Le chef de service du dépistage du cancer du sein au centre de cancérologie Pierre et Marie Curie (CPMC), le Pr Ahmed Bendib, a estimé hier, que ce sont «les préjugés dans la société algérienne qui entravent la prise en charge précoce du cancer du sein chez la femme.» A la veille de la célébration de la journée mondiale de Lutte contre le cancer, le 4 février, le spécialiste a expliqué que «dans plusieurs cas, les conjoints n’accompagnent pas leurs épouses à l’hôpital tandis que dans d’autres, les femmes dissimulent les résultats de leurs analyses lors de la confirmation du diagnostic du cancer du sein, par crainte d’une opération d’ablation, ce qui les ramène à un stade avancé de la maladie où il est difficile de les traiter.»

Concernant les jeunes filles, le professeur Bendib a dit qu’ «une fois la maladie diagnostiquée, certaines ne se rendent pas à l’hôpital pour recevoir les soins nécessaires à temps, par crainte de l’ablation du sein ou pour d’autres raisons personnelles notamment en raison du regard de la société algérienne et des préjugés.»

Le cancer du sein vient en tête des cancers répandus en Algérie avec 10.000 cas enregistrés par an et une moyenne d’âge de 40 dont 95% des cas qui se présentent à un stade avancé de la maladie. Alors que les femmes atteintes du cancer du sein dans les pays occidentaux guérissent complètement ou vivent plus longtemps avec cette maladie chronique, plus de 3.000 femmes décèdent annuellement de cette pathologie en Algérie, selon le spécialiste. Le professeur Bendib, a indiqué que «10 % des cas de cancer du sein, du colon et du rectum sont génétiques ce qui nécessite l’ouverture d’un service de recherche et une autre de suivi au niveau du CPMC et du service de gastro-entérologie au CHU de Mustapha Pacha.»

W. B.