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Revue de presse

Enquête. Faculté de médecine de Laghouat : un projet qui risque de capoter

El Watan | Algérie | 11/05/2016

La Faculté de médecine de Laghouat ferait l’objet d’un sabotage qui ne dit pas son nom. Des sources avancent même la volonté des autorités locales de procéder à sa fermeture, et ce, pour des considérations subjectives : ainsi, le népotisme, le tribalisme et les intérêts personnels se le disputent au savoir et à la science. Qui, à long terme, risquent de priver à nouveau les populations du Sud du pays à l’accès à la médecine.

Dans le grand campus universitaire de Laghouat, la faculté de médecine ferait presque pâlir de jalousie celles du Nord.

Après des décennies de tergiversations et face à l’urgence de pallier la grande défaillance du système de santé dans le Grand Sud, Laghouat, à l’instar de Béchar et de Ouargla, se voit enfin dotée d’un établissement consacré à la formation des médecins. Elle fut inaugurée officiellement en grande pompe par le Premier ministre fin janvier dernier. Mais comme les habitudes sont tenaces, l’épanouissement de cette fac est menacé.

D’abord, par les promesses non tenues des pouvoirs publics, et ensuite par la résistance des acteurs locaux.
Pas loin de l’imposant bâtiment du rectorat se dressent les blocs de la faculté de médecine. Dans cette matinée au temps couvert, les quelques gouttes de pluie relèvent le charme des infrastructures construites dans le respect du cachet de la ville. L’ère est au calme et l’activité au ralenti. La fac semble déserte.

A l’intérieur de l’un des blocs, dans la bibliothèque de la faculté, des dizaines de jeunes étudiants révisent leurs cours dans le calme. « C’est la période des examens. Là, les étudiants de médecine et ceux du département de biologie (ces derniers sont plus nombreux) préparent leurs examens », explique notre guide, le Pr Hocine Zerguini, vice-doyen chargé de la pédagogie.

La faculté de médecine de Laghouat est un assemblage de blocs qui offre quelque 2000 places pédagogiques. Elle est constituée de 24 laboratoires, d’autant de salles de TD, de 3 amphis ordinaires, de 3 salles de conférences de 50 places, d’un grand amphi équipé du système de visioconférence, ainsi que d’un laboratoire de langues. Le tout respirant la nouveauté et d’une propreté irréprochable. En fait, l’infrastructure semble n’avoir jamais servi.

La première promotion des futurs médecins formés à Laghouat s’est inscrite en septembre 2014. « Ils étaient 79 étudiants. La seconde promotion en comptait 160. Pour la troisième, celle de cette année, nous avons proposé 200 postes et la tutelle nous en a rajouté 50 autres », explique le vice- doyen. Ainsi, actuellement, la faculté de médecine de Laghouat compte moins de 500 étudiants. C’est bien loin des 1700 inscrits en première année à la faculté d’Alger.

Les conditions de formation semblent ainsi idéales pour un établissement qui prend en charge trois wilayas, à savoir Laghouat, Djelfa et Ghardaïa. « Grâce au nombre réduit d’étudiants, on peut se permettre une formation de qualité. Ici, en deuxième année, on leur a fait des travaux pratiques de physiologie avec des kits informatisés. Un étudiant de 2e année chez nous sait faire et interpréter l’ECG », s’en félicite le Pr Zerguini, en précisant que l’accès à la faculté est tributaire de la moyenne nationale.

C’est-à-dire que pour faire médecine, le bachelier du Sud devra avoir la même moyenne que celui de toutes les autres régions du pays. « En première et deuxième années, tout se passe dans les meilleures conditions. On est très bien encadrés. Mais nous avons des doutes sur les années à venir : qui va nous encadrer et qui va nous diriger après ? » s’interrogent Sabrine Insaf et Lina, deux étudiantes de deuxième année. Et l’inquiétude de ces futurs médecins est largement confirmée par les différents acteurs rencontrés à Laghouat.

Tribalisme

« Le projet de la faculté de médecine de Laghouat est en train d’être ruiné », dénonce un formateur qui a requis l’anonymat par peur des représailles. « Dans cette ville, le tribalisme fait des ravages.

On n’accepte pas que des étrangers prennent des postes supérieurs, y compris dans le système de santé. Lorsque on voit que les premiers responsables du secteur utilisent des moyens peu civilisés, harcèlent et méprisent les enseignants venus des autres régions, on peut dire que ce projet capital pour une zone qui souffre de pathologies très variées risque de capoter », témoigne-t-il, en dressant un long réquisitoire contre les responsables locaux.

Inexistence volontaire du conseil scientifique, méprise des hospitalo-universitaires (HU), domination du secteur de la santé par les responsables de santé publique (moins gradés que les HU), manque de soutien des autorités locales et harcèlement des enseignants sont les principales entraves à l’essor de cette fac. « On n’a rencontré le doyen (qui cumule d’autres fonctions à Alger et Blida) de la faculté que trois fois depuis le début de l’année.

Le wali n’a jamais rencontré les HU, ni même le recteur de l’université. Il n’y a aucun encouragement pour ramener les professeurs et maîtres assistants du Nord. Je suspecte même des responsables de vouloir fermer cet établissement », dénonce-t-il encore. Mine défaite et tête baissée, un maître-assistant arrivé en juin 2015 déplore des conditions sociales difficiles et des problèmes « humains », d’encadrement et administratifs. « Nous sommes livrés à nous-mêmes, alors que nous avons besoin d’assistance et d’encadrement par des enseignants de rang magistral », regrette-t-il, en annonçant son projet de retourner dans sa ville du Nord.

De son côté, le vice-doyen chargé de la pédagogie confirme le malaise particulièrement pour l’année à venir. « Jusqu’à présent, pour le cycle fondamental (première et deuxième années), on a pu s’arranger en matière d’encadrement », raconte le Pr Zerguini. Ainsi, la faculté a fait appel aux enseignants des départements de biologie et des sciences de la matière pour les spécialités génériques, comme la chimie et la physique, et sollicité 5 professeurs visiteurs de la faculté d’Alger, dont le professeur Hammoudi, pour toutes les spécialités à caractère purement médical, comme l’anatomie par exemple.

Cette année, la fac s’est vu désigner 11 maîtres-assistants et un maître de conférences classe A. « On a aussi des médecins de santé publique qui viennent en vacataires pour nous aider dans leurs chapitres », énumère-t-il, en précisant qu’à partir de la troisième année, la faculté devrait solliciter plus d’enseignants « visiteurs » pour certains modules, comme l’immunologie et la parasitologie. Mais le problème d’encadrement reste entier. Il se pose avec acuité pour les encadreurs venus s’installer à Laghouat. « Pour ceux qui sont venus du Nord, il y a un problème, car ils ne leur ont pas encore préparé les logements. Ils risquent de nous quitter. Et s’ils partent, personne d’autre ne viendra », s’inquiète le responsable.

Déception

Issus du concours national des maîtres-assistants, les 11 nouveaux arrivants se retrouvent ainsi sans pied-à-terre, obligeant certains (entre autres, des femmes) à faire de longs allers-retours. « Pourtant, lorsqu’ils ont été désignés, les deux ministères (Enseignement supérieur et Santé) leur ont dit : ‘‘allez au Sud, vous trouverez les logements prêts’’. Et c’est vrai que l’ancien wali affirmait qu’il y a 30 logements disponibles. Mais à ce jour, une année plus tard, ils ne sont pas encore logés », déplore le Pr Zerguini. A cet épineux problème d’hébergement, se greffent d’autres plus complexes et pernicieux. Il y a d’abord celui de l’évolution de carrière des HU. « Il est vrai que le bonus du Sud existe.

Pour atteindre le grade de professeur par exemple, il faut 5 années minimum ailleurs, mais 4 uniquement au Sud. Mais l’hospitalo-universitaire va rencontrer le problème de la thèse », explique-t-il, en regrettant des blocages d’ordre culturel. « Il y a une résistance. A Laghouat, on est habitués à la santé publique. Ses responsables sont là depuis 10 ans ou plus.

Ils sont des chefs de service et travaillent à leur guise. Et quand arrive un maître-assistant qui est plus gradé, il les gêne. Ici, ils n’ont pas la culture de l’hospitalo-universitaire. Ils ne savent pas que ce dernier est un cadre du ministère de l’Enseignement supérieur. Qu’il est plus gradé. Donc, on tente de le bloquer dans sa carrière », dénonce le vice-doyen qui rappelle l’existence du projet de CHU et d’un hôpital de 240 lits au stade de commande des équipements.

Autre problème qui rend la tâche difficile aux enseignants qui, par souhait ou obligation, décident de s’installer à Laghouat, c’est celui de la rémunération. Malgré l’Indemnité spécifique sur le poste (ISP) au bénéfice des cadres (enseignants universitaires, médecins spécialistes et autres) et celle de zone qui représente 24% du salaire de base, l’enseignant en médecine de Laghouat touche un peu moins du double du salaire de son collègue des autres régions du Nord.

« Mais ce n’est toujours pas suffisant, car quand on commence à comparer un maître-assistant ici avec ce salaire, plus une petite prime de 27 000 DA qu’il prend de l’hôpital, on se retrouve avec une mensualité de 110 000 DA. Un médecin spécialiste cubain prend entre 30 et 50 millions par mois », regrette le Pr Zerguini. Face à ces entraves de taille, même la bonne volonté ne suffit pas à combler le déficit en matière d’encadrement à la faculté de médecine de Laghouat.

« On a des maîtres-assistants très compétents, à l’image de celui d’Alger. Habitant à Kouba, il avait la possibilité de travailler dans l’hôpital de la même localité. Mais, volontairement il a choisi Laghouat. Il voulait donner quelque chose à la région. Mais maintenant il veut repartir », raconte le responsable, dépité.

Pourtant, toute la zone couverte par la faculté de médecine (Laghouat, Djelfa et Ghardaïa) souffre atrocement d’un système de santé plus que défaillant. Le refus justifié - au regard des difficultés constatées - des spécialistes et autres professeurs de médecine de s’installer dans ces régions ne laisse qu’une alternative, celle de former les étudiants locaux et localement.

La fac est une opportunité inespérée, particulièrement pour les étudiantes qui n’auraient jamais pu rejoindre celles du Nord pour des raisons familiales. « S’il n’y avait pas cette fac, je serais peut-être partie à Blida où j’ai de la famille. Sinon, j’aurais fait une autre spécialité », insiste la très ambitieuse Insaf. « La solution au problème de santé de Laghouat et de toutes les régions du Sud réside dans la formation de ses propres enfants pour qu’ils deviennent des médecins », conclut le Pr Zerguini.

Mais avant cela, il faudrait d’abord lutter contre les esprits sclérosés et la culture de l’exclusion fortement enracinéss dans des régions qui refusent de s’ouvrir aux compétences.

Samir Azzoug

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