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Le quotidien d'Oran | Algérie | 14/06/2014
Ce premier congrès a sollicité «la mémoire traumatique», ajoutera-t-il. Demeurant sur le plan du rappel, il signalera que Mahfoud Boucebci s'était intéressé, il y a trente-cinq ans, à certains phénomènes et qu'il avait fini par inscrire dans le cadre d'une psychopathologie sociale, au lieu de les traiter comme maladies individuelles. Autrement dit, la démarche de la psychopathologie sociale s'interroge et s'intéresse à «l'expression de la souffrance sociale» et non individuelle. Ce qui nécessite une approche pluridisciplinaire, selon l'intervenant. Le 7ème Congrès, qui se déroule à l'EHU d'Oran, s'insère exactement dans cette démarche. Autrement, comment expliquer l'invitation et la présence de l'anthropologue, le Pr. Mohamed Mebtoul, le Pr Mustapha Chérif, ancien ministre de l'Enseignement supérieur et du Pr. Mourad Yellès, spécialiste en littérature.
Parce que, cette fois-ci, les congressistes et les spécialistes de la psychiatrie sont invités à mobiliser la mémoire historique pour appréhender des questions d'actualité. Evoquant la question de la consommation de la drogue en Algérie, question qui interpelle désormais toutes les institutions algériennes pour ne pas dire la société dans sa globalité, l'intervenant rappellera quelques chiffres puisés dans les rapports de l'Office National de Lutte contre la Drogue. En 2012, ce sont 16 Kg de cocaïne et 5 Kg d'héroïne qui ont été saisis. Et il estime que ces chiffres qui donnent froid au dos ne représentent que le dixième de la drogue en circulation sur le territoire national. Après des développements, il arrivera à la conclusion que nous ne sommes plus en présence d'un problème relevant de «la maladie mentale» mais de «la santé mentale».
Dans sa conférence, qui aurait pu susciter de passionnants débats dans un autre cadre, le Pr Mourad Yellès de l'Institut National des Langues et Civilisations Orientales parlera des «mémoires plurielles», du «métissage des mémoires» et de la violence conséquente à ce métissage. Il proposera à l'auditoire une séquence de quatre minutes du film «Essaha» où des rappeurs s'apprêtent à la «harga». Le conférencier interprète, donc, la figure du «harag» et surtout son geste de brûler ses documents d'identité, assimilé à l'acte du meurtre du père et d'épanouissement par rapport aux filiations. Commentant la communication du Pr. Yellès, Mohamed Mebtoul, coprésident de la séance plénière, dira: «en 2014, nous ne nous sommes pas encore appropriés notre mémoire». Le conférencier a cité deux titres de la littérature algérienne, dont un évoque «la disparition de la radjla» (constat établi par l'héroïne d'un roman). Or, la virilité (radjla) est une des constituantes de l'identité du Maghrébin et de l'Algérien, notera-t-il, une des formes de la violence symbolique subie par la société algérienne.
Après la plénière, les travaux en ateliers ont débuté. Celui des violences sociales, auquel nous avons assisté, a traité trois sujets. Le premier a été un rappel de la trajectoire de Franz Fanon, un des premiers psychiatres qui a remis en cause la démarche de la psychiatrie occidentale, ou coloniale, à cause de son mépris de prendre en charge la dimension humaine et culturelle des patients. Les deux autres ont abordé la question du traumatisme des femmes violées et les violences verbales, thèmes d'une brûlante actualité. Dommage que les intervenants sont restés prisonniers du discours médical, techniciste et sans épaisseur, parce que dénué de tout renvoi à d'autres sciences, notamment la sociologie et l'anthropologie.
par Ziad Salah
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