Cela passe par la maîtrise des approvisionnements pour éviter toute tension ou rupture que nous avons connue et que nous ne devrons plus connaître. Les dispositions prises par le gouvernement, notamment en matière d’appui financier et de facilitation des procédures, ainsi que les efforts des uns et des autres ont permis à l’Institut Pasteur d’Algérie de reconstituer ses stocks et d’être en mesure d’assurer un approvisionnement régulier, comme vous pouvez le constater actuellement. Cet effort devra être poursuivi sans relâche.

De nombreuses maladies sont aujourd’hui éradiquées grâce à la vaccination. Qu’en est-il de l’élimination de la rougeole dans notre pays ?

Vous avez raison d’accorder un intérêt particulier à cette maladie, dans la mesure où elle illustre la nécessité d’être vigilant et de veiller à ce que la vaccination soit correcte et poursuivie sans relâche. En effet, beaucoup de pays ont connu des résurgences sous formes de flambées épidémiques qui ont affecté non seulement des pays en développement, avec pour la région africaine plus de 120 000 cas en République démocratique du Congo, près de 20 000 cas au Nigeria et 8600 au Tchad, mais aussi dans les pays développés, comme en Europe où en 2011 il y a été enregistré près de 15 000 cas en France, plus de 5000 cas en Italie et plus de 3000 cas en Espagne, pour ne citer que les pays qui nous sont proches.

Aussi, l’OMS a fixé les cibles suivantes en vue d’éliminer la rougeole d’ici 2015 : à savoir dépasser une couverture de 90% par la première dose de vaccin à valence rougeole au niveau national et ramener l’incidence annuelle de la rougeole à moins de cinq cas pour un million d’habitants et maintenir ce niveau. Notre pays, conformément à ses engagements, s’inscrit pleinement dans cette stratégie mondiale et le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière (MSPRH) a, en 2009, entrepris la mise en œuvre d’un programme national d’élimination de la rougeole basé sur le renforcement de la vaccination, la surveillance renforcée du cas par cas, et de la prévention du risque d’épidémie par l’identification des zones et des populations à risque.

Les efforts consentis par les uns et les autres ont permis d’avoir des résultats appréciables, puisque notre taux de couverture vaccinale varie entre 90% et 91%. Le nombre de cas de rougeole est passé de plus 20 000 en 1996 à près de 15 000 en 2003, pour baisser ensuite de façon significative avec moins de 100 cas par an ces 3 dernières années, soit une incidence de l’ordre de 0,07/100 000 habitants. Néanmoins, nous demeurons vigilants compte tenu du risque de résurgence de cette maladie ; à l’effet d’assurer une meilleure protection vaccinale, l’âge de la première vaccination dans le nouveau calendrier vaccinal est passé de 9 à 12 mois, et notre objectif étant à notre portée, nous appelons les professionnels de la santé à poursuivre leurs efforts de sensibilisation pour que tous les parents soient pleinement conscients de l’importance de faire vacciner leurs enfants et les risques encourus s’ils ne le font pas.

Un nouveau calendrier vaccinal est en préparation par le comité d’experts en collaboration avec l’OMS. Quelles sont les nouveautés en matière de vaccins susceptibles d’être introduites ?

Je tiens avant tout à rappeler que le programme de vaccination a toujours été une des préoccupations majeures du MSPRH, et ce, d’autant que la vaccination constitue une composante essentielle du droit humain à la santé et qu’elle a pour but de réduire significativement la morbidité et la mortalité attribuables aux maladies cibles contrôlables par la vaccination. C’est pour cette raison qu’elle est et qu’elle demeurera gratuite et obligatoire dans notre pays. A cet égard, l’actualisation du calendrier de vaccination constitue, pour le MSPRH, un défi permanent qui passe par sa revue régulière conformément aux recommandations de l’OMS et aux exigences de l’épidémiologie nationale.

C’est ainsi qu’il a été procédé à l’introduction des rappels vaccinaux contre la rougeole, la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite en 1997, du vaccin contre l’hépatite virale B en l’an 2000 et du vaccin contre l’hémophilus influenzae B en 2007. Dans le cadre de la poursuite de cette actualisation, le MSPRH a retenu les principes directeurs qui considèrent que cette actualisation ne devrait pas être parcellaire mais globale, et devrait envisager toutes les opportunités permettant d’optimiser le programme élargi de vaccination, telles la simplification par le recours à des vaccins combinés et l’adjonction de prises supplémentaires devraient tenir compte de la situation épidémiologique et de ses tendances, des recommandations de l’OMS, des avancées technologiques et des tendances du marché mondial, et devraient, pour les nouveaux vaccins, s’appuyer sur l’élaboration de stratégies spécifiques pour les maladies cibles.

A cet effet, le MSPRH a organisé deux workshops regroupant notamment les membres de notre comité d’experts et des experts mondiaux de l’OMS et de l’Unicef dans le domaine de la vaccination et dont les recommandations me permettent de vous dire que les nouveaux vaccins retenus sont les suivants : vaccin antipoliomyélitique injectable, vaccin antirubéoleux, vaccin antipneumococcique et vaccin anti-ourlien (oreillons).

Quant au vaccin contre le papillomavirus et sur recommandations de l’expert OMS, secrétaire exécutif du comité technique mondial des vaccinations de l’OMS, il a été unanimement décidé, lors du dernier workshop, de se référer aux recommandations de ce comité mondial qui seront formulées sous peu après évaluation des expériences menées dans le monde. Alors, peut-on parler aujourd’hui d’un calendrier vaccinal 2014 ?

Oui, parce que le nouveau calendrier vaccinal fait actuellement l’objet de la procédure de promulgation dans le Journal Officiel et que, parallèlement, sous peu, le comité d’experts va, comme prévu, s’attacher à arrêter la stratégie de mise en œuvre sachant que nous avons déjà opté pour une approche graduelle.

Djamila Kourta