La tâche était ardue car, avec le départ de la majorité des médecins pieds-noirs et le sabotage de nombreuses structures hospitalières, la situation sanitaire était catastrophique. Avec un petit nombre de médecins algériens, quelques médecins français qui sont restés et des médecins étrangers accourus pour nous aider, Feghoul va s’atteler à relever le défi. En quelques années, l’Algérie pouvait s’enorgueillir d’offrir des soins médicaux à la majorité des Algériens, grâce à une politique résolument orientée vers la santé publique et le dévouement allant jusqu’au sacrifice de son corps médical. On ne peut que louer le travail titanesque accompli par Feghoul (qui faisait partie de la cellule agissante de la faculté de médecine) et ses collègues qui ont permis à l’Algérie de disposer rapidement de médecins suffisants en nombre dans toutes les disciplines et exerçant à travers tout le territoire national. Médecin apprécié et loué par ses malades, Feghoul était aussi un enseignant de qualité.

A l’hôpital Parnet où il exerça de longues années comme chef de service, il attirait les meilleurs étudiants désireux de profiter de son enseignement et des techniques modernes qu’il mettait à leur disposition. De nombreuses thèses de doctorat en sciences médicales sortiront de son service, ses assistants graviront toutes les échelles de la hiérarchie hospitalo-universitaire et certains assurent les fonctions de chef de service. Dès que nous fûmes nombreux, il va œuvrer à la création de la Société algérienne de cardiologie dont il sera le secrétaire général auprès du professeur Mostefaï puis président durant de longues années.

Actif et désireux de hisser la cardiologie algérienne au niveau du gotha mondial, il fera partie des sociétés régionales et internationales, occupant parfois les plus hautes fonctions. Grâce au professeur Feghoul, on verra défiler les sommités de la cardiologie mondiale qui n’hésitaient pas à faire le déplacement à Alger pour présider des meetings ou dispenser des conférences de haut niveau fort appréciées par les collègues désireux d’améliorer leurs connaissances.

M. Feghoul était un homme modeste qui refusait les honneurs et les responsabilités administratives. Ce n’est qu’après son départ à la retraite et après de multiples sollicitations qu’il accepta le poste de sénateur qu’il assuma avec beaucoup d’humilité et de prestance.
M. Feghoul, en plus de ses fonctions universitaires et hospitalières, était un homme cultivé qui avait une passion pour les objets d’art qui l’amenait à se précipiter vers les salles de vente comme celle de Drouot à Paris quand il avait vent de quelque objet qui pouvait l’intéresser.
Fils obéissant et aimant, il sera toujours proche de sa mère et de son père avec qui il vécut jusqu’à leur disparition. C’était aussi un bon père de famille, sur laquelle il veillait avec beaucoup d’affection et d’amour.

C’est un grand homme que la cardiologie vient de perdre. Beaucoup le regretteront et lui voueront une reconnaissance de tout ce qu’il a fait. Nul doute qu’il sera toujours présent dans leur esprit et leur cœur. Il manquera énormément à sa famille à laquelle nous nous associons dans son deuil et sa douleur. Qu’elle soit assurée de notre compassion et de notre disponibilité.
Professeur Feghoul, reposez en paix. Vous avez fait votre travail, votre famille est la nôtre. Nous serons nombreux à veiller sur elle pour qu’elle ne souffre pas trop de votre séparation.

K. Merad Boudia : Professeur de cardiologie Hôpital Mustapha