Les dernières avancées en matière de lutte contre les cancers ont été présentées hier lors de la rencontre post-Chicago, la conférence annuelle de l’American Society of Clinical Oncology (ASCO) qui s’est déroulée du 29 mai au 2 juin à Chicago et à laquelle des spécialistes algériens ont pris part. Organisée par la Société algérienne d’oncologie, cette rencontre qui est à sa neuvième édition se veut une tradition pour informer la communauté des cancérologues des dernières innovations et actualités thérapeutiques.

L’immunothérapie est donc la thérapie-phare pour cette année où des études et des essais cliniques ont démontré des effets thérapeutiques supérieurs à ceux des traitements conventionnels, comme la chimiothérapie contre des cancers métastatiques du foie, de la tête, du cou, du rein ainsi que contre la forme la plus répandue de tumeur du poumon dite « non à petites cellules ».

La société algérienne d’oncologie a donc présenté huit conférences portant sur les grandes localisations, en l’occurrence les cancers du cou, de la tête, du poumon, les cancers gynécologiques et urologiques. Lors de ce congrès américain, de nombreuses études ont été présentées avec des résultats importants en matière d’augmentation de la survie des patients, notamment dans le cancer de la peau, de la prostate et le poumon. Avec l’immunothérapie, des avancées dans le traitement du cancer du poumon métastatique ont été enregistrées. La durée de survie a pratiquement doublé pour passer de 16 mois à 32 mois.

C’est également le cas pour le cancer de la prostate. La nouvelle thérapeutique, un médicament radioactif dont l’AMM est validé par le FDA, a également doublé la survie pour atteindre les 35 mois. « C’est quelque chose d’extraordinaire pour le patient. L’immunothérapie permet des traitements efficaces contre des cancers très agressifs pour lesquels on ne disposait que de peu de solutions », a tenu à signaler le Pr Bouzid, chef de service d’oncologie au CPMC et président de la Société algérienne d’oncologie. Interrogé sur la place de la chimiothérapie face aux succès de l’immunothérapie, le Pr Bouzid estime qu’« elle garde toujours sa place.

Elle sera utilisée pour obtenir une première réponse, soit opter pour une thérapie ciblée ou associer les deux », a-t-il indiqué et de signaler qu’il y a de grands espoirs que l’immunothérapie bouleversera la manière dont nous traitons les cancers de la tête et du cou, du rein et de la prostate. L’immunothérapie ciblée a permis des succès impressionnants, notamment contre le mélanome avancé, une tumeur de la peau. Par ailleurs, les spécialistes affirment que l’immunothérapie consiste à déverrouiller le système immunitaire pour qu’il attaque le cancer. « Les tumeurs exploitent certaines faiblesses des cellules immunitaires, les lymphocytes T pour empêcher qu’elles ne les attaquent en les désarmant ou en devenant en quelque sorte invisibles.

Le champ de l’immunothérapie ciblée devient de plus en plus emballant chaque année », a lancé Lynn Schuchter, une spécialiste de l’Asco en présentant quatre essais cliniques, rapporte l’AFP. « Les immunothérapies ne seront plus vues seulement comme des percées contre le mélanome », mais « efficaces contre d’autres cancers pour lesquels quasiment aucune autre thérapie ne marche », a-t-elle souligné.

« C’est le premier essai clinique de phase 3 montrant que l’immunothérapie est efficace contre ce cancer du poumon », a souligné le Dr Luis Paz-Ares, professeur de médecine à l’hôpital universitaire de Madrid qui a mené cette étude. « Il y a encore cinq ans, on pensait généralement que c’était impossible d’avoir une immunothérapie efficace contre ce cancer », a rappelé Gregory Masters, un cancérologue de l’Asco.

Djamila Kourta