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Revue de presse

Pas de reconnaissance pour ceux qui gardent nos malades

El Watan | Algérie | 09/05/2014

Devant le manque accru d’effectifs dans le secteur du paramédical, une nouvelle «profession» de garde-malade est née. Cependant, ce métier, qui nourrit plus d’une famille, n’est pas reconnu aux yeux de la loi. «Il m’est arrivé de dormir dans le bus en me rendant chez le patient que je garde.» Fatma Zohra sort de chez elle à 6h30 chaque matin pour retrouver Ahmed*, atteint de la maladie d’Alzheimer. «C’est tellement fatigant», confie-t-elle.

A l’image de milliers d’Algériens, et surtout d’Algériennes, qui n’ont pas de travail ou se retrouvent à la retraite sans assez d’argent pour subvenir à leurs besoins, Fatma Zohra a choisi de travailler au noir comme garde-malade. Au noir, parce que cette profession à part entière n’est pas reconnue. Pourtant, dans les plupart des hôpitaux de la capitale, la direction exige que les malades soient accompagnés. Et sur cette question, tous les médecins ne sont pas d’accord. «Les garde-malades n’ont pas lieu d’être dans un hôpital, mais si on arrive au stade d’en exiger d’un patient, cela en dit long sur la négligence du centre hospitalier où il se trouve, constate un généraliste. Cela veut dire que les infirmiers ne font pas leur job.»

Un autre professionnel de la santé témoigne : «Les garde-malades rendent davantage service au malade, car ils sont plus à l’écoute contrairement aux infirmiers. Souvent, ces derniers disparaissent après leur tournée du soir. Mais payer des gens pour un travail qu’ils n’accomplissent pas, c’est une des caractéristiques d’un système défaillant.» Quand Fatma Zohra pousse la porte de celui qui l’attend tous les jours, il est déjà 8h30. Lui est encore endormi. Elle a juste le temps de préparer le petit-déjeuner, café et tartines au beurre, avant de le réveiller et de l’aider à faire sa toilette. «Il n’arrive pas à mettre son pantalon tout seul, il faut que je l’aide. Même les chaussures, il ne les porte pas correctement», raconte-t-elle patiemment, les larmes aux yeux. A 10h, Fatma Zohra entame ses tâches ménagères tout en gardant un œil sur lui. «Il m’est arrivé de le poser sur une chaise et de la déplacer au fur et à mesure que j’avançais quand je lavais le parterre pour ne pas qu’il se sente seul.»

Lucidité

Vers midi, elle prépare le déjeuner. «C’est un moment que je redoute, car il n’aime pas les légumes ! Alors je dois ruser pour lui en faire manger», plaisante-t-elle avant de préciser, plus triste : «Bien sûr, je dois être présente auprès de lui constamment pour ne pas qu’il ne se fasse mal ou pour qu’il s’alimente correctement, car il lui est arrivé qu’il prenne la cuillère du mauvais côté.» Dans ses moments de lucidité, Ahmed arrive à discuter avec Fatma Zohra. «J’essaie de lui parler de tout et de n’importe quoi, l’essentiel c’est qu’il n’y ait pas de blanc, sinon il s’enferme dans son monde.» Puis la journée s’écoule entre la sieste et le goûter jusqu’à 19h.

Là, un autre garde-malade prend la relève pour la nuit. «Je ne vous cache pas que c’est un peu monotone comme travail, car les gestes se répètent tous les jours», confie cette mère de famille divorcée dont les enfants ont aujourd’hui quitté la maison. «Au début, il était timide et il n’arrivait pas à se dénuder devant moi, mais après, il a réussi à dépasser sa timidité et maintenant, c’est un quotidien. Il faut être en permanence aux petits soins pour son malade.» Plus que la charge de travail, c’est la responsabilité que les garde-malades désignent en premier. «Il faut se plier aux exigences du malade à toute heure, être à son écoute et prendre soin de lui tout au long de la journée, témoigne aussi Malika, la quarantaine, au chômage. C’est normalement le métier des infirmiers et des aides-soignants. Ces gens ont un statut et sont payés pour le faire et d’autres font le travail... Pauvre Algérie !»

Apprendre à connaître un malade, donner des médicaments, faire des injections, maîtriser les gestes de premiers secours… Zineb, mère d’un enfant dont elle a toujours la charge, est passée par là. «J’ai débuté dans cette profession avec une femme âgée diabétique. Chez elle, j’ai tout appris, à lire les notices des médicaments, à respecter l’heure des injections et les massages.» Quand Fatma Zohra est de service de nuit, c’est elle qui s’occupe du dîner.

Nursing

Le soir n’est pas le moment le plus facile. «Mon patient ne veut pas s’endormir. Il a des insomnies, alors il tourne en rond, claque les portes, allume les lumières. Il m’est arrivé de le menacer, en lui disant que s’il ne s’endormait pas, je serais fatiguée le lendemain et je ne pourrais pas rester avec lui», raconte-t-elle, les larmes aux yeux. Une médecin dans un hôpital, qui estime le manque de techniciens supérieurs de la santé à 20 000, se désole de cette situation. «L’Algérie préfère former des aides-soignants. Je ne suis pas d’accord avec les médecins qui disent que les infirmiers ne font pas leur travail, car ce n’est pas à eux de jouer le rôle de garde-malade. Je pointe plutôt du doigt les familles : si elles ne veulent pas prendre en charge leur malade, alors qui le fera ?»

C’est tout le problème : le train de vie des foyers où les deux conjoints travaillent rendent de plus en plus difficile la prise en charge de parents malades à la maison. En parallèle, il n’existe en Algérie aucune structure pour prendre en charge les malades de type Alzheimer, par exemple, ou les pathologies nécessitant une hospitalisation permanente. Au ministère de la Santé, Slim Belkassem, le chargé de communication, reconnaît que rien n’est prévu pour les garde-malades. «Ils ne sont admis que pour certaines catégories de malades, notamment les enfants en bas âge, sur la base de l’accord du chef de service qui a toute la latitude légale pour décider en la matière Mais les garde-malades, en dehors des praticiens engagés pour suivre un malade à domicile, n’ont ni la compétence ni l’autorisation pour soigner.

Leur présence est d’ordre strictement psychologique et ne devrait avoir pour objet qu’apporter du réconfort. Le fait d’utiliser des garde-malades pour des tâches de nursing (toilette notamment) constitue une perversion de la démarche, souvent encouragée par la mauvaise qualité du nursing, voire la mauvaise gestion de certains services hospitaliers.»
L’avis des syndicats :

Mohamed Yousfi. Président du syndicat des médecins spécialistes :

Comme son nom l’indique, le garde-malade n’est pas une profession. On le fait admettre dans un service avec des règles bien précises. Ce dernier rentre à l’hôpital avec un billet de salle (billet d’entrée) et est hospitalisé comme le malade. C’est grâce à un billet signé par le chef de service qu’il peut sortir. Le garde-malade dans un hôpital n’est pas normal, car il ne devrait pas y en avoir, hormis pour les enfants en bas âge dont la présence de la mère est nécessaire. Dans les hôpitaux, la réglementation est très claire, les garde-malades ne sont admis que parce qu’il y a un manque accru d’effectifs. Par ailleurs, ces derniers ne peuvent assumer que certaines tâches normalement dévolues à l’aide-soignant (changer le malade ou encore lui donner à manger). Il faut savoir que devant le manque important de paramédicaux, qui s’accentue — les gens partent en retraite, parfois même anticipée — le ministère de la Santé a même autorisé les personnes à travailler au-delà de 60 ans.

Ghachi Lounes. Secrétaire général du Syndicat algérien des paramédicaux :

Il y a un manque flagrant et très important d’effectifs dans le secteur du paramédical, leur nombre s’approche des 100 000. Alors qu’on devrait former au moins 20 000 paramédicaux chaque année. On ne voit sortir de nos 24 écoles de formation que 3000 éléments. C’est pour cela que le ministère de la Santé, qui est responsable de ce manque d’effectifs, doit améliorer la gestion de formation qui reste défaillante et rouvrir celle stoppée depuis près de 3 ans.

Sofia Ouahib et Ryma Maria Benyakoub

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