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Revue de presse

La contrefaçon dans le médicament : L’Algérie ciblée

Liberté-Algérie | Algérie | 20/01/2007

Il faut, dès à présent, tirer la sonnette d’alarme avant que ce phénomène n’atteigne des proportions inquiétantes, voire ingérables. La contrefaçon a pris de l’ampleur et touché d’innombrables secteurs d’activité. L’industrie pharmaceutique n’a pas échappé à ce phénomène. Certes, il est relativement récent dans le monde. Il vise entre 6% et 10% du marché mondial. Néanmoins, ses méfaits commencent déjà à se faire sentir dans le médicament introduit en Algérie.

Les traces de ce nouveau fléau viennent d’être découvertes par les services des douanes nationales. En effet, un médicament contrefait, qui n’a pas été déclaré, a été saisi récemment par les douaniers qui ont informé aussitôt le ministère de la Santé. Les auteurs de cet acte ne sont certainement pas les importateurs de médicaments habitués, mais c’est plutôt l’œuvre d’opérateurs opportunistes et occasionnels qui ajoutent dans leurs containers des cartons de produits pharmaceutiques contrefaits. Il s’agit d’un cas isolé, c’est pas aussi alarmant, mais il faut, dès à présent, tirer la sonnette d’alarme avant que ce type d’agissements n’atteigne des proportions inquiétantes, voire ingérables.

S’il est classé comme étant un délit pour les autres créneaux de production, cet acte doit être considéré comme un crime dès lors qu’il cible des produits présentant un danger pour la santé des individus qui risquent de consommer ainsi des médicaments de qualité inférieure. Par conséquent, les autorités compétentes et la tutelle doivent être très attentives à tout ce qui se fait de par le monde à ce propos. L’installation d’une veille technologique dans tous les domaines est de mise. Il est donc opportun de connaître comment le produit pharmaceutique est jugé contrefait. Le médicament contrefait est, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un produit délibérément et frauduleusement étiqueté de façon erronée quant à son identité et/ou sa source. Les contrefaçons concernent aussi bien les produits de marque que les génériques.

Ce sont des médicaments contenant des composants corrects, mais sous-dosés, des produits ayant des composants incorrects et des produits sans principe actif. L’Afrique, l’Asie du Sud-Est, l’Amérique du Sud sont les régions les plus affectées par ce fléau. Ses dimensions peuvent dépasser les 50% pour certains produits utilisés dans les pays pauvres. En 2004, 900 000 produits ont été saisis en Union européenne soit une progression de 45% par rapport à 2003. Les médicaments hormonaux, (les corticoïdes), les antibiotiques, les contraceptifs, les antituberculeux, vaccins, les produits dopants les anti-HIV… sont, indiquera le Pr Rachid Denine, les plus ciblés. Ce phénomène est favorisé, faut-il le souligner, par la cherté des médicaments, l’approvisionnement en médicaments insuffisant ou irrégulier provoqué par la contrebande et une offre inférieure à la demande.

D’autres aspects liés à l’absence de réglementation stricte sur les médicaments et une législation faible encouragent également ce genre de contrefaçons. Mais, les principaux facteurs ont trait à la faiblesse des sanctions pénales et la corruption tel le blanchiment d’argent dont les recettes sont estimées à 32 milliards de dollars US. La difficulté de contrôle des sources de fabrication et de distribution, le non-respect du droit des marques et des accords internationaux tels que l’OMC et la vente des médicaments via Internet sont autant de paramètres agrandissant les dimensions de cette contrefaçon. Par ailleurs, la lutte contre ce phénomène nécessite ainsi, avouera le Pr Denine, une réglementation stricte des conditions de mise sur le marché (AMM), telles que le conditionnement, le prix, le remboursement, la vignette…

Les activités de distribution doivent être en outre encadrées entre le fabricant, l’importateur, le grossiste, la pharmacie d’officine. Les outils d’authentification de la traçabilité et de contrôle des produits pharmaceutiques importé doivent être harmonisés et normalisés. Il y a lieu d’encourager aussi le travail en collaboration entre les différents acteurs intervenant sur le marché et les autres institutions chargées du contrôle.

Badreddine K.

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