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Revue de presse

Lamri Larbi. Économiste de la santé : « Le Plan cancer est menacé dans sa composante liée aux inputs importés »

El Watan | Algérie | 28/03/2016

Quel serait l’impact de la crise sur la mise en œuvre du Plan cancer 2015-2019 ?

Le Plan national « Cancer 2015-2019 » s’inscrit dans la politique nationale de santé. De par l’importance prise par cette affection dans la transition épidémiologique que connaît le pays et de son degré élevé de gravité, elle s’est imposée comme un problème majeur de santé publique, bénéficiant d’une priorité nationale, d’où l’objectif politique d’engager une lutte sans relâche contre cette maladie. Le vieillissement de la population induit par la transition démographique et le changement rapide du mode de vie sont des facteurs de risque pour le développement du cancer dont l’incidence est galopante, passant de 80/100 000 en 1990 à 130/100 000 habitants en 2011, pour se situer aujourd’hui à 150/100 000.

La prise en charge de cette maladie nécessite la mobilisation de budgets faramineux qui pèsent déjà lourdement sur les ressources de l’Etat, des organismes de l’assurance-maladie et des ménages.

Ce plan est défini à partir de 8 axes stratégiques portant sur la prévention, le dépistage, le diagnostic, le traitement, l’orientation et l’accompagnement du malade, le système d’information, la formation et la recherche et le renforcement des capacités de financement. Le 8e axe vise justement à développer les capacités financières pour une prise en charge efficace de cette maladie.

Avec l’avènement de la crise économico-financière induite par l’affaissement des cours des hydrocarbures à l’international et donc une réduction drastique des recettes du pays en devises, se pose ici une question de fond sur les chances de réussite de ce plan utile pour la santé de la population.

Le premier effet de cette crise est l’affaiblissement de la valeur du dinar par rapport aux devises fortes que sont l’euro et le dollar.
Par rapport au premier, le dinar a concédé une perte de valeur de 17,2%, passant de 1 euro pour 105,4 DA en 2013 à 1 euro pour 123,5 DA en 2016. Par rapport au dollar, la perte de valeur est de 38,5%, passant de 1 dollar pour 79,4 DA à 1 dollar pour 110 DA en 2016. Cela signifie que les intrants qui seront importés — les médicaments et les équipements médico-techniques essentiellement — coûteront plus cher et le budget prévu et alloué lors de l’élaboration de ce plan ne suffira pas pour doter tous les Centres Anti-Cancer (CAC) en ces produits.

Pour ceux en construction, les Autorisations de programmes (AP) prévues dans le plan ne suffiront pas car les intrants, notamment le ciment et les aciers importés, seront plus chers et les coûts dépasseront les dotations budgétaires. La crise économico-financière restant persistante, il est difficile de procéder à des réévaluations des dotations budgétaires initiales.

Probablement, la réalisation de certains CAC sera retardée pour des années plus propices, ce qui se répercutera sur la santé des malades atteints du cancer. Si les pouvoirs publics décidaient de réévaluer financièrement ce plan, cette crise aura également pour répercussion le fait que la politique de prise en charge du cancer risque de se faire au détriment d’autres maladies.

Comment vont se faire les arbitrages et sur la base de quelles logiques sociales et financières ?

Le Plan cancer est menacé dans sa composante liée aux inputs importés (médicaments, équipements médico-techniques). Faute de ressources supplémentaires et à cause de la crise, les budgets prévus seront insuffisants pour réaliser les activités programmées. Les inégalités sociales vont se creuser davantage et la situation des cancéreux dont le nombre ne cesse de croître risque de devenir dramatiquement intenable.

C’est à partir de là que les inégalités socio-économiques vont se creuser profondément : les nantis se soigneront chez les privés locaux et à l’étranger, et les économiquement faibles décéderont en nombre élevé. La « fracture sanitaire » algérienne contenue jusqu’à présent ne pourra plus être évitée ou retardée et elle sera explosive.

Ce processus épidémiologique générant une forte croissance de la dépense nationale de santé va fatalement impliquer des arbitrages douloureux au détriment de la santé globale de la population. Qui va être soigné et quelle maladie est prioritaire ?

Le risque de la « fracture sanitaire et sociale » est plus présent aujourd’hui et davantage demain qu’il ne l’a été par le passé durant les années fastes de ressources financières faramineuses.

Les inégalités sanitaires des Algériennes et des Algériens devant la maladie et la mort vont se creuser profondément. La santé des populations des catégories sociales économiquement faibles sera sacrifiée suite à la décrépitude de l’Etat qui n’a pas su construire une économie forte et l’a confinée aux seuls revenus aléatoires des exportations des hydrocarbures dépendant de la conjoncture internationale.
Les tendances futures des 3 financeurs de la santé que sont l’Etat, les organismes en charge de l’assurance-maladie et les ménages laissent présager des limitations problématiques.

Les ressources de l’Etat seront amenuisées par la baisse des revenus pétroliers sur lesquels les prélèvements fiscaux sont les plus importants. Les organismes de l’assurance-maladie savent déjà que leurs équilibres financiers sont menacés et les récentes mesures de lutte contre l’informel et les non-déclarations des employeurs et des employés tentent d’y faire face.

Aussi, les perspectives de la création de nouveaux emplois sont sombres au vu de la difficile conjoncture économique que vit le pays actuellement et celle des années à venir car la crise s’est installée durablement. Les ménages sont également soumis à un affaiblissement de leur pouvoir d’achat par les fortes impulsions inflationnistes d’aujourd’hui et de celles à venir contenues dans la loi de finances pour 2016 et pressenties pour les lois des années à venir.

Le Plan cancer va connaître d’insoutenables contraintes budgétaires qui vont se traduire par une baisse de certaines activités du programme d’action. Que faut-il faire et quoi faire ? Quels sont les chapitres du programme qui nécessitent de grands financements ?

L’axe stratégique n°8 du Plan cancer porte sur le renforcement des capacités de financement de la prise en charge des cancers. Il se focalise sur l’optimisation et la rationalisation des ressources financières disponibles.

Globalement, le Plan cancer devrait mobiliser un budget global de l’ordre de 178,67 milliards DA. Par grande rubrique de dépenses, les budgets estimés des grands postes de dépenses sont en premier lieu les investissements matériels et équipements (76,78 MDA), suivis par les médicaments (46,34 MDA) et les dépenses de personnel (43,29 MDA). Les dépenses de formation, de prévention, de recherche et de maintenance, quasi équivalentes, sont estimées toutes les trois à 8 MDA. Il faut noter que les médicaments et les équipements médicaux du cancer sont partout dans le monde les plus chers par rapport à ceux des autres pathologies.

Comment faire en sorte pour assurer un équilibre régional en termes de dépenses dédiées à ce programme ?

Sur le plan épidémiologique, le cancer est équilibré régionalement avec certainement une prévalence un peu plus élevée dans les grands centres urbains par rapport aux campagnes des Hauts-Plateaux et les régions du grand Sud. Les nouveaux cas sont estimés à
50 000 en 2013 et concernent toutes les régions du pays. Par localisation corporelle, les cancers les plus fréquents sont ceux du sein, du poumon, de la vessie, le cancer colorectal, de la prostate, de la thyroïde et du col de l’utérus. Quelques cancers connaissent une stagnation, voire une diminution, il s’agit de ceux du col de l’utérus, de l’estomac et du nasopharynx.

Si l’on se réfère au nombre et à la localisation des CAC fonctionnels (11 environ) et programmés dans le plan 2015-2019 (13 autres dont 7 qui seront fonctionnels en 2016), on peut conclure que l’équilibre régional est relativement assuré.

Aussi, le secteur privé se développe rapidement dans ce segment de soins, des centres sont déjà fonctionnels et nombreux sont ceux prévus et censés venir renforcer ceux du secteur public. Il me semble que l’effort à mener concerne l’adaptation de l’enseignement supérieur aux nouveaux métiers et le développement de la formation des personnels de toutes les spécialités ayant un rapport avec le cancer.

Ce renforcement des ressources humaines spécialisées renforcera, par effet induit, l’équilibre régional. Aussi, un mécanisme d’incitation devrait être développé au profit des oncologues et autres ingénieurs et techniciens pour travailler dans les CAC de l’intérieur du pays, mécanisme permettant de développer davantage l’équilibre régional.

Samira Imadalou

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