Si grand nombre de maladies cancéreuses sont, en général, médiatisées eu égard à leur nombre important, à l’image des cancers du sein et des poumons, par exemple, d’autres restent néanmoins méconnues par les Algériens. C’est le cas, notamment, des tumeurs neuroendocrines qui touchent environ 100 à 200 personnes par an, en Algérie.

Ce type de cancer fait partie des maladies dites, à la fois, rares et chroniques, nécessitant des traitements innovants, au même titre que les cancers agressifs. Dans le souci d’une meilleure sensibilisation du personnel médical, en particulier, et des Algériens, en général, sur ce type de cancers, l’hôtel El Djazair, à Alger, a abrité une conférence de presse animée par d'éminents professeurs en oncologie qui ont mis en lumière ce genre de maladies cancéreuses. L’oncologue Mohamed Oukkal, professeur, chef de service oncologie médicale au CHU de Beni Messous, a expliqué à l’assistance présente que les Tumeurs Neuro-Endocrines (TNE) sont, en fait, « des tumeurs rares et hétérogènes ». Elles sont le plus souvent localisées au niveau du tractus gastro-intestinal, mais peuvent, également, être retrouvées sur d'autres localisations comme le pancréas, les poumons, les ovaires, ou encore la thyroïde, a-t-il précisé. Les tumeurs neuroendocrines digestives représentent environ 2/3 des TNE toutes localisations confondues, mettra en exergue Pr Oukkal.

Poursuivant ses propos, il souligne qu’il s’agit d’un groupe de tumeurs hétérogènes « dont la majorité des tumeurs ont une caractéristique très lente qui évolue très lentement de 5 ans à 15 ans, jusqu'à 20 ans. En somme, ce sont des cancers chroniques ». Lors de cette rencontre, les intervenants ont notamment mis en avant le fait que le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, a donné, il y a quelques mois, son « accord pour l'introduction de nouvelles indications pour le traitement des tumeurs neuroendocrines, gastro-entéro-pancréatiques, localement avancée ou métastatiques ». A retenir, dans ce contexte, qu’ « une commission régionale a été mise en place pour diagnostiquer et traiter cette maladie », notent les conférenciers qui indiquent que cette commission est active au niveau de trois wilayas, à savoir, Alger, Blida et Tizi-Ouzou. Cette commission reçoit également « des patients venant de l'intérieur du pays ». Le Pr Oukkal a déclaré que l'accord conclu entre les autorités algériennes et le groupe mondial biotechnologique « IPsen » est « une première pour l'oncologie en Algérie ». Il affirme que l'extension de cette indication connue, communément, sous la dénomination « GEP-NET » (traitement des tumeurs neuroendocrines gastro-entéro-pancréatique), a eu lieu en même temps, que celle accordé par l'ANSM, en France, et ce, moins d'une année après celle des USA « et cela, au profit du patient algérien, qui bénéficie désormais, du même traitement offert aux patients européens et américains pour toutes les indications ».

Cette nouvelle indication a été octroyée sur la base des résultats de l'étude « CLARINET » qui a démontré une diminution de 53% du risque de progression de la maladie ou de décès chez les patients traités par LANREOTIDE LP 120 mg versus placebo.

L’étude internationale en question a duré 96 semaines et a été réalisée en collaboration avec la « UK and Ireland Neuroendocrine Tumour Society » et la « Société Européenne des Tumeurs Neuroendocrines » dans 48 centres répartis dans 14 pays. Les résultats de l'étude CLARINET ont été publiés dans l'édition du 17 juillet 2014, du New England Journal of Medicine, a précisé pour sa part, Adlen Soudani, directeur général, d'Ipsen en Algérie.
Prenant la parole, à son tour, le professeur Adda Bounadjar, tout en rappelant que dans un passé récent « le traitement de ce cancer se limitait, seulement, à l'atténuation des symptômes de la maladie », a mis en relief qu’aujourd’hui, avec l'introduction du traitement « LANREOTIDE LP », l'on arrive à agir sur le développement de la tumeur. Cela dit, il est important de savoir que, seul, le diagnostic précoce de cette pathologie est à même de lutter efficacement contre cette pathologie et qu’on peut vivre jusqu'à 20 ans plus longtemps. Pour rappel enfin, le plan anti-cancer effectif depuis quelque temps lutte contre toutes les formes de cancer, y compris ceux dits « rares ».

Il y a lieu de rappeler que le plan national de lutte contre le cancer est passé à l'étape de l'application récemment. Et c’est le Pr Messaoud Zitouni, coordonnateur national du plan, qui l’a annoncé, qualif0iant cette étape de "la plus cruciale". Rappelant que le Plan national anticancer a été adopté par le Conseil des ministres en mai dernier, le Pr. Zitouni a souligné que "d'ici à la fin de l'année, on va avoir un premier rapport annuel de toutes les activités de l'année 2015 pour voir s'il y a des choses qu'il faut consolider ou d'autres qu'il faut réviser".

Pr Zitouni a insisté, à cette occasion, sur l'engagement du Chef de l'Etat pour la mise en place de ce plan ainsi que l'apport des professionnels du secteur.

Soraya Guemmouri