«J’ai stocké plus de 6 boîtes de 800 seringues et je pensais qu’il s’agissait d’une rupture de quelques semaines. Voilà trois mois que le marché des seringues est complètement déréglé, et aucune éclaircie à l’horizon. Aujourd’hui, je n’ai plus une seringue dans mon officine. Que dois-je dire aux malades ?», s’interroge un pharmacien qui affirme que personne n’a pu lui fournir une réponse logique sur ce scandale et poursuit : «Je n’ai aucune idée sur les raisons. Même nos distributeurs, silence radio. On s’entraide entre officines mais aujourd’hui tout le monde est en panne.»

Si pour les malades hospitalisés le problème de seringue est presque réglé car les infrastructures hospitalières sont approvisionnées par la PCH (pharmacie centrale des hôpitaux), les autres malades sont durement pénalisés : «Nous avons fait le tour de plusieurs pharmacies, sans succès. Nous avons besoin de seringues 5 cc (prix 10 dinars) pour administrer des antibiotiques», se désole le parent d’une malade. Et comme le malheur ne vient jamais seul, les produits antibiotiques et spasmodiques se font aussi rares et sont introuvables dans plusieurs officines.

«Oui, j’affirme que les antibiotiques et antispasmodiques sont rares», confirme notre interlocuteur. «Le système de santé se dégrade de jour en jour. De son côté, le ministère de la Santé va une fois de plus nier la rupture et parler de mauvaise distribution. Soit ! Que doit faire le malade face à ces pénuries ?», s’interroge un patient atteint de diabète : «Dieu merci, les seringues 1cc (pour les diabétiques) sont disponibles.» En effet, la pénurie touche surtout les seringues 5cc qui sont d’ailleurs les plus utilisées.