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Revue de presse

Cancer : de Sétif à Tunis, le long calvaire de Mohamed

El Watan | Algérie | 30/11/2012

Se soigner contre le cancer est déjà un combat. Dans l’Est, nombreux sont les patients à traverser la frontière pour se rendre à Tunis, à la pointe de la lutte contre la maladie. El Watan Week-end a accompagné Mohamed, 52 ans, dans un épuisant périple où les kilomètres s’ajoutent par milliers aux heures de chimiothérapie.

«En deux mois et demi, j’ai dû parcourir plus de 7200 km. Il me reste encore cinq séances de chimiothérapie, la radiothérapie, et j’avoue que je suis à bout de forces.» Pour se soigner d’un cancer des poumons, Mohamed, 52 ans, résidant à Sétif, fait trois fois par mois le trajet vers Tunis où il est pris en charge dans une des cliniques privées de la capitale. Exactement à la clinique privée Ennasr, première clinique africaine de carcino-radiothérapie, spécialisée dans la chirurgie cancérologique et le traitement des cancers. L’ouverture, en juin 2011, de l’unité d’oncologie médicale à la polyclinique Ahmed Guemache (EPSP de Sétif) n’a pas amélioré la situation des malades atteints de cancer.

Les médecins ne parviennent pas à faire face à l’augmentation exponentielle du nombre de patients (voir encadré). Sur presque 7000 consultations effectuées entre juin 2011 et juin 2012, seuls 1820 patients ont eu droit à des séances de chimiothérapie. Pendant la même période, l’hôpital a enregistré entre 100 et 150 décès. En dehors des récurrentes ruptures de médicaments, les traitements sont réalisés avec des génériques indiens et mexicains que certains spécialistes critiquent. «Ces médicaments bon marché ont pourtant montré leurs limites», précise un spécialiste. Pour bénéficier de véritables soins palliatifs, d’antidouleurs efficaces, d’un apport psychologique et de protocoles fiables, de nombreux cancéreux de Sétif mettent le cap sur Tunis où les cliniques privées n’ont rien à envier aux grands centres européens de lutte contre le cancer.

«Ne pouvant supporter l’agressivité verbale des infirmiers et les tâtonnements de mon médecin, je me suis mis à chercher un endroit où je pourrais être traité comme un malade. Et sur recommandation d’un parent d’un malade soigné à Tunis, j’ai pris la route, raconte Mohamed. Faute d’antidouleurs, j’ai dû faire les 600 km séparant Sétif de la capitale tunisienne, dans un lit placé dans un fourgon, transformé en ambulance de fortune. Je ne peux vous décrire les souffrances endurées durant le trajet.»

Centre d’imagerie

Et pour les besoins de ce traitement longue distance, le fonctionnaire a pris sa retraite. Nous avons accompagné Mohamed au cours d’un de ses déplacements à Tunis. Douze heures de route, quelques arrêts pour calmer les douleurs et les nausées, nous arrivons au centre anti-cancer. Implantée dans un des plus beaux lotissements d’Ariana, une agglomération de la capitale tunisienne, la clinique Ennasr surplombe une cité résidentielle de villas et promotions immobilières à l’européenne. L’établissement dispose de toutes les spécialités, sauf la gynécologie : il comprend un centre médical pluridisciplinaire où exercent des spécialistes privés conventionnés, un centre d’imagerie et un laboratoire d’analyses. Il est aussi le premier en Afrique du Nord à disposer d’un isolateur et d’un accélérateur linéaire de radiologie de dernière génération.

«Cette clinique appartient à des hommes d’affaires associés à des médecins (majoritaires), précise le Dr Benhadid, médecin coordinateur et responsable du service des urgences. La clinique est dirigée par un grand patron, un cadre administratif, et un surveillant général chapeaute toutes les activités. Celui-ci est secondé par les surveillants généraux des étages. Avec une telle organisation, les responsabilités sont ainsi limitées. Soumise au contrôle inopiné des services du ministère de la Santé, la clinique fait de l’hygiène sa priorité.»

Pour Mohamed, qui a vécu un calvaire avant de se savoir malade, cet environnement est déjà très rassurant. «Pour un mal de dos qui me terrassait depuis plus d’un mois et demi, j’ai consulté deux spécialistes qui n’ont pas jugé utile d’effectuer des examens approfondis. Le premier a diagnostiqué une déchirure musculaire. Le second, une tendinite, se souvient-il. Pourtant, je leur avais aussi parlé de mon manque d’appétit, ma pâleur était visible et une fatigue intense rendait chacun de mes mouvements presque impossibles.»

Chimiothérapie

Finalement, une radio révèle une tumeur au poumon et un scanner, une autre tumeur sur une vertèbre de la colonne vertébrale, à l’origine de ses atroces douleurs de dos. Des douleurs que Mohamed a pu soulager dès son arrivée à Tunis. «Un oncologue m’a tout de suite prescrit trois médicaments qui m’ont remis sur pied en quelques heures. Dès le lendemain, l’équipe médicale, composée d’un oncologue, d’un radiothérapeute et d’un chirurgien, qui avait auparavant étudié les conclusions du scanner, a exigé une IRM. 24 heures après, la tumeur et la vertèbre abîmées sont délogés. Au cours d’une délicate opération qui aura duré plus de six heures, un chirurgien me place une prothèse. La première séance de chimiothérapie est effectuée 48 heures après ma sortie de la salle de réanimation.»

Ces longues séances de chimiothérapie commencent à 8h30, pour ne prendre fin qu’aux environs de 20h. «Avant de commencer, les résultats des analyses réalisées la veille ont forcément dus être étudiés, précise le patient. Le début de la chimio est précédé par la pesée, la prise de la tension artérielle et la température du corps. L’injection intraveineuse du liquide de dix bouteilles et sachets en plastique est suivie à la minute près par un personnel paramédical omniprésent qui veille à l’application scrupuleuse du protocole. Le passage de la nutritionniste pour un repas à la carte, la diligence des infirmiers à l’écoute et l’attendue visite du médecin traitant apaisent les souffrances générées par douze heures de calvaire.» Quatre à cinq fois par jour, Mohamed voit aussi passer la gouvernante et l’hygiéniste.

Evidemment, tout cela a un coût. Les honoraires des médecins, les frais de séjour (hébergement, restauration…), d’hospitalisation (transfusion sanguine, chimiothérapie, analyse, etc.) ainsi que les médicaments commandés à une pharmacie externe figurent clairement dans un document. «En plus des frais de la chimiothérapie, qui oscillent entre 700 et 1400 DT (entre 350 et 700 euros) la séance, je dois préparer l’enveloppe de la radiothérapie. J’ai dû hypothéquer mon logement», explique Mohamed. Un parcours qui fait enrager le Pr Benhadid, algérienne.

«J’enrage quand je constate que mon pays, qui dispose pourtant de ressources financières colossales, ne peut soigner ses malades. Il est en mesure de construire d’innombrables cliniques, meilleures que celle d’Ennasr où exercent des médecins tunisiens qui ont poursuivi leurs études de médecine à Constantine et Alger.» Et d’ajouter : «Pour des raisons inavouées, l’Algérie n’a pas voulu signer de conventions avec la Tunisie. Il faut savoir que les relations avec les médecins sont mauvaises, car ils ne transmettent que rarement les dossiers médicaux de leurs patients. Ce comportement complique la situation des patients qu’on ne devrait pourtant pas pénaliser.»

* Le Pr Hamid Cherif est aussi fondateur du registre du cancer de Sétif (premier du genre en Algérie) et président de l’Observatoire du tabac en Afrique francophone

Dahmane : 15 000 km pour 12 séances de chimiothérapie

J’ai fait des pieds et des mains pour que la souffrance de mon épouse soit prise en compte et qu’elle bénéficie d’un traitement approprié qui puisse mettre un terme à des crises d’estomac. La première fibroscopie pratiquée par un spécialiste (cabinet privé) n’a rien relevé. Constatant que l’état de santé de ma femme empirait deux mois plus tard, un deuxième spécialiste, qui appuie son examen par des analyses, découvre une tumeur à l’estomac.

La vie de ma petite famille a basculé. Ne pouvant faire confiance à des médecins qui n’avaient pas poussé leurs investigations alors que l’état de mon épouse était inquiétant, j’ai pris rendez-vous à la clinique Ennasr. Ma femme a été opérée quelques jours plus tard. Après l’insoutenable épreuve de l’ablation d’une grande partie de l’estomac, mon épouse a dû endurer 12 séances de chimiothérapie de 12 heures chacune. En plus des 15 000 km parcourus en quelques mois.

Mounir : Ici, le malade est un être humain

Mon beau-père, opéré à Marseille d’une tumeur du colon, est, depuis novembre 2010, suivi par les praticiens de la clinique Ennasr où le malade est un être humain. Ici, les cures ne sont jamais reportées et les médicaments sont disponibles. Il est vrai qu’une telle prise en charge a un coût. L’argent est relégué au second plan par les praticiens de la clinique, plus intéressés par la performance médicale.

Amar : J’ai pensé à vendre un de mes organes

Un cancer du sein a été diagnostiqué chez ma femme en juillet 2011. Une clinique privée de Sétif a procédé à l’ablation d’un sein avec
24 ganglions. Pour m’acquitter des frais de l’opération estimés à 60 000 DA, j’ai dû contracté un premier prêt. Pour un fonctionnaire comme moi, ne percevant que 26 000 DA/mois, un tel montant est une fortune. Comme un malheur n’arrive jamais seul, la rupture des médicaments à l’hôpital de Sétif a privé mon épouse d’une 6e séance de chimiothérapie. Ce n’est que huit mois plus tard qu’elle entame une radiothérapie à Blida.

Mais pour la sauver d’une mort certaine, je devais impérativement l’emmener à Tunis. Je devais réunir 500 000 DA. J’ai pensé à vendre un de mes organes. Dans une clinique privée de Tunis, ma femme a pu suivre 25 séances de radiothérapie programmées. Cette étape nous a obligés à rester pendant 5 semaines à Tunis. Après plus de six mois de souffrance et de séparation, ma petite famille ne s’est retrouvée au complet qu’en janvier 2012. En plus des problèmes de santé de ma femme, nous devons maintenant rembourser nos dettes. Nous avons dû brader sa ceinture (mahasma) d’or, l’un de ses précieux objets de sa dot de mariage.

Le centre anti-cancer, bloqué par la bureaucratie

Lancé en 2006, le centre anti-cancer (CAC) n’est toujours pas fonctionnel - le décret de création de l’établissement a pourtant été publié. «Je ne peux décrire les moments passés avec des malades et leurs parents face au drame et à la frustration de ne pouvoir rien faire pour qu’ils soient pris en charge dans un véritable protocole thérapeutique, témoigne le professeur Mokhtar Hamdi Cherif, chef de service d’épidémiologie au CHU de Sétif et président de l’association Ennour (aide aux malades atteints du cancer et de lutte contre le tabac). Je défie quiconque d’obtenir un rendez-vous de radiothérapie dans les huit mois !

Des milliers de patients sont en attente sur des listes et voient leur espérance de vie se rétrécir. On attend toujours l’arrivée de ces accélérateurs et leur installation, et cela peut durer des mois et des mois. Pendant ce temps, les malades souffrent et meurent. Ce qui est encore frustrant dans notre pays, c’est que l’Etat est convaincu de l’importance du problème et met de l’argent que des procédures administratives et centralisées bloquent.» Le Dr Lehtihet, directeur de la santé et la population, qui a profité de la dernière visite du Professeur Ziari, ministre de la Santé, ajoute : «Le CAC est achevé à 95%.Les bunkers de radiothérapie ont été réalisés selon les recommandations des experts. Mais le problème administratif des équipements bloque sa mise en exploitation.»

Kamel Beniaiche

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