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El Watan | Algérie | 19/11/2006
Quel est l’état de la médecine esthétique (ME) en Algérie ?
La ME en Algérie est à sa phase de structuration. Autrement dit, tout est à faire. Que ce soit son enseignement pour la formation des médecins ou sa réglementation. La Société algérienne de médecine esthétique (SAME) œuvre modestement dans ce sens. Son expérience acquise depuis plusieurs années sur le terrain de l’esthétique pourrait servir aux différents acteurs impliqués : ministère de la Santé, ministère de l’Enseignement supérieur, Conseil de l’ordre des médecins, Syndicat des médecins…
Quelle est la demande en soins esthétiques en Algérie ? De quelles catégories de personnes émanent ces demandes ?
Il existe un engouement certain pour ce type de médecine. La demande sera de plus en plus forte dans les années à venir. Cela est encouragé par plusieurs facteurs : démocratisation des actes d’esthétique (prix accessibles), inondation du marché, de façon renouvelée, de produits et de matériels utilisés en esthétique (malheureusement pas tous disponibles en Algérie), le tout majoré par un battage médiatique (émissions TV, presse…). Par conséquent, seule une formation de qualité, contrôlée et validée, pourra garantir la bonne pratique de cette médecine. La demande émane le plus fréquemment de la gent féminine. Toutes les catégories socio-économiques et culturelles sont demandeuses de ce type de soins.
De nouvelles techniques en matière de médecine et de chirurgie esthétiques ont été introduites ces dernières années. Quel est leur impact ?
Dans le domaine de l’esthétique, les choses évoluent très rapidement, trop rapidement même. En chirurgie esthétique, cela consiste surtout en une amélioration et en un affinement des techniques déjà utilisées (lifting, lipoaspiration, pose d’implants). De même des progrès notables sont obtenus dans les méthodes d’anesthésie-réanimation. La médecine esthétique utilise des méthodes plus soft : pas d’anesthésie ou anesthésie locale, pas d’hospitalisation, pas de bistouri, pas d’éviction sociale. Elle connaît un développement beaucoup plus rapide avec comme impact une demande de plus en plus importante, une meilleure maîtrise et un plus grand choix des techniques de rajeunissement : peeling, produits de comblement des rides, toxine botulique, photothérapie (laser, IPL), microdermabrasion, mésothérapie, endermologie…
Quelles sont les voies de recours pour les patients en cas de problèmes ?
La pose de la bonne indication, la maîtrise de la technique utilisée, le respect de la procédure en usage en esthétique : consentement éclairé du patient, respect du délai de réflexion, établissement du devis, disponibilité du médecin en post-acte, fera que la quasi-totalité des gestes seront une réussite. En cas d’insatisfaction, le patient peut solliciter le recours amiable. En général, le litige trouve sa solution de cette manière. Dans d’exceptionnels cas d’échec, l’ultime recours sera d’ordre juridique. Les « insatisfactions » à la différence de « la faute » n’ont que très peu de chances d’être indemnisées notamment du fait de l’absence d’obligation de résultat. D’où la plus grande vigilance dans le choix du praticien et la qualité de l’information délivrée.
Qu’en est-il de la formation en Algérie ?
Des formations qualifiantes sont entreprises soit à titre individuel (formation à l’étranger), soit dans le cadre de sociétés savantes telles que la SAME (organisation de congrès, séminaires, ateliers pratiques, cours). Quant aux formations diplômantes, l’enseignement de la médecine esthétique n’est, malheureusement, pas encore dispensé par l’université algérienne. Des contacts sont en cours avec des organismes formateurs afin de préparer la prise en charge de cet enseignement avec l’aide d’universitaires algériens.
Le congrès que vous organisez est l’un des espaces offerts aux
médecins algériens pour justement assurer cette formation...
C’est une alternative et un palliatif dans la formation des médecins
algériens en esthétique. Dans ce cadre, la Société
algérienne de médecine esthétique qui est membre de l’Union
internationale de médecine esthétique, organise son 4e Congrès
international de médecine et de chirurgie esthétique les 22 et
23 novembre 2006, à l’hôtel El Aurassi.
Des conférenciers – invités de renom – de Belgique, d’Espagne, de France, du Maroc et de Tunisie ainsi que des nationaux animeront des conférences (DHEA, obésité, cicatrices, dysfonction érectile, lasers thèmes en rapport avec la mésothérapie, la médecine et la chirurgie esthétique) ainsi que des ateliers pratiques interactifs (peeling, mésothérapie esthétique, techniques de comblement des rides, photorajeunissement laser &IPL, sclérose des varices, toxine botulique, chirurgie sur pieds de veau). Par ailleurs, un cours sur la phlébologie esthétique est programmé pour le 21 novembre 2006, à l’Institut national de santé publique (El Biar). Il sera animé par 2 experts reconnus dans le domaine et traiteront des dernières acquisitions en clinique, écho-doppler, physiopathologie, traitement (médical, chirurgical, laser).
Qui peut pratiquer la médecine esthétique ?
La médecine esthétique ne peut et ne doit être pratiquée que par des médecins qui ont une compétence en esthétique. Ces médecins peuvent provenir de spécialités différentes : essentiellement des dermatologues, des chirurgiens en maxillo-facial, ORL, ophtalmo ou toute autre spécialité y compris des omnipraticiens à condition d’avoir reçu une formation spécifique de qualité, contrôlée et validée. Cela bien sûr afin d’éviter les graves dérives signalées.
Cette situation interpelle l’ensemble des acteurs impliqués : ministère de l’Enseignement supérieur, ministère de la Santé, conseil de l’Ordre des médecins, Sociétés savantes de médecine esthétique, Syndicat des médecins… à s’asseoir autour d’une même table pour réglementer l’exercice de cette nouvelle discipline dans notre pays. Pour information, en France, l’exercice de la chirurgie esthétique est officiellement réglementé et son statut bien défini. Concernant la médecine esthétique, dans l’attente de sa reconnaissance officielle, elle est bien balisée (Société française de médecine esthétique, Collège national de médecine esthétique, Syndicat national des médecins esthétiques, diplômes interuniversitaires…)
Djamila Kourta
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