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Revue de presse

Austérité : le laboratoire de microchirurgie ne verra pas le jour !

El Watan | Algérie | 30/09/2015

En raison des restrictions budgétaires, une instruction émanant de la direction générale du budget du ministère des Finances vient de mettre fin aux espérances de professeurs et d’étudiants en médecine. Le laboratoire de microchirurgie patiemment attendu pour améliorer la qualité de la formation, soutenir la recherche et prévenir la calamiteuse question des erreurs médicales ne verra probablement pas le jour.

Le patient algérien n’est pas un cobaye », a déclaré le ministre de la Santé en ce début de semaine. Pieuse sentence qui relève du déni de vérité, si ce n’est de la pure ignorance de la réalité de la médecine algérienne. Car sur le terrain, arguments et preuves à l’appui, il est triste de constater que les déclarations de nos ministres, au même titre que celles de leur chef d’Exécutif, s’ils ne font pas preuve de mauvaise intelligence, font bon ménage avec les contrevérités, au mépris de la responsabilité qui leur incombe de par leurs charges respectives. Ainsi, par ces temps de d’austérité, les effets pervers de la crise financière entament les secteurs de l’enseignement et de la santé, contrairement aux assurances du Premier ministre, maintes fois répétées.

Et rappelées pas plus tard que la semaine dernière par le ministre de l’Enseignement supérieur. Ainsi, nous avons appris que le projet d’un laboratoire prépondérant pour le secteur de la santé vient d’être gelé. Visiblement, aucun secteur ne semble échapper aux restrictions budgétaires et la direction générale du budget du ministère des Finances frappe par une laconique syntaxe qui insuffle aux chefs d’établissement de fermer les vannes ; la langue de bois entretenant sciemment l’amalgame entre une approche de rationalisation et un gel nommé.

Fatalement, aux instructions venues d’en haut, les subalternes, par excès de zèle, semblent opter pour l’immobilisme pur et simple. « Mais il est des responsabilités où il s’agit de mort d’homme et de cohortes d’infirmes à endosser sur la consciences... Nos chirurgiens apprennent sur le vivants ! » ne cesse de dénoncer un éminent professeur, qui prêche avec ses pairs une réforme urgente de l’enseignement de la médecine depuis près de quinze ans sans avoir eu gain de cause. A présent l’on craint que la crise financière vienne asséner le coup de grâce au secteur de la santé algérien.

L’immobilisme télexé

La faculté de médecine d’Alger est vraisemblablement sur la liste des victimes collatérales, avec le blocage d’un grand projet salvateur pour l’enseignement de la médecine et le salut de la santé publique : un laboratoire de microchirurgie censé « apprendre à nos futurs chirurgiens de manier le fil et l’aiguille avant de rafistoler sur le tas les plaies béantes des pauvre patients soumis tel des cobayes », s’indigne un professeur de médecine. La réalisation de ce laboratoire devait être lancée en ce début d’année et achevée pour la rentrée universitaire prochaine, selon l’étude commandée et dûment réalisée par un bureau d’études.

Et malgré le coût extrêmement modeste de l’investissement – deux milliards de centimes – par rapport à son apport incommensurable sur le secteur budgétivore mais encore sinistré de la santé, l’infrastructure prometteuse est vite tombée sous la coupe des restrictions. Le projet, pourtant inscrit par l’avant-dernier ministre de l’Enseignement supérieur, Harraoubia, est, trois ministres plus tard, finalement gelé. Le recteur d’Alger 1, auquel on a « télexé » la mise en veilleuse du projet, en a effectivement pris acte il y deux semaines et en a avisé la doyennerie de la faculté de médecine, qui ne semble pas s’en inquiéter outre mesure.

Toutefois, la mesure en question n’a pas manqué de provoquer l’ire de quelques professeurs intègres devant l’indifférence de la majorité du corps médical « mal formé et mal informé », commente un autre chirurgien pour dénoncer l’ignorance de ses pairs des enjeux d’une tel opportunité. « La microchirurgie est le parent pauvre de la médecine algérienne, et depuis l’interdiction de la dissection sur sujet anatomique (cadavre) au sein des laboratoires des facultés de médecine dans les années soixante-dix, l’avenir de la chirurgie en Algérie a été condamné », explique un chirurgien algérien exerçant en France. « Quand on parle de microchirurgie, je pense à la chirurgie de la main, mais hélas également aux mains malheureuses ! Les blessés algériens s’en sortent avec d’horribles déformations et souvent la perte de l’usage de leur main », regrette notre interlocuteur.

Et d’ajouter : « Suturer les zones anatomiques délicates sous grossissement optique pour réparer veines, artères et vaisseaux, réparer les nerfs pour rétablir la motricité ne s’apprend pas sur le tas, encore moins par théorie. Il est criminel de l’entreprendre sur les vivants ! » Grave sentence déjà émise par d’éminents professeurs mais qui ne semble point émouvoir ni mettre en parallèle les milliers de cas d’erreurs médicales avec leur lot de morts et d’estropiés signalés chaque année.

Urgence

Pédagogue et érudit, le professeur Si Salah Hammoudi, titulaire de la chaire d’anatomie, plaide pour une réhabilitation responsable de l’enseignement de la médecine en Algérie : « A quoi sert de se lamenter, la meilleure posture en ces temps de crise est de faire preuve de lucidité, il n’est jamais trop tard pour bien faire. » Et d’ajouter : « Si le laboratoire de microchirurgie voit le jour, nous ferons concrètement un premier pas vers un avenir plus prospère et une économie avérée de ressources humaines et financières.

Car outre son apport dans la formation de jeunes apprenants, le laboratoire en question fera office de pôle d’excellence en offrant des formations continues aux praticiens : neurochirurgiens, orthopédistes, ophtalmologistes, ORL, chirurgiens vasculaires, urologues, chirurgiens plastiques et j’en passe. » Le professeur Hammoudi espère de meilleurs auspices pour ses pairs et ses propres étudiants, envers lesquels il exprime pourtant une grande inquiétude : « Il faut bien que ces jeunes puissent s’exercer. En l’état actuel des choses, à aucun moment de leur cursus on ne leur apprend les techniques de suture, comment manier la pince et l’aiguille sans se blesser soi-même ! Ou simplement porter des gants...

Ce n’est hélas que devant de vrais blessés que certains confondent vulgaire couture et suture. » Et de rappeler l’opportunité de l’animalerie qui était prévue au sein de ce laboratoire : « Non seulement ces sujets anatomiques (animaux) seront d’un grand secours pour nos chercheurs en leur offrant le sujet, l’espace, les outils et la logistique adéquate pour approfondir leur recherche, mais encore pieds de veau et viscères de mouton donneront matière aux débutants pour les indispensables cours de chirurgie basique. » Hélas, « le risque est trop grand me semble-t-il, pour repousser aux calendes grecques cette réhabilitation », conclut, pessimiste, un collègue du professeur Hammoudi.

Gel

Un docteur es économie de Tiaret nous a récemment interpellés pour « sortir l’université de sa tour d’ivoire ». Il est plus que jamais urgent de vulgariser ce genre de questions qui échappent à l’entendement de l’opinion et de donner la parole à nos universitaires, au lieu de subir les discours creux et souvent erronés des politiques « La crise n’est pas un prétexte pour figer le développement, bien au contraire. Une politique de rationalisation est justement censée optimiser les ressources pour s’en sortir indemne. Cela doit être sous-tendu par des objectifs stratégiques, intelligemment équilibrés.

Mais il paraît que nos bureaucrates appliquent l’instruction du Premier ministre à la lettre, en fermant bêtement le robinet », s’indigne un professeur de médecine au CHU Mustapha. « Repousser à un avenir incertain l’installation de cet acquis scientifique capital pour la réhabilitation de l’enseignement de la médecine en Algérie serait rater une autre occasion d’anticiper sur les calamiteuses maladresses à l’origine d’erreurs médicales » ajoute un autre praticien, outré par le grand nombre de plaintes pour fautes médicales déposées contre des jeunes et moins jeunes chirurgiens exerçant au sein de son établissement, en espérant que les ministres de la Santé et de la Justice considéreront un jour cette grave question qu’on continue de taire.

« Que valent donc deux milliards de centimes devant les fortunes englouties dans les gouffres sans fond des fonds spéciaux, notamment les caisses allouées à la santé, sans toutefois parvenir à soigner les maux du secteur trop malade de la santé publique », murmure-t-on dans les allées de la fac centrale, près du site destiné a accueillir le nouveau laboratoire de microchirurgie, une cour intérieure qui abritait autrefois l’animalerie de l’ancienne faculté de médecine, transformée depuis l’indépendance en un lamentable dépotoir de vieux mobilier rouillé.

Ainsi donc, le gel de la construction du nouveau laboratoire de microchirurgie, froidement signifié par l’instruction émanant de la direction générale du budget du ministère des Finances, témoigne de la cécité de nos commis de l’Etat, ignorant vraisemblablement l’apport de cette discipline dans l’amélioration de l’enseignement et des prestations médicales. Frappée aveuglement par le gel sans autre forme d’évaluation, la mesure de « rationalisation » ne fera paradoxalement pas l’économie du lourd tribut que l’Etat sera encore sommé de payer pour les erreurs médicales et la prise en charge conséquente des malheureuses hordes d’infirmes, victimes de l’incurie de leurs dirigeants bien avant l’indigence de leurs soignants.

Mohamed Staifi

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