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Revue de presse

La santé ne peut être que publique !

El Watan | Algérie | 19/12/2006

La santé, autant que l’éducation et la justice, ne peut être que publique ! Cette sentencieuse vérité est du Dr Ammar Benadouda, vieux routier des services de santé publique. Qui mieux que lui pouvait asséner cette assertion non démentie d’ailleurs, pour avoir abandonné son cabinet de Belcourt et rejoint El Madania sur les hauteurs ? Il créait ainsi le premier noyau de ce qui sera l’Institut national de santé publique (INSP).

D’autres adeptes le rejoindront, les docteurs Kadi, Mammeri, Guessabi, Aroua. Ils étaient rejoints plus tard par les jeunes loups Malika Ladjali, Hadj Lakehal, Lakhdar Mokhtari, Les Benhabylès, Nacer DjellouI, Abdelkrim Soukehal, Abdelkrim Ouchefoun, Abdesselam Chakou et d’autres encore. La seule évocation du nom de chacun d’eux renvoie à ceux qui ont vécu cette glorieuse épopée à un programme de santé publique. En dépit de leurs nombreuses charges, de nombreux hospitalo-universitaires rejoignaient cette ruche sans quitter pour autant leurs services hospitaliers. Le défunt Professeur Omar Boudjellab, qui prenait les commandes du département, secondé par DjellouI Bakhti Nemiche, imprimait une dynamique à l’acte de santé, que la communauté nationale devrait inscrire en lettres d’or sur le registre de la reconnaissance.

Les premières lignes étaient constituées des pneumo-phtisiologues et des pédiatres. La tuberculose faisait, bon an mal an, 40 000 nouveaux cas annuellement, pour une population de 12 000 000 habitants. Les diarrhées et les infections respiratoires aigues constituaient à elles seules, 80% des causes de décès chez l’enfant. La mortalité infantile, véritable tragédie silencieuse, emportait 160 sur 1000 enfants de moins d’un an. Le décret 96/69 venait consolider les acquis de la campagne nationale de vaccination indiscriminée au BCG de 1968. Le premier coup de boutoir était ainsi donné à la tuberculose. Il rendait la vaccination obligatoire et gratuite à la naissance ainsi que le traitement antituberculeux. Le dépistage et le traitement standardisé donnaient un autre coup d’arrêt aux sources d’infections constituées par les malades cracheurs.

La poliomyélite avait elle aussi son lot de victimes ; elle subissait le rouleau-compresseur de la première campagne nationale de 1972. La volonté politique, clairement affirmée, plaçait notre pays à l’avant-garde des pays sanitairement émergents. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise jusqu’à l’heure actuelle, à quelques détails près, le standard algérien de lutte antituberculeuse. Les pneumo-phtisiologues d’Alger, d’Oran et de Constantine menaient de front un combat inégalé jusqu’à présent et que, peu de pays ont pu mener avec un tel brio. Mesdames les professeurs Boulahbal et Aït Khaled sont de ces battantes, qui ont mené, avec leurs collègues masculins, cette belle aventure.

Les chirurgiens, quant à eux, avaient fort à faire avec les séquelles de la poliomyélite, de la tuberculose osseuse et du kyste hydatique. Il y a lieu, ici, d’évoquer de grands noms de cette discipline : les professeurs El Okbi, Mentouri, Bendali, Mansouri, Abou Lola, Bekkat et bien d’autres. Le trachome endémique sévissait à grande échelle, ces séquelles oculaires étaient le « pain quotidien » des ophtalmologistes. D’illustres praticiens ont eu l’insigne privilège de faire reculer cette pathologie de la pauvreté. Le Professeur Kebouche, qui consacrait sa vie à l’épidémiologie de cette maladie, les professeurs Djennas, Aouchiche, Lazreg, Chibane et d’autres ont donné à cette pratique ses lettres de noblesse. La faculté de médecine d’Alger faisait école au Maghreb et même au delà de la Méditerranée.

La dermatologie, spécialité ingrate, remportait de grandes victoires sur les maladies vénériennes, telles la syphilis, les urétrites gonococciques, les parasitoses dermiques, la teignes et la gale qui tenaient le haut du pavé. Les professeurs Smaïl Dahlouk et Hamra Krouha sont les seuls noms que la mémoire défaillante d’un sexagénaire au crépuscule de sa vie a pu retenir. La psychiatrie, autre spécialité frustrante à laquelle se greffaient les séquelles de la guerre de Libération nationale, eut aussi ses heures de gloire. Le défunt Professeur Benmiloud ouvrait la voie aux Ridouh, Bakiri et autre Kacha. D’autres précurseurs dans leurs spécialités, les Toumi, Laliam venaient à peine de quitter le maquis, qu’ils investissaient un autre : celui de la maladie et de la déchéance sociale. Ces actions médico-sanitaires de masse, de portée socioéconomique indéniable, étaient communément désignées par le générique : médecine sociale. Ses bâtisseurs en faisaient un objet de fierté ; le vent ayant tourné, ses détracteurs en ont fait la médecine des démunis ou la médecine de l’administration.

Les services de santé naissants se dotaient alors d’un système de notification d’information sanitaire que beaucoup de pays parmi ceux dits développés n’avaient pas réussi à instaurer. Il s’agissait des maladies à déclaration obligatoire (MDO). Treize maladies étaient placées sous surveillance, si mes souvenirs sont bons ; elles portaient chacune un numéro de code. Tout praticien, quel que soit son régime d’exercice, était tenu de notifier aux services de santé territorialement compétents, chaque cas dépisté ou suspect. On innovait, en lançant en 1982, le carnet à souche qui rendait la tâche aisée pour les notificateurs.

Malheureusement, des esprits indigents ne réimprimaient plus les carnets à leur épuisement. Ils pensaient à tort que les articles de prévention ne relèvent que du seul budget du département ministériel. Il en était de même pour les vaccins qui étaient fournis gratuitement aux structures sanitaires. Hélas ! Que d’intentions généreuses étaient sacrifiées sur l’autel de l’indigence intellectuelle. Le certificat de décès à trois volets détachables renseignait sur la maladie initiale, les complications éventuelles, et enfin sur la cause probable du décès. Deux volets partaient de chez le certificateur, l’un pour le service d’état civil et l’autre pour les services de santé.

L’état de morbidité et de mortalité établi par wilaya parvenait à l’administration centrale. Cet état de morbidité codé au début, selon la classification de l’Organisation mondiale de la santé, était tout de même servi mensuellement en dépit du sous-encadrement médical, technique et administratif. Cette œuvre avait pour artisans les épidémiologistes. La masse de renseignements, qui parvenaient régulièrement des 31 wilayas d’avant 1984, était traitée, analysée et exploitée par une petite sous-direction des statistiques que tenait, pratiquement seul, M. Si Ahmed. L’épidémiologie, cette spécialité discrète, est à la santé publique, ce qu’est l’anatomie aux sciences médicales. Elle dissèque, observe et identifie la problématique. Nous n’en avons pas fait grand-chose ; nous l’avons cantonnée dans le service d’épidémiologie et de médecine préventive, appellation qui ne va pas plus loin que l’intention.

Confinée dans un service démuni de moyens opérationnels, elle lutte pour la survie. Que pouvait-on tirer de cette information sanitaire ? On pouvait tout en tirer ; de l’état de santé de la population, aux taux de mortalité hospitalière, à la prévalence des maladies dont les transmissibles, aux tranches d’âge concernées, etc. Cette information statistique orientait la planification sanitaire dans sa quête de pertinence, plaçant ainsi les moyens à mettre en œuvre pour résoudre la problématique, en interface avec les effets attendus. Notre pays, qui relevait à l’époque du bureau régional de l’OMS de Copenhague, relève actuellement de celui de Brazzaville. Il est tout à fait naturel que l’on relève de cet ensemble géopolitique qu’est le continent africain, mais ce « déclassement » est révélateur d’une dépréciation notable en matière d’avancée sanitaire. Notre maintien au niveau « Europe » aurait pu constituer un stimulateur bénéfique pour l’acte de santé national. Des instances internationales, telles que les organisations onusiennes, le G8 et des personnalités et non des moindres, à savoir BilI Gates, Hillary Clinton se sont inscrits résolument dans la lutte contre le SIDA.

L’on ne peut évoquer la lutte contre le SIDA sans y inclure la tuberculose et le paludisme. Le Global Fund ou Fonds mondial de lutte contre ces 3 maladies, basé à Genève, a été créé par des fonds gouvernementaux et ceux de donateurs. C’est dire tout l’intérêt qu’accordent les plus hautes instances dans le monde, pour venir à bout de la détresse humaine engendrée par les maladies. La maladie engendre des pertes de revenus à beaucoup de pays dont le système de santé est inopérant, au même titre que la récession économique. Qu’est-il observé aujourd’hui dans notre pays ? Un retour de maladies reémergentes qu’on croyait avoir réduites. Le secteur libéral, jadis peu développé, s’inscrivait résolument dans la stratégie nationale. Astreint à l’exercice à mi-temps journellement dans les structures sanitaires, il s’acquittait honorablement de sa mission. Prévenant le conflit d’intérêt, il lui était confié les tâches de santé publique : lutte antituberculeuse, protection maternelle et infantile, hygiène scolaire, enseignement paramédical, etc.

Certains de ces praticiens médicaux assuraient même des fonctions administratives, telles que celle de directeur de santé de wilaya. J’ai souvenir du docteur M. Kebaïli à Médéa et du docteur Bensounna à Tiaret, il y en avait bien d’autres. L’on considérait à l’époque que ces actions de santé publique ne pouvaient relever que du corps médical national. On confiait volontiers la consultation médicale et la cure hospitalière aux membres de la coopération étrangère. Décidément les temps ont changé. Le secteur public recourrait au privé dans son acceptation la moins péjorative. Qu’est-il observé aujourd’hui ? Une inversion de la tendance. C’est le secteur public qui pourvoit aux besoins du secteur, appelé par euphémisme : libéral. Certains, pas tous heureusement, feraient une confusion entre libéral et libertaire.

Sinon, comment expliquer cette dérive que rapporte épisodiquement la presse nationale. De cette vieille dame qui subissait un acte chirurgical dans une clinique privée et qui décédait à l’hôpital pour cause de tétanos, à cet enfant opéré pour une supposée appendicite et qui mourrait dans un tableau de détresse respiratoire, le maxillaire supérieur « défoncé » ou encore cette « épidémie » de césariennes que rien ou presque ne justifie. Quant au texte réglementaire portant obligation de vacciner dès la naissance, au BCG, à l’antipoliomyélitique et contre l’hépatite B, celui-ci est allégrement transgressé. Cette tâche est confiée aux services publics. Il ne s’agit en fait que de petits gestes dépassant guère les capacités professionnelles, d’un aide paramédical convenablement formé. On foule au pied la réglementation sanitaire, celle-là même qui autorise l’exercice de la médecine.

Maintenant, en ce qui concerne la désertion des services hospitaliers par certains spécialistes pour temps complémentaire, la dérive est bien consommée, et ce n’est un secret pour personne. De véritables réseaux de « rabattage » se sont constitués en « meute » pour traquer le malade et le livrer à la « curée ». La métaphore est excessive, mais ne s’éloigne pas beaucoup de la réalité vécue. Il existe cependant de nombreuses exceptions qui dérogent à la règle. Le docteur O. Latrèche, médecin spécialiste en anesthésie réanimation en exercice privé, passait le plus clair de son temps à l’hôpital de Tamanrasset. L’absence de morale professionnelle et de spiritualité éthique ne fera que gangrener ce secteur. Secteur certes important dans le réseau national des soins de santé, mais dans aucun cas substitutif au secteur d’Etat, seule alternative à la préservation et à la promotion de l’état de santé du citoyen.

L’auteur est cadre de l’administration sanitaire à la retraite

Farouk Zahi

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