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Revue de presse

Les médecins algériens, chouchous des hôpitaux français

El Watan | Algérie | 31/01/2014

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 20% des médecins français inscrits au Conseil national de l’Ordre des médecins sont… Algériens. Bien formés et habitués à travailler dans des conditions difficiles, ils représentent aussi une main-d’œuvre bon marché et comblent un manque d’effectifs. «Vous avez vu, il marche maintenant !», lance une vieille dame en montrant son mari avancer prudemment dans le couloir.

«Oui, c’est bien, c’est vraiment bien, il pourra sortir vendredi», répond Samir. Lunettes rectangulaires et barbe de trois jours, Samir, la trentaine, est arrivé en gériatrie un peu par hasard. Il y a exercé en tant qu’infirmier et y a pris goût. Des félicitations et des remerciements, il y en a partout sur ses feuilles d’évaluation. Après avoir obtenu le concours lui permettant d’exercer en tant que médecin en France, il attend de pouvoir être inscrit à l’Ordre des médecins et a, pour le moment, un statut de praticien attaché. Diplômé en médecine générale à Tizi Ouzou, il arrive en France en 2007. «J’ai fait des petits boulots et, en même temps, je faisais la capacité de médecine du sport. J’étais hébergé chez des amis. Après, pour me stabiliser, j’ai passé le concours d’infirmier, ça m’a permis de m’imprégner de la médecine française», explique-t-il. Il tient un an. «Je ne supportais plus de me voir en tant qu’infirmier, donner des cachets aux patients, sans responsabilité, sans rien.» Samir prépare alors la Procédure d’autorisation d’exercice (PAE). Selon la loi du 1er février 2012, les praticiens doivent passer une épreuve de vérification des connaissances. Il faut un certain nombre d’années d’exercice qu’on appelle les années probatoires, à effectuer dans des services de soins agréés pour la formation des internes français. «Le praticien passe un examen pratique écrit qui porte sur des cas cliniques concrets, plus un deuxième examen, sur présentation d’un dossier professionnel rempli par les chefs de service, sur la base duquel le parcours professionnel est évalué», explique Hocine Saal, médecin urgentiste et vice-président du Syndicat national des praticiens à diplôme hors Union européenne.

Régularisation

Il faut ensuite de nouveau déposer un dossier devant une commission d’autorisation d’exercice qui statuera sur l’aptitude du praticien à exercer en France. Après ça, le praticien s’adresse à l’Ordre des médecins et obtient son autorisation d’exercice et l’inscription à l’Ordre des médecins. «En moyenne, il s’écoule entre huit à dix ans entre le moment où le praticien pose le pied en France et le moment où il obtient l’autorisation d’exercer», précise Hocine Saal. Un délai relativement long, mais la loi de 2012 a fait beaucoup pour la régularisation des médecins diplômés hors de l’UE exerçant en France. Avant, la plupart exerçaient en tant que Faisant fonction d’interne (FFI), un statut d’étudiant à faible rémunération (1400 euros nets par mois). Cette loi a permis à tous ceux qui travaillaient en tant que FFI de changer de statut et de passer à praticien attaché ou associé, mieux rémunéré (1800 euros nets par mois). Et en quelques années via la PAE, les médecins associés ou attachés ont ensuite la possibilité de régulariser leur statut et obtenir le statut de praticien hospitalier. Une régularisation nécessaire, d’autant que la France a besoin de ces médecins étrangers, car elle manque d’effectifs. «Durant des années, les autorités ont serré le quota de médecins diplômés en France avec l’idée qu’en réduisant le nombre de médecins, ils réduisaient les dépenses de santé. Sauf que déjà à la fin des années 1980, ils savaient qu’il y avait un vide démographique. Depuis, ils ont remonté le quota des promos de médecine, mais il faudra combler ce manque pendant quelques années encore», explique Madjid Si Hocine, médecin gériatre et membre de l’association Solimed (Solidarité médicale franco-algérienne). Pour ceux qui sont arrivés avant que la loi ne donne un statut aux médecins étrangers, la situation est toute autre. Taïeb Ferradji, pédopsychiatre, est arrivé en France au début des années 1990.

A priori

Il a dû refaire intégralement ses études en France après dix ans d’études en Algérie. Soit dix-huit ans d’études en tout. «Ce qui était difficile, c’était d’arriver avec un diplôme de médecin spécialiste et de se rendre compte qu’en fait, il ne vaut rien. Il faut recommencer à zéro», explique-t-il. Madjid Si Hocine, médecin gériatre, est lui aussi arrivé en France à la même période. Jusqu’en 2005, les régularisations se font au compte-gouttes, alors dès que la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) est créée, fin 2004, Madjid Si Hocine la saisit, avec d’autres médecins. «J’ai écrit au président de la Halde qui a jugé qu’il y avait une discrimination de traitement des médecins diplômés hors UE. Cela a eu un réel impact sur les lois.». Il y a, selon le Conseil national de l’Ordre des médecins, 17 835 médecins diplômés à l’étranger en activité en France et la majorité (22%) vient d’Algérie. Alors, quel regard portent les médecins français sur ces médecins algériens ? Le sentiment partagé par plusieurs d’entre eux est que le niveau des médecins formés en Algérie a baissé depuis quelques années. «J’ai l’impression que les médecins algériens étaient meilleurs il y a dix, quinze ans. Il y a eu un moment où l’apprentissage est devenu très livresque. Des médecins, excellents en termes de connaissances pures qui, une fois face à un patient, ne sont pas bons», estime le docteur Matthias Wargon, médecin urgentiste en région parisienne. Selon lui, le niveau des médecins formés en France ou même en Tunisie est homogène, alors que celui des médecins algériens peut varier du tout au tout. «Il y a des pays pour lesquels je vais être moins méfiant comme la Tunisie, que je situe au même niveau que la France. Pour les Algériens, je vais avoir un a priori moins favorable», reconnaît Matthias Wargon, qui a eu quelques expériences malheureuses avec des médecins algériens. Pour la plupart des médecins algériens interrogés, le retour au pays est envisagé, notamment pour transmettre les connaissances et le savoir-faire acquis en France, mais ce retour n’est pas toujours réalisable, les longues années passées dans le processus d’équivalence en France n’étant pas prises en compte en Algérie.

Paupérisation

«Si on retourne on Algérie, on perd deux ou trois ans. On doit retrouver notre place de résident. Bref, on ne peut pas faire marche-arrière. On est coincés en France. Si c’était à refaire, je ne repartirais pas parce que je ne vois plus ma famille restée là-bas», confie Samir. Et pourtant, en Algérie, les possibilités d’évolution sont plus nombreuses et les salaires augmentent. «Je pense qu’en Algérie, il y a plus de potentialités qu’en France, il y a plus de moyens. En France, la profession de médecin se paupérise», estime Madjid Si Hocine. Il veut voir les médecins algériens exerçant en France comme une force de travail mobilisable par l’Algérie. «Il faut voir le côté positif des choses : cela a permis aussi à des Algériens de se construire un niveau scientifique dans des domaines auxquels ils n’ont jamais eu accès. C’est un capital en jachère, c’est comme les réserves de pétrole dans le Sahara. La gériatrie n’est pas enseignée en Algérie. Moi, j’irai très volontiers donner quelques cours là-bas.» En France, après des années d’encadrement strict du nombre d’étudiants admis au concours en première année de médecine, ce numerus clausus devrait s’ouvrir dans les années à venir pour combler les besoins dans certaines régions.

Rebuffades

En moyenne, 85% des étudiants inscrits en première année commune aux études de santé (Paces) ne passent pas en deuxième année. Un taux d’échec qui peut créer des tensions au sein des services hospitaliers, en particulier face aux médecins étrangers qui n’ont pas à passer ce concours. «Nous, nous avons des infirmiers qui ont raté la médecine, donc quand ils voient un médecin avec un diplôme étranger qui n’a pas le niveau et qui peut quand même exercer, évidemment que cela crée des rancœurs», explique le docteur Wagron. «Pour beaucoup de Français, c’est un traumatisme, car dans beaucoup de familles, il y a un cousin, un neveu qui a voulu faire médecine et qui n’a pas réussi. Ce qui peut expliquer certaines rebuffades plus tard pour accéder à certaines positions», renchérit Madjid Si Hocine. Une «rebuffade», c’est ce qu’a vécu le docteur Ferradji. «On appelle ça le plafond de verre. On voit le ciel, mais on n’y accède pas», explique-t-il. Après treize années passées dans un hôpital de la région parisienne, il a changé d’établissement lorsqu’on lui a fait comprendre qu’il ne pourra jamais devenir professeur, en raison de son origine. «La patronne que j’avais là-bas m’a dit les yeux dans les yeux : "Si on était en Algérie, tu serais déjà professeur."» Avant d’ajouter : «Je ne t’autorise pas à candidater», raconte le pédopsychiatre. «Les Algériens ont fait leur chemin depuis le début des années 1990, beaucoup ont réussi professionnellement», nuance Madjid Si Hocine. Il se dit heureux, épanoui professionnellement et pense que c’est le cas de beaucoup de médecins algériens en France. Lui aurait pu devenir professeur, mais il ne l’a pas souhaité. Avec les lois successives, le statut des médecins étrangers en France s’est éclairci, est devenu plus juste et si le chemin est long, il est largement réalisable.

Les sages-femmes dans l’impasse :

Le cas des sages-femmes qui viennent travailler en France est encore plus compliqué. Leur statut est également régi par cette loi de 2012. Elles doivent donc passer le concours, celui de la procédure d’autorisation d’exercice (PAE). Cela coince lorsque les lauréates du concours doivent effectuer leur année probatoire sous le statut de sage-femme associée, un statut qui n’existe pas dans les faits.

«Depuis que j’ai eu le concours en 2012, j’ai postulé dans les hôpitaux et je n’ai eu que des refus. Ils me disent qu’ils n’ont pas de budget, pas de poste sur le statut demandé», explique Wahida. A 38 ans et après avoir travaillé dix ans en Algérie, elle attend depuis un an de trouver un poste de sage-femme associée en France. Wahida sort tout juste d’un rendez-vous au ministère de la Santé, où elle a exposé sa situation avec d’autres sages-femmes. «On a demandé au ministère de débloquer des budgets et de réduire l’année probatoire à six mois.»

Pas si sûr que cela change la donne, mais elle a bon espoir. «Historiquement, la loi qui a créé le statut d’associé s’appliquait aux médecins, aux pharmaciens et aux chirurgiens-dentistes, mais jamais aux sages-femmes», explique Madjid Si Hocine. A choisir, les hôpitaux préfèrent embaucher une sage-femme diplômée en France qui est inscrite à l’Ordre des médecins, plutôt que de prendre une sage-femme en période probatoire.

«Depuis 2009, sur 55 lauréates seulement 6 ont pu faire leur année probatoire», s’insurge Wahida. Elle a envisagé un temps de faire autre chose, puis elle a monté un groupe et entend défendre leur position. «Le fait que je sois là aujourd’hui, au ministère de la Santé pour défendre mon métier, je le raconterai un jour à ma fille, confie-t-elle. C’est quelque chose dont je suis fière !»

Aurélia Frescaline

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