle spécialisé dans l’hémophilie pour un stage d’une semaine. Un mois après, indique le Dr Faradji, c’est-à-dire le mois de mai, deux chirurgiens orthopédistes du CHU de Bel Abbès et d’Oran assisteront à une intervention de prothèse de genou ou de la cheville.
« Notre but est de maintenir ce contact entre les médecins français et algériens pour une amélioration de la prise en charge », dira-t-il en soulignant : « Dès la première réunion, j’ai constaté que ces médecins algériens sont animés d’une grande volonté d’améliorer la prise en charge, même s’ils n’ont pas les moyens très adaptés. Ils ont une volonté de travailler. » L’objectif principal du coordonnateur du centre de traitement de l’hémophilie à Strasbourg est de mettre en place très rapidement les centres de traitement de proximité le plus proche possible du domicile de l’hémophile pour ne pas faire 150 à 200 km pour se soigner.
Mettre en place une structure appropriée
Comme il est urgent pour lui de mettre en place, le plus rapidement possible, une prophylaxie chez les jeunes enfants de manière à retarder le plus longtemps l’arthropathie irréversible de l’hémophilie. Comme il est important, poursuit-il, que le ministère de la santé, de la population et de la réforme hospitalière classe l’hémophilie sur la liste des maladies chroniques. Une décision qui sera suivie de toutes les modalités, à savoir la gratuité des transports vers l’hôpital et du retour à domicile, des médicaments hors hôpital, des actes de rééducation qui seront faits hors hôpital. « Il est inconcevable de voir que les remboursements soient fixés à 20% », a t-il déclaré.
Concernant l’apport du centre de traitement de Strasbourg aux trois CHU, le Dr Faradji précise qu’en dehors de la formation, son centre avec sa contribution aidera à améliorer les consultations, et à mieux assurer le suivi des hémophiles. « A l’heure actuelle, on dirait que le suivi des hémophiles n’est pas pris en considération. Il n’y a pas de consultation systématique qui doive se faire tous les 3 et 6 mois pour prévenir les complications. On assiste plutôt à des consultations à la demande, c’est-à-dire que l’hémophile arrive en urgence pour un gros genou hémorragique. La consultation hors urgence est pratiquement ignorée. Alors qu’elle est très importante. Donc nous allons essayer de les impliquer là-dedans.
Comme nous allons les aider à mieux poser les indications opératoires. En matière d’orthopédie, il y a certains actes qu’il faut faire pour éviter le passage à l’arthropathie irréversible ou la retarder, afin que la prothèse ne soit pas posée à 20 ou à 25 ans mais à 40 ans. Pour le Dr Faradji, il est important de mettre en place une structure exclusivement pour les hémophiles. « Il faut individualiser une structure pour les hémophiles, à savoir deux ou trois chambres appropriées », a-t-il recommandé. Et de poursuivre : « je souhaite que les hémophiles algériens soient pris en charge au même titre que les hémophiles français. » Il plaide ainsi pour l’amélioration de la prise en charge des hémophiles au niveau de toutes les structures algériennes. Ce qu’il souhaite en fait, c’est du concret dans le cadre du plan national initié par la fondation de novo nordisk pour l’hémophilie, qui l’a désigné en tant que consultant externe pour ce projet.
Djamila Kourta
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