Une nouvelle alternative thérapeutique est désormais disponible en Algérie pour traiter et freiner l’évolution du glaucome. Il s’agit d’une bithérapie qu'on peut trouver en pharmacie et remboursée par la Sécurité sociale. L’annonce a été faite samedi lors d’un symposium organisé par les laboratoires Pfizer en marge des travaux de la 12e Journée militaire d’ophtalmologie. « Cette thérapie a sa place à tous les stades de la maladie et c’est l’objet de cette réunion. Dans certains cas, elle peut être prescrite de façon très précoce et, dans d’autres cas, en complément d'autres médicaments ou d’un traitement isolé, soit en complément du laser, soit après une chirurgie.

Ce traitement, composé de deux molécules, peut être utilisé dans toutes les formes cliniques de la maladie », explique le professeur Jean-Paul Renard, chef du service d'ophtalmologie de l'hôpital Val-de-Grâce à Paris. Et de préciser que ce traitement est prescrit depuis plus de dix ans dans d’autres pays. « Il s’agit d’une avancée thérapeutique très importante et surtout que nous avons aujourd’hui du recul quant à l’efficacité de ce produit.

Ce médicament est un nouveau moyen de traitement avec l’instillation d’une goutte par jour. Ce qui permet une amélioration et un confort du patient et une meilleure observance sur le plan thérapeutique », a-t-il encore souligné. Et de préciser que ce médicament « vise en fait à maintenir ce qui reste ». « Ce qui est déficitaire ne se récupère jamais en glaucome. C’est pourquoi il faut le rechercher, le dépister, le prendre en charge », a-t-il expliqué. Jean-Paul Renard rappelle qu’une méta-analyse publiée en 2013 rapporte que toutes les études épidémiologiques, depuis 1950 jusqu’à 2013, permettent de conclure que 2,5% de la population est touchée par le glaucome. « Le glaucome est une maladie cécitante et c’est le noir absolu.

Elle touche le champ visuel en périphérie qu'elle détruit. C’est pourquoi il est important de maintenir ce qui reste. Cette pathologie est différente de la dégénérescence maculaire. C’est tout l’intérêt d’un dépistage précoce », a-t-il insisté.

Le Pr Malika Tiar, chef de service d’ophtalmologie au CHU de Bab El Oued, signale quant à elle, que la prévalence du glaucome atteint 4,6% en Algérie. « C’est alarmant. Ce qui ressort de toutes nos études est que la maladie est la deuxième cause de cécité en Algérie. C’est une atteinte irréversible. Il est donc important d’instruire notre population sur ses dangers et la sensibiliser pour le dépistage à partir de 40 ans », a-t-elle indiqué, avant de signaler que les moyens de dépistage, de diagnostic et de traitement existent. « Cette nouvelle thérapie permet et facilite l’observance du malade et retarde le développement de la maladie. On a une association de deux molécules dans un seul médicament, qui diminue également les petites complications sur la conjonctive », a-t-elle ajouté.

Maladie des yeux grave, évoluant vers la cécité, le glaucome constitue un sérieux problème de santé publique. Il se caractérise par une augmentation de la pression intra-oculaire qui accroît la dureté du globe et détermine une compression du nerf optique. Une perte progressive du champ visuel est enregistrée à bas bruit et sans signe.

Djamila Kourta