La maladie touche toutes les franges de la société, selon l’étude menée par la même association dans des structures de santé. Sur 1043 malades adhérents de l’association, l’on relève 246 jeunes adolescents(es) et 258 enfants âgés de moins de 10 ans. L’une des contraintes à laquelle est confrontée cette catégorie de patients est la non-reconnaissance du caractère chronique de la maladie.
La couverture sociale ne concerne pas tout le monde, nous dit-on. «Un texte évoque l’asthme comme étant une maladie chronique, mais il cible un stade sévère de la pathologie. Il profite uniquement aux malades hospitalisés et alités qui sont remboursés à 100%, mais pas les autres cas. On se demande pourquoi cette ségrégation pour une même maladie», s’interroge notre interlocuteur, qui ajoute : «Une simple allergie ou une crise de catégorie allergique comme l’asthme bronchique peut tuer le malade.Ce que nous revendiquons, c’est le classement de l’asthme comme maladie chronique tout court.»

L’autre obstacle soulevé par le président de l’AAWTO a trait à la pénurie et à la cherté du médicament pour asthmatiques, tel le Becotide, une solution pour inhalation buccale, les flacons de spray et autres broncho-dilatateurs, indispensables en cas de crise. «Un flacon de spray coûte 830 DA lorsqu’il est disponible en pharmacie. Les soins reviennent trop cher, notamment pour les malades non assurés. Grâce aux dons que nous recevons de la part de bienfaiteurs, nous répondons favorablement aux familles démunies ou à faibles rentes, chez lesquelles le nombre de malades dépasse les trois par famille», précise M. Djebbara.

L’hospitalisation des malades pose également problème en raison de la limite des capacités d’accueil des infrastructures de la santé. «Nous avons relevé de graves défaillances au service de pneumologie de l’hôpital Belloua, un service qui ne dispose que de 90 lits, où il a été constaté également la proximité de nos malades avec d’autres cas présentant des affections graves, comme la tuberculose. Le service des urgences du CHU ne dispose pas de chambres spéciales pour asthmatiques, dotées de moyens d’oxygénation, de sièges confortables pour le positionnement du patient. On est même confronté à l’hospitalisation dans des couloirs, chose qui aggrave l’état du malade en cas de crise d’asthme», déplore le président de l’Aawto.

En 2006, cette association a bénéficié d’une aide de 4 millions de dinars de la part d’une ONG européenne pour le financement d’un centre thérapeutique d’asthme, une sorte d’école d’asthme. «Nous avons même pensé à faire des hospitalisations, ce qui nous a été refusée au prétexte que cela relevait exclusivement des prérogatives de l’administration», nous apprend M. Djebbara, indiquant que «la Conservation des forêts nous a cédé une parcelle de terrain, tout près de l’hôpital Belloua. Malgré les efforts consentis pour concrétiser ce programme, le projet est toujours bloqué par une décision arbitraire du chef de daïra, qui refuse d’approuver une délibération votée par l’APC de Tizi Ouzou en 2011, consistant à attribuer une poche de terrain pour abriter ce centre pour les malades». Sans subvention depuis 2010, l’association persévère tant bien que mal dans son activité, grâce aux aides de l’APW et des donateurs privés, dont «le laboratoire pharmaceutique Astra Zeneca qui prend en charge les frais de nos programmes d’action».

Durant l’année 2012, l’association a effectué, en collaboration avec la DAS et l’APC, plusieurs activités au profit de ses adhérents, telle que la remise du couffin du Ramadhan, des trousseaux scolaires, en plus d’excursions, de journées pédagogique et sanitaire, de séances thérapeutiques à la piscine. En projet, l’AAWTOprévoit le lancement d’une école de soutien aux malades, dont une classe d’examen pour des illettrés, une autre de secourisme et de soins paramédicaux d’urgence, ainsi que des cours d’initiation à l’informatique.

Ahcène Tahraoui