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Revue de presse

Infections orthopédiques : Des chirurgiens déplorent l’insuffisance de moyens

El Moudjahid | Algérie | 27/11/2006

Des chirurgiens orthopédistes ont déploré, lors d’un congrès ouvert hier à Alger, les moyens "insuffisants et dépassés" qu’ils utilisent, dans les urgences, pour soigner les infections orthopédiques. Qualifiant cette situation de "véritable drame", ces spécialistes ont indiqué, au 13ème Congrès national de la Société algérienne de chirurgie orthopédique et traumatologique (SACOT), que les malades peuvent traîner pour longtemps des complications dues aux infections orthopédiques.

"Les infections orthopédiques touchent les os et les patients peuvent traîner leurs complications durant toute leur vie (amputations)", a affirmé le professeur El Salah Khaznadar, président de la SACOT, qui a appelé les pouvoirs publics à "réhabiliter" cette spécialité aussi "importante" que la cardiologie.

Quelque 4500 médecins orthopédistes exercent à travers le territoire national, ce qui est "très insuffisant", a-t-il souligné en raison du vieillissement de la population et des milliers d’accidentés de la route. D’après le docteur Hachelaf Karim de l’EHS de Douera (Alger), deux types d’infections relèvent respectivement de la traumatologie et du prothétique (prothèses).

Dans le premier cas de figure, les accidentés de la circulation de la route constituent "le gros du bataillon", affirme-t-il, en précisant que le risque d’infections est plus important en raison des polyfractures subies par le blessé. Pour le cas des infections dues aux fractures, qui créent des pseudo-arthroses, "les os ne se consolident pas et le traitement est long, coûteux et astreignant aussi bien pour le chirurgien que pour le patient à qui on a placé des broches par exemple", a-t-il expliqué.

Les infections sur les prothèses chirurgicales constituent "un grand problème de prise en charge", a-t-il ajouté, en précisant que l’articulation est remplacée par une autre artificielle pour assurer au patient une certaine mobilité.
Le risque tant appréhendé par les chirurgiens est l’infection de la hanche au contact du corps étranger qui s’infecte. "La prise en charge du malade, pour cette infection, est encore plus difficile que pour le premier cas" car, a-t-il expliqué, "elle nécessite des moyens énormes sans une grande garantie de résultats ».

Dans ce cas, le patient subit plusieurs interventions, "parfois jusqu’à quatre dans le mois", a-t-il indiqué, ajoutant que les médecins sont confrontés à une insuffisance de prothèses et donc "incapables de répondre à la forte demande". A titre illustratif, l’EHS de Douera, affirme le docteur Hachelaf, "bénéficie annuellement de 100 prothèses de la hanche, pour une liste d’attente de 300 patients", soulignant que "la durée de vie des prothèses est de 10 à 20 ans et, au-delà, il faut penser à la changer et l’intervention est excessivement chère".

La traumatologie de la main a été l’autre thème développé lors de cette rencontre de trois jours à laquelle participent d’éminents chirurgiens orthopédistes étrangers. En Algérie, les traumatismes de la main, surtout en milieu professionnel, constituent un problème de santé publique, ont affirmé des praticiens de plusieurs CHU.
La chirurgie de la main est "une chirurgie très fine nécessitant des unités spécialisées d’urgence qui sont inexistantes dans notre pays", ont-ils affirmé.

En dépit du manque de spécialistes, les chirurgiens orthopédistes opèrent avec "beaucoup de difficultés" la main, en se limitant à "recoller la peau sans relier les nerfs", ont précisé des chirurgiens, expliquant que ces derniers »font dans l’esthétique pour aider psychologiquement le malade, mais la main reste invalidante".

A ce propos, le Pr. Khaznadar, du CHU d’Oran, a estimé que la tenue de ce congrès est "bénéfique" aux chirurgiens orthopédistes nationaux pour acquérir de nouvelles technologies et le savoir-faire en la matière.
Autre pathologie grave, soulevée par les praticiens en marge des travaux, est la luxation congénitale de la hanche chez les filles. "Cette maladie, qu’on croyait bannie, existe toujours", a fait savoir le Dr. Hachelaf, expliquant que le diagnostic "n’est pas fait correctement à la naissance de la fille".

"On nous ramène la petite fille à l’âge de la marche, ce qui complique doublement sa prise en charge, alors qu’il faut hospitaliser l’enfant et la mère", a-t-il dit en faisant remarquer que la formation de médecins dans cette spécialité "n’est plus assurée" en Algérie.

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