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La Tribune | Algérie | 20/12/2006
Difficile d’avoir son médicament
Plusieurs personnes se sont présentées au siège de la fédération pour demander un flacon d’insuline qu’elles n’ont pu acheter dans les pharmacies. Non pour manque de ce produit mais pour sa cherté. «L’insuline est disponible en grande quantité dans les pharmacies mais trop chère, pratiquement inaccessible aux malades. Le problème ne se pose pas pour les diabétiques assurés sociaux mais pour les non assurés et les personnes sans ressources, les jeunes chômeurs en particulier. Les premiers récupèrent la totalité de leur argent, quel que soit le prix du produit.
Ce n’est pas du tout le cas pour les seconds», indique le représentant de la fédération. Pourtant, la loi stipule que les personnes démunies bénéficient d’une aide sociale de l’Etat, via le ministère de l’Emploi et de la Solidarité nationale, d’une assurance sociale qui leur permet de bénéficier gratuitement des médicaments. Pour ce faire, la personne démunie doit se rapprocher de la direction de l’action sociale de la wilaya où elle réside et établir une carte de démuni ou une carte de diabétique. Sur le terrain, les malades se plaignent des lenteurs administratives. Pas moins de neuf mois pour avoir sa carte, selon certains témoignages. Ce qui n’arrange nullement les insulinoindépendants qui ne peuvent se passer fût-ce un jour, de prendre l’insuline. «Pas plus tard que la semaine dernière, un malade est venu ici pour me demander de l’insuline.
Il était dans un état lamentable et ne pouvait pas se maintenir debout. Il était resté trois jours sans prendre son médicament et je ne pouvais rien faire pour lui», témoigne un autre membre de l’association. La cherté des prix est due principalement au fait que le produit consommé actuellement est à 100% d’importation. Trois laboratoires pharmaceutiques alimentent le marché national en insuline : Novo-Nordisk, Aventis et Lilly. Le produit de Saïdal, attendu depuis des années par les diabétiques, devait être nettement moins cher puisqu’il est fabriqué localement. Déception pour les malades.
L’insuline de Saïdal bloquée
Le produit n’est pas enregistré au niveau de la direction de la pharmacie du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et, par conséquent, son remboursement par la caisse d’assurance sociale n’est pas possible dans l’immédiat. Pourtant, l’usine est opérationnelle, le produit disponible en grande quantité, son efficacité thérapeutique prouvée mais sa commercialisation est retardée pour des raisons qui demeurent inconnues.
Les diabétiques affirment ne rien comprendre à la décision des pouvoirs publics d’encourager la construction de l’usine d’insuline de Saïdal à Constantine -une usine inaugurée le mois d’avril dernier par le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, qui a réaffirmé son engagement à promouvoir la production nationale des produits pharmaceutiques- et de bloquer la commercialisation de cette insuline une fois produite.
Le président-directeur général de Saïdal a, lui-même,
dénoncé le boycott de son insuline par les hôpitaux, sous
prétexte que ces derniers sont encore sous contrat avec des laboratoires
étrangers.
M. Aoun accuse des cercles du pouvoir de vouloir casser la production nationale
au profit de groupes d’intérêts occultes.
Saïdal dispose actuellement d’un important stock de flacons d’insuline
(près d’un million d’unités depuis le démarrage
de l’usine).
Une production largement suffisante pour couvrir une bonne partie des besoins du marché national, estimé actuellement entre deux millions de diabétiques (statistiques de la Société algérienne de diabétologie) et 2 400 000 (statistiques de la Fédération nationale des associations de diabétiques). Les malades en appellent les pouvoirs publics à débloquer cette situation et venir en aide aux plus nécessiteux. D’autant qu’il y a toujours risque de ruptures de stocks lorsqu’il s’agit de l’insuline importée, se répercutant de manière néfaste sur la santé des malades. Autres revendications exprimées à maintes reprises par les diabétiques, le remboursement des seringues utilisées dans l’injection de l’insuline.
«Ce ne sont pas tous les malades qui peuvent se permettre d’acheter deux à trois seringues par jour. La seringue à 15 DA, multipliée par trois puis par 30, cela donne 1 350 DA/mois. C’est cher. Nous réitérons notre demande de remboursement des seringues», lance à nouveau la Fédération nationale des associations des diabétiques. Selon nombre de témoignages, certains malades utilisent la même seringue pour quatre à cinq injections, parfois même plus, faute d’argent. Alors qu’il est formellement déconseillé d’utiliser la seringue plusieurs fois. L’élargissement de l’utilisation du stylo à insuline est encore plus souhaité par les diabétiques puisqu’ils peuvent l’utiliser pendant des années, sans être obligés de le changer.
La prévention, meilleur moyen de lutte contre le diabète
Pour en revenir aux chiffres, la Société algérienne de
diabétologie estime que près de 600 000 personnes atteintes ignorent
leur maladie. Et c’est là un grand problème puisqu’il
y a toujours risque de complications lorsque la maladie n’est pas prise
en charge à temps.
Des complications qui peuvent aller jusqu’à l’amputation
et la perte de la vue. D’où l’intérêt du dépistage.
Un geste simple qui peut sauver des centaines de vies humaines. Pour sa part,
l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’il y
a plus de 180 millions de diabétiques dans le monde et qu’il y
en aura plus du double en 2030. Elle prévoit que les décès
dus au diabète vont augmenter de plus de 50% au cours des dix prochaines
années si l’on ne prend pas des mesures urgentes.
Le diabète menace toutes les tranches d’âge. Il est l’une des causes principales de décès, notamment l’arrêt cardiaque et l’accident vasculaire. Pour réduire un tant soit peu l’ampleur de ce phénomène, considéré comme une épidémie, de l’avis même des spécialistes, la lutte contre l’obésité et la sédentarité est incontestablement le meilleur moyen de prévention. Il est aussi essentiel de suivre un bon régime alimentaire. Par ailleurs, la Société algérienne de diabétologie insiste sur le renforcement des soins cliniques intégrés pour suivre de près l’évolution des maladies liées au diabète et qui sont, à leur tour, à l’origine d’autres maladies, telles que l’hypertension artérielle et le dysfonctionnement érectile.
Par Karima Mokrani
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