Un groupe d’une dizaine de pharmaciens, venus de diverses wilayas, s’est réuni dans un stand au Siphal afin de faire la promotion de la préparation en officine une pratique délaissée par la majorité des pharmaciens. « Le pharmacien est tenu de faire des préparations dans le cadre de sa formation pour faire à la fois des analyses médicales et les préparations officinales et magistrales.

Une préparation magistrale c’est quand un pharmacien reçoit une ordonnance d’un médecin pour exécuter la prescription médicale. La préparation officinale est une préparation médicamenteuse inscrite à la pharmacopée ou au codex pharmaceutique », explique Samir Abderrahmane Aït Amar, pharmacien à Bouira. Pour expliquer ce délaissement, Aït Amar pense que c’est probablement dû à l’industrie parce que « la plupart des pharmaciens préfèrent vendre un produit prêt à l’emploi, il y a moins de tracas.

Il faut savoir que pour un pharmacien préparateur, il doit avoir de la matière première, un conditionnement et l’étiquetage. Une perte de temps considérable pour toute une chaîne, et pour un petit bénéfice. Donc, le pharmacien opte pour la facilité. Certains produits reviendraient moins chers que ce que peuvent proposer les laboratoires, comme par exemple un anti hémorroïdaire ».

Pour le moment, cette initiative se développe entre pharmaciens préparateurs qui gardent le contact grâce à leur groupe créé sur facebook et échangent entre eux. Le but est de sensibiliser leurs confrères, les médecins ainsi que les patients à solliciter davantage la préparation pharmaceutique en officine. « De nos jours, les pharmaciens quittent de plus en plus la préparation, nous sommes ici pour rappeler qu’il faut récupérer notre métier et notre vocation », affirme Khalida Bessalem, pharmacienne à Blida, tout en déplorant le fait qu’on lui pose des questions souvent désobligeantes. « A la question : avez-vous le droit de préparer ?

J’aimerais que l’on me la pose de manière inverse, c’est-à-dire est-ce normal de voir des pharmaciens qui ne préparent rien du tout ? » Même si elle a une dizaine de préparations à son actif, Khalida Bessalem n’hésite pas à demander à ses confrères des matières premières, qu’elle a du mal à trouver sur le marché, et parfois des conseils pour savoir si c’est la bonne formule finale qu’elle devrait obtenir.

« Les lois qui régissent les préparations officinales ne sont pas les mêmes que celles qui gèrent l’industriel. C’est comme ça qu’on avance ensemble ». La pharmacienne de Blida juge aberrant qu’en comparaison à la charge de modules dans le cursus universitaire qu’un pharmacien ne pratique pas plus son métier et « finisse derrière un comptoir pour faire de la vente uniquement. »

Faten Hayed