Z.B., 77 ans, est heureux. Alité au service ORL du nouvel hôpital de Skikda, il vient de subir une laryngectomie, c’est-à-dire une ablation du larynx. La première jamais menée dans la wilaya de Skikda. Une semaine juste après son intervention chirurgicale, il paraissait bien en forme, dimanche dernier, voire heureux. Cachant son trachéostome, il sourit, tout comme sa femme et son fils, qui ne cachent pas leur joie de « retrouver » ce père atteint d’un cancer avancé au larynx.

«Il fumait beaucoup», reconnait le fils sans procès d’intention aucun. Muni d’une ardoise et d’un marqueur, le vieux transcrit son âge. «77», note-t-il, comme s’il voulait prouver qu’il vit et qu’il garde toutes ses facultés.

Puis, il s’essaya à noter toute une phrase pour remercier le personnel du service ORL de l’hôpital et Dr Karim Messaoudi. Pourquoi Dr Messaoudi ? Pour la simple raison que c’est ce jeune chirurgien de 30 ans qui a mené cette intervention avec deux autres chirurgiens, Dr Belgahri et Boudjemaâ, en l’occurrence.

Fraîchement diplômé de l’université de Constantine, il est d’une modestie très présente et refuse d’en faire des tonnes. Elève du professeur Belbekri, dont il parle avec émotion, Dr Messaoudi a accepté de revenir, lors d’un entretien, sur ce qu’il venait d’accomplir.

«Ce genre d’interventions se fait généralement dans certains CHU seulement. Sa réussite à Skikda revient surtout à toute l’équipe chirurgicale, aux assistants, au personnel paramédical et aussi à l’administration qui a été d’un grand soutien», mentionnera Dr Messaoudi en prélude à un entretien.

Pour revenir à l’intervention, et pour faire simple et éviter les méandres de la terminologie chirurgicale, il dira que le cancer dont était atteint son patient, était à un stade avancé, chose qui ne permettait pas de recourir à une ablation partielle. «Il nécessitait une laryngectomie totale», dira Dr Messaoudi.

Au sujet de l’intervention, il nous apprendra qu’elle a duré 7 heures et 45 mn. «En moyenne, ce genre d’opérations se fait en 9 heures. Il est vrai cependant qu’on disposait d’un plateau technique exemplaire. Il faut savoir que cela ne peut se faire dans un service qui manquerait d’une pluridisciplinarité», notera-t-il.

Quand on lui demande si cette première réussite allait entrainer d’autres interventions du genre, il réplique, vite-fait «Oui. Une fois qu’on a réalisé une intervention sur le cancer du larynx, on pourra en faire de même sur d’autres cancers laryngologiques et on va s’organiser pour ce faire. Nous disposons de toutes la garantie soit en moyens humains ou matériels avec les encouragements en plus».

En voilà donc une bonne nouvelle. La santé dans cette wilaya en avait vraiment besoin. Vraiment !

Khider Ouahab