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El Watan | Algérie | 03/07/2014
Et à chaque fois aussi qu’il ya besoin d’évaluer le dommage corporel d’une personne dans un but de réparation. Malgré les services rendus à la société, la médecine légale reste en Algérie confinée et perçue dans l’esprit d’une partie de la population et même dans celui de certains professionnels de la santé comme seulement « La médecine du mort », allant jusqu’à confondre le service de médecine légale avec La morgue. La médecine légale est au contraire beaucoup plus la médecine du vivant de par ses différentes disciplines. En un mot, la médecine légale n’est pas la morgue…
Peut- on avoir des statistiques concernant vos diverses activités ?
Nous recevons au niveau de notre unité des urgences médico-judiciaires, qui se trouve dans une annexe du CHU de Sétif à la cité Tlidjene, les victimes de divers types de violence : physique, sexuelle et exceptionnellement morale. Nous examinons et établissons des rapports médico-judiciaires pour 9000 à 10 000 patients/an en moyenne. Nous avons dépassé les 12 000 patients par an. La violence sexuelle va crescendo d’année en année avec en moyenne 200 victimes/an, dont la plupart sont des enfants et de jeunes adolescents de sexe masculin, beaucoup plus que le sexe féminin. Quand à notre activité thanatologique (pratique d’autopsie) qui se trouve dans l’enceinte du CHU Saâdna Abdenour, nous pratiquons en moyenne 300 autopsies par an.
Trouvez-vous normal que l’activité d’un service aussi important soit installée dans deux endroits différents ?
Il est important de savoir que de tous les services de médecine légale du territoire nationale, le service de médecine légale du CHU de Sétif est le seul à avoir subi un tel préjudice dans l’organisation de son fonctionnement. L’anomalie est toujours là depuis plus de 20 ans. D’abord pour les malades qui arrivent souvent avec un dossier incomplet et doivent faire la navette entre la cité Tlidjene et le CHU. Nous avons souvent besoin de consulter les dossiers de certains malades, de discuter et de demander avis à des confrères de différentes spécialités concernant des cas posant des problèmes particuliers et que l’éloignement rend difficile, voire impossible. Le service de médecine légale est un service hospitalo-universitaire et donc un service de formation, celle-ci se trouve compromise car nous ne pouvons imposer aux étudiants d’être au même moment dans deux endroits différents et éloignés. On perd beaucoup de temps dans le trajet entre le CHU, la cité Tlidjene et aussi la faculté de médecine (El Bez).
Un service avec un plan de charge comme celui que vous décrivez, peut –il fonctionner avec seulement deux médecins spécialistes ?
Deux médecins pour plus d’un million huit cent mille habitants sans compter les patients et les autopsies qui nous arrivent parfois des wilayas limitrophes, est une autre anomalie qui perdure. Pour mesurer les déséquilibres, il suffit juste de comparer avec d’autres wilayas où la population est moindre mais disposant de moyens humains beaucoup plus importants. C’est le cas à Constantine qui dispose de quatre services de Médecine légale avec plus d’une douzaine de médecins spécialistes, et Batna où sont affectés cinq médecins spécialistes, quant à Alger qui dépasse de peu Sétif en population il n’y a pas lieu de comparaison si on ne compte que les seuls services de médecine légale du CHU Mustapha Pacha, Beni Messous, Bab el oued, Zemirli, El Harrach où une vingtaine de médecins légistes y travaillent et tout en sachant que les unités de ces différents services se trouvent au même endroit.
On a comme l’impression que vous êtes à bout aussi bien physiquement que moralement ?
J’ai pu tenir seule la charge du service et de l’enseignement durant plus de dix ans dans l’espoir que la tutelle puisse prendre notre problème en considération mais je vois qu’au bout de 20 ans nous sommes arrivés à être seulement deux médecins alors que les besoins et les demandes des citoyens de notre wilaya ne font qu’accroitre. Si la situation ne s’améliore pas dans un avenir très proche il y a lieu de dire avec beaucoup de regret et d’amertume que le service est en dépit des sacrifices consentis, voué à l’abandon.
Kamel Beniaiche
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