Sur ce point, le collectif de ces professeurs était unanime dans sa déclaration : «C’est un projet que nous espérons depuis longtemps; l’état de l’actuel CHU est alarmant en tous points de vue, mais nous ne voulons pas que le nouveau subisse les mêmes défaillances, surtout que nous attendons de pied ferme les assises de la santé publique, qui tardent à se concrétiser.» Il a été relevé, entre autres, lors de cette rencontre tenue à l’hotel Hocine, l’absence de statistiques fiables qui permettent d’orienter les vrais besoins de la population pour définir les priorités d’une telle structure.

L’un de ces praticiens évoquera, à ce propos, l’exemple du service de gynécologie: «Nous avons appris que le nouveau CHU disposera de 20 lits, un non-sens lorsqu’on sait que l’ancien malgré une capacité de 120 lits reste très insuffisant ; même constat pour d’autres spécialités qui doivent faire l’objet d’une étude avec les praticiens de la santé, et ce, à tous les niveaux.» Et un autre de ses confrères d’ajouter : «Il n’y a pas que nous, il y a aussi les paramédicaux qui accusent un grand déficit ; jouir d’une structure pareille sans l’apport de ressources humaines spécialisées reste une inconnue qu’il faut impérativement solutionner.» C’est en substance les appréhensions émises par les futurs praticiens de cette structure qui sera, selon le responsable de l’agence des réalisations des infrastructures hospitalière, réalisée dans 40 mois.

Le consortium franco-autrichien a été désigné pour son étude et sa réalisation ; il sera chargé des équipements et de la formation «pour un rendement optimal de la structure». Le représentant du ministère de la Santé ajoutera, dans ce sens : «Il s’agit d’une structure complexe et au regard des avancées notables de la médecine, le concept des longs séjours hospitaliers est pratiquement révolu, ce pour quoi nous avons prévu des installations modulaires pour occuper des espaces, et ce, à chaque fois qu’il sera nécessaire de le faire ; aussi, il est impératif pour nous d’assurer une formation à tout le personnel qui aura à exercer dans le nouveau CHU.»

Une structure pour combler un énorme déficit

L’autre aspect et non des moindres a été repris par le professeur d’anathomie-pathologie, Sabah Bensaci, qui dira : «Il est grand temps qu’un tel projet aboutisse, d’abord pour combler un immense déficit, mais surtout pour permettre à nos étudiants d’être proches de leur faculté qui se trouve actuellement à l’université Constantine 3 ; mais faute de CHU, ils sont obligés de se maintenir dans l’ancienne faculté pour être plus proche de l’ancien CHU, pour effectuer leurs stages.»

Et d’ajouter : «J’ai beaucoup d’inquiétude sur les délais de réalisation, parce qu’il y a vraiment urgence.» A ce sujet, le représentant du ministère de la Santé déclare: «La sélection a été très rude, puisque sur les 35 soumissionnaires, seuls 10 ont été retenus et nous avons opté pour ce consortium, parce qu’il présente des références solides en la matière.» Rappelons que le consortium est composé de Bouygues Bâtiment, pour la partie construction, Vamet Ingéniering, pour la partie équipement et APH Paris pour la partie gestion.

Le chargé d’affaires de Bouygues Bâtiment, Walter Groff, nous confie ceci : «Nous disposons d’un capital expérience non négligeable, puisque nous sommes représentés dans 80 pays et nous venons de livrer 3 grands hôpitaux en France, au Canada et en Grande-Bretagne.» Quoi qu’il en soit, ce ne sont pas les effets d’annonce qui augurent une réussite, mais bel et bien un travail en amont sur un tel projet qui, selon les dires du représentant du ministère a été décidé il y a cinq mois.

N. Benouar