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El Watan | Algérie | 18/02/2006
L’alerte a été donnée, hier, par d’éminents
spécialistes en cardiologie algériens et étrangers réunis
dans le cadre des journées scientifiques placées sous le thème
« A l’aube d’une nouvelle ère de prévention
cardiovasculaire » organisées par le laboratoire Pfizer à
l’hôtel Sheraton.
Ces maladies nécessitent, selon les spécialistes, une attention
particulière pour arriver à une meilleure prise en charge des
malades. L’Algérie enregistre 200 000 décès par an
(toutes causes confondues) dont 50 000 causés par les maladies cardiovasculaires.
« Il est urgent de définir les priorités de santé publique afin de tracer des programmes nationaux de prévention et d’action », a déclaré Pr Bougherbal qui a présenté une communication sur la transition épidémiologique en Algérie. Les changements en matière d’habitudes alimentaires, le tabagisme, la sédentarité, l’environnement et le stress constituent, d’après lui, les facteurs de risque prédominants. Pour lui, une politique de prévention est plus que jamais requise pour tenter de freiner « cette razzia en vies humaines ». La question doit être aujourd’hui une priorité des pouvoirs publics. Les différents intervenants n’ont pas manqué de relever que la prise en charge de ces maladies exige des moyens financiers et matériels très importants. Ils ont déploré le manque de structures spécialisées au niveau national. Ce qui explique, par ailleurs, cette flambée de mortalité. « Les moyens de prise en charge d’un accident vasculaire cérébral (AVC), qui sont aujourd’hui très fréquents, font sérieusement défaut », ont-il noté. A signaler que l’Algérie enregistre 16 000 décès par an suite aux accidents vasculaires cérébraux (AVC), selon les résultats de l’étude observationelle « Action » relative à l’AVC menée par le laboratoire Merck.
Cet état des lieux préoccupant n’est, en fait, qu’un cri d’alarme des spécialistes qui continuent malgré tout à faire des miracles. Les pouvoirs publics, particulièrement le ministère de la Santé, sont interpellés. L’hypertension artérielle, qui est considérée comme un des facteurs de risques de ces maladies, touche aujourd’hui près de 34% de la population algérienne, selon Dr Benkhedda, en faisant référence à l’étude réalisée par la Société algérienne de l’hypertension artérielle (SAHA). Pour lui, l’évolution de cette maladie est inquiétante et des programmes urgents de prévention sont plus que recommandés. Les facteurs les plus corrélés à l’augmentation des chiffres tensionels sont l’âge et le poids.
Que peut-on faire à long terme ? La prévention, rien que la prévention, n’ont-ils cessé de marteler. Les participants ont souligné la nécessité de favoriser les échanges entre chercheurs et spécialistes afin d’établir un programme commun de lutte contre les maladies cardiovasculaires. Ils ont mis l’accent également sur la nécessité de prendre des initiatives en matière de prévention en impliquant d’autres domaines et spécialités en rapport avec l’hygiène de vie du citoyen et en matière d’épidémiologie. Le lancement d’une large campagne de prévention est recommandé. Le rôle de l’école est déterminant, selon Pr Bougherbal. « C’est aux jeunes qu’ils faut s’adresser concernant les dangers du tabac, des boissons sucrées, des produits alimentaires. La prévention doit commencer à ce niveau-là », a-t-il ajouté. Les spécialistes ont plaidé pour le renforcement des stratégies de surveillance et de contrôle des facteurs de risque des maladies cardiovasculaires, comme le tabac, l’alcool, l’obésité, la sédentarisation et le diabète. Pr Nibouche a, quant à lui, présenté les résultats de l’étude Step réalisée par le ministère de la Santé, en collaboration avec l’OMS, axée sur l’identification des facteurs de risques majeurs les plus fréquents. Menée dans deux wilayas pilotes, Sétif et Mostaganem, cette étude a concerné 4136 personnes des deux sexes, âgées de 25 à 64 ans.
Parmi les cinq lourdes maladies chroniques recherchées chez cette population, l’hypertension artérielle est en tête. Sa prévalence dans ces deux zones est de 26%. Par ailleurs, la prévalence de l’hypercholestérolémie est de 3,8%, celles de ces facteurs de risques est de 55,3% pour la consommation de moins de 5 parts de fruits et légumes, 25,6% pour la consommation de tabac, 21,6% pour la sédentarité, 14,5% pour l’obésité, 7,3% pour le diabète, 6,9% pour l’obésité androïde, 3,7% pour l’hypercholestérolémie et 1,1% pour la consommation d’alcool. Les traitements médicamenteux étaient également au centre des débats. Pr N. Poulter, épidémiologiste britannique, est revenu sur les preuves des inhibiteurs calciques dans l’hypertension artérielle en 2006 telles que l’Amlodipine (Amlor) et l’impact des programmes de prévention sur la prise en charge du risque cardiovasculaire. Il a signalé que les traitements de l’hypertension ont permis de réduire considérablement le taux de mortalité dans certains pays tels le Japon et la France. Il est clair pour lui que les moyens efficaces de prévention passent aussi par le traitement de l’HTA, le diabète et la lutte contre l’obésité. « Il y a deux niveaux de lutte contre ces problèmes qui sont appelés à augmenter d’ici à 2020. D’abord, le régime, l’activité physique et puis le traitement. Les moyens thérapeutiques existent et ont démontré leur efficacité », a-t-il précisé après avoir présenté les différentes études comparatives. Pr Poulter redoute l’épidémie de l’avenir qu’est l’obésité si rien n’est fait. Par ailleurs, les travaux de ces journées ont pris fin hier avec une série de recommandations pour ce qui est de la pratique quotidienne de la dyslipidémie du diabétique et la place de l’angioplastie dans le traitement de la maladie coronaire.
Djamila Kourta
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